« Moi d’abord » : l’arrogance ordinaire des usagers de la route
Le nouvel opus de la Fondation Vinci sur le partage de la route, publié ce jour, ne laisse guère de doute : sur la route c’est chacun pour soi. De quoi créer quelques frictions entre usagers.

On apprend en regardant. Il suffit pour s’en persuader d’observer. Et quoi de mieux qu’une scène de rue pour décortiquer toute la subtilité de la comédie humaine. Bonne ou mauvaise.
Il suffit de quelques pas sur un trottoir, de quelques mètres sur une chaussée ou simplement de lire l’étude de la Fondation Vinci sur le partage de la route publié ce jour, pour se faire une idée. Entre usagers, le « moi d’abord » règne en maître.

Tout le monde fait le trottoir
Un égoïsme banal, mais redoutablement efficace pour transformer chaque déplacement en exercice périlleux. Le Code de la route n’est plus un cadre. Feux, panneaux, indications au sol, transformés au gré de l’usager en décor optionnel, que l’on contourne sans scrupule dès qu’il gêne sa trajectoire. Et chacun se persuade d’être l’exception légitime.
Le trottoir, jadis sanctuaire des piétons, en est devenu le théâtre le plus criant. 60 % des cyclistes et un tiers des deux-roues motorisés y circulent, y stationnent, s’y imposent. Résultat : 79 % des marcheurs ont déjà été frôlés par un vélo ou une trottinette, jusqu’à 93 % à Lyon. Une banalisation saisissante.
En voiture j’oublie tout
Les conducteurs ne sont pas en reste. Le clignotant semble avoir rejoint la catégorie des options oubliées : 58 % des automobilistes avouent ne jamais l’utiliser. Ni pour doubler, ni pour tourner et encore moins pour changer de voie. Les feux non plus ne retiennent plus grand monde : 67 % des automobilistes passent à l’orange ou au rouge. Pendant ce temps, les piétons traversent au rouge dans 70 % des cas, et hors passage protégé dans 76 % des situations, preuve que la transgression est devenue un sport national partagé, sans distinction de mode de transport.
Des vélos en roues libres
Les cyclistes, incarnation de la mobilité vertueuse, n’échappent pas à la règle : 40 % passent au feu rouge, 57 % dans les grandes villes. Un comble lorsqu’on sait que ce sont eux les premiers à dénoncer l’agressivité des automobilistes. Quant au port du casque, il plafonne à 44 %, tandis que 23 % roulent de nuit sans éclairage : la prise de risque n’est plus l’exception mais le mode opératoire.
Partout, le même réflexe domine : l’espace public est à celui qui le prend. 22 % des automobilistes se garent en double file, 10 % empruntent les voies de bus, 8 % occupent les places handicapées. Les pistes cyclables, deviennent des parkings, voire des voies ouvertes. 10 % des automobilistes les utilisent pour stationner et 39 % des deux-roues motorisés y circulent.
Allô j’écoute ! Je suis en train de circuler
Au milieu de ce chaos, le smartphone joue le rôle d’accélérateur universel de particules d'égoïsme : 75 % des automobilistes, 57 % des piétons, 34 % des conducteurs de deux-roues et 27 % des cyclistes l’utilisent en situation de déplacement. Chacun, absorbé, persuadé que rien ne peut arriver.
Le résultat est sans surprise : un climat de tension. 95 % des usagers redoutent les comportements à risque des autres. La France est l’un des pays où les cyclistes se sentent le moins en sécurité : 57 %, contre 93 % aux Pays-Bas. Le danger n’est pas dans la voirie, mais dans la somme de nos infractions, petites et grandes.
Ce tableau n’est pas seulement celui d’usagers de la route. C’est également le portrait d’une société qui se déplace à l’évidence, de moins en moins en harmonie.














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