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Toyota : une succession pour éviter la sortie de route ?

Dans Economie / Politique / Industrie

Michel Holtz

Alors que le groupe conforte sa place de premier constructeur mondial, son patron, le petit-fils du fondateur, annonce son départ. Pourtant, on ne change pas une équipe qui gagne. Et si Akio Toyoda avait accumulé quelques erreurs stratégiques qui, si elles ne pèsent pas sur les comptes aujourd'hui, risquent de les grever demain ?

Akio Toyoda, au volant, aux côtés de son successeur, Koji Sato.
Akio Toyoda, au volant, aux côtés de son successeur, Koji Sato.

Akio Toyoda quitte son poste de PDG de Toyota, et sa décision est étrange. C’est que, lorsque l’on dirige le premier constructeur mondial et, qu’en plus, on creuse encore un peu plus l’écart avec le deuxième, en l’occurrence Volkswagen, il est assez rare que l’on abandonne le navire. Sauf, évidemment, en cas de souci de santé, ce qui, visiblement n’est pas le cas du fringant sexagénaire et petit-fils du fondateur du groupe. La preuve ? Il a annoncé sa décision à son successeur, Koji Sato, sur les bords d’un circuit, ou il participait, en tant que pilote à une course d’endurance il y a un mois.

 

Pourquoi dans ce cas lâcher le volant d’un bolide gagnant ? Peut-être tout simplement parce que le Conseil d’administration de la maison oscille entre deux attitudes : la reconnaissance et l’inquiétude. La reconnaissance ? Celle que le board peut nourrir pour le boss qui a développé, et tenu, le vénérable constructeur depuis 13 ans en haut de l’affiche. L’inquiétude ? Celle du futur pour lequel Akio Toyoda n’est peut-être pas le personnage adéquat. D’où le conseil du Conseil à son PDG consistant à lui demander gentiment de prendre le large, en lâchant son poste de patron exécutif, mais en conservant celui, plutôt honorifique, de président du conseil de surveillance.

Un logiciel du XXe siècle

Mais de quoi l’héritier Toyoda est-il coupable au juste ? Sans doute de quelques retards à l’allumage, de quelques errements stratégiques, et certainement de ne pas avoir su passer d’un modèle industriel en perte de vitesse à un autre, plus en phase avec le futur de l’automobile. En somme, d’avoir conservé un logiciel de pensée du XXe siècle. Il a pris la tête du groupe en 2009, soit plus de dix ans après le coup de génie de la Prius 1 : la première auto hybride de série au monde qui a connu le succès et la descendance que l’on sait, avec 22 millions d'exemplaires au compteur à ce jour. Toyoda a surfé sur ce modèle en équipant de ce système la quasi-intégralité des autos de sa marque généraliste, sauf exceptions, mais aussi celles de sa filiale premium Lexus.

L'arrivée de la Prius en 1997 marque le début d'un énorme carton.
L'arrivée de la Prius en 1997 marque le début d'un énorme carton.

Le succès a été au rendez-vous de cette généralisation de l’hybride, sauf que le premier constructeur mondial s’est quelque peu endormi sur ses galons électro thermiques et lorsque la planète auto dans son entier a basculé vers l’électrique, en 2015, après le dieselgate, Toyota est resté droit dans son kimono. L’électrique à batteries ? Non merci. Le Japonais mise sur l’hydrogène, avec la Mirai, dès 2014. C’est dire si la marque pense au futur, puisque Mirai, dans la langue de l’archipel, signifie « futur », justement.  

 

Pourtant, la plupart des spécialistes le reconnaissent : l’hydrogène, étant donné les difficultés d’approvisionnement, servira surtout, lorsqu’il sera réellement opérationnel, aux professionnels de la route, qu’ils conduisent des poids lourds ou des taxis. Mais Toyota n’en démord pas et, en 2020, présente la deuxième génération de la Mirai. Les batteries ? On y pense, de temps en temps, quand on a le temps. Du coup, Toyota a été le dernier des grands groupes automobiles à dévoiler une auto à batteries : le SUV BZ4X au nom aussi accrocheur qu’une référence de magasinier. Il a débarqué en 2022, après des aléas industriels qui ont retardé l’affaire. Et avec un lancement plombé par une polémique quant à son autonomie.

Le BZ4X : une arrivée tardive, des retards à l'allumage et une polémique malvenue.
Le BZ4X : une arrivée tardive, des retards à l'allumage et une polémique malvenue.

Les erreurs stratégiques, ne touchent pas seulement les autos zéro émissions, mais aussi l’hybride rechargeable. Au moment même ou Toyota lance la cinquième version de sa Prius, la marque décide de n’importer en Europe que la version PHEV, au détriment de l’hybride simple. Un choix curieux, et même contre nature. Car sur le vieux continent en général, et la France en particulier, les hybrides rechargeables sont en perte de vitesse. Leur prix excessif et leur surconsommation en mode thermique lié au surpoids et un mauvais usage a fait baisser leurs ventes de 10% l’an passé. À l’inverse, les ventes d’hybrides simples ont augmenté de 30 %.

Gouverner, c'est prévoir

Ces très curieux choix, en matière d’hydrogène comme d’hybridation ou d’électriques à batterie ne sont peut-être pas directement imputables à Akio Toyoda, mais il en porte la responsabilité. Et lorsque le petit-fils du fondateur affirme, au mois de décembre que l’électrique n’est pas la solution à tout, et qu’il quitte ses fonctions un mois plus tard, on ne peut y voir qu’une relation de cause à effet, une goutte d'eau qui a pu faire déborder le vase du mécontentement. Évidemment, Carlos Tavares est tout aussi inquiet du tout électrique, il le dit et le répète. Ce qui n’empêche pas le patron de Stellantis d’électrifier l’ensemble de ses marques à tour de bras.

 

Toyota n’en est pas là, loin de là. Et cette accumulation de retards a peut-être contribué à la mise à l’écart de son désormais ex-patron. De leur côté, les membres du Conseil d’administration sont ravis d’être en tête du championnat du monde des voitures de série, mais le seront-ils encore dans dix ans ? Akio Toyoda a peut-être sauté un chapitre dans la lecture du guide de la bonne direction d’entreprise : celui qui explique que gouverner, c’est prévoir. Un ratage qui lui a peut-être coûté son poste.

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