Pendant des décennies, la lutte dans les rallyes s'est résumée à une rivalité entre les défenseurs du "tout à l'arrière" et les partisans de la traction-avant. Un combat sans vrai vainqueur finalement où chacun prenait l'ascendant sur l'autre selon les conditions climatiques ou le type de revêtement. Avec son Coupé Quattro, Audi mit soudain tout le monde d'accord en imposant la traction intégrale.

L'aventure débuta un peu par hasard dans un lieu sans nom et sans lumière situé bien au-delà du Cercle Polaire. Voilà près de quinze heures qu'il neige sans discontinuer et l'équipe de pilotes essayeurs d'Audi chargés de faire subir des tests "grand froid" aux nouvelles productions "maison" n'en espéraient pas tant. En dépit de tous leurs efforts, les grosses berlines ont fini par s'engluer définitivement dans les congères. C'est alors que le VW Iltis d'assistance entre en scène et devient le héros de l'expédition. Haut sur pattes et pas vraiment gracieux, le petit 4x4 conçu pour l'armée allemande, sort les pilotes de leur enlisement et ouvre la voie du salut. Le récit de ces "galères arctiques" va apporter de l'eau au moulin de Ferdinand Piech, alors directeur général du développement technique d'Audi et fervent partisan de la transmission intégrale.

Le petit-fils de Ferdinand Porsche veut redonner à Audi le lustre de sa grandeur passée et rêve de bousculer Mercedes et BMW sur le marché du haut de gamme. Ingénieur surdoué et entrepreneur aussi ambitieux qu'audacieux, il entend emprunter de nouvelles voies innovantes et originales telles que la suralimentation ou pourquoi pas une transmission intégrale sur une voiture classique. Le système conjugué à de hautes performances pourrait ainsi donner naissance à un engin possédant des qualités routières inédites. Après trente mois d'études, le Coupé Quattro est dévoilé au salon de Genève 1980. Construit sur la base de l'imposante berline 200, sa silhouette anguleuse et pataude ne témoigne d'aucun soin particulier en matière d'esthétique. Sous cette robe presque austère, la Quattro dissimule néanmoins une technologie d'avant-garde : un moteur 5 cylindres suralimenté développant 200 ch et bien sûr une transmission intégrale permanente. Un système très sophistiqué répartissant 50 % de la puissance aux roues avant et 50 % aux roues arrière, peu encombrant et n'entraînant qu'un faible surcroît de poids. Unanimement saluée par les observateurs spécialisés, la Quattro reste méconnue du grand public. Piech qui a pu mesurer les immenses retombées de la compétition lors de son passage à la tête du service courses de Porsche,décide de lancer sa nouveauté à l'assaut des rallyes. Homologuée en Groupe 4 (Grand Tourisme Spécial) le 1er janvier 1981, l'Audi Quattro ne va pas tarder à faire parler la poudre...

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