En Bref

100% électrique

700 ch 4 roues motrices

480 km d'autonomie

106 240 €

La Tesla Model S n'a vu le jour qu'en 2012 mais dans le court laps de temps qui nous sépare de sa naissance, elle a déjà passablement évolué et les modèles commercialisés aujourd'hui ne sont plus ceux du lancement. La politique du patron Elon Musk est cohérente avec le statut de voiture connectée de la Model S, ses autos peuvent être mises à jour régulièrement et profiter des avancées validées par les armées d'ingénieurs informatiques qui travaillent sur le sujet en Californie. La Model S évolue donc au gré des innovations et la dernière en date fut l'introduction de la transmission intégrale (D) ainsi qu'une amélioration de la puissance délivrée grâce à un upgrade du software. Désormais l'offre France est constituée d'une 70D en entrée de gamme (batterie de 70 kWh) offrant 334 ch et plus de 440 km d'autonomie, d'une 85 propulsion de 367 ch ou d'une 85D offrant 428 ch avec plus de 500 km d'autonomie pour les deux et enfin du haut de gamme P85D (P pour Performance) de 700 ch et 480 km d'autonomie. C'est la plus puissante et la plus rapide de toutes les Model S et c'est elle que nous avons eu entre les mains pour jauger de la compatibilité entre un engin futuriste et un essayeur old school penchant réac' qui aime beaucoup les autos qui fument et qui font du bruit.


Essai vidéo - Tesla Model S : l'électrique qui pique

Essai vidéo - Tesla Model S : l'électrique qui pique

 


Le problème de Tesla est que les premiers clients de Model S sont pour beaucoup des prosélytes un peu obtus qui ne savent pas transmettre leur enthousiasme. Faute de nuance et de recul, les discussions finissent souvent en opposition idéologique frontale avec d'un côté les « car guys » qui ne supportent pas le statut de sauveur de la planète que certains veulent donner à une auto qui fonctionne à l'électricité, une énergie qui, en France (nous ne sommes pas en Norvège où l'électricité consommée est à plus de 60% hydroélectrique), pérennise encore un peu plus l'utilisation des centrales nucléaires qui, certes, nous permettent d'avoir notre indépendance énergétique mais que l'on ne peut décemment pas qualifier d'écologiques. De l'autre côté, nous avons affaire à des personnes convaincues d'agir pour le bien de l'humanité et qui acceptent difficilement que leur vision ne soit pas partagée. Bref, chacun y va de ses arguments et de sa mauvaise foi ou de son désir de ne pas voir les avantages du côté adverse et on n'avance pas. Pour moi, la question sera simple : la Model S P85D est-elle une bonne voiture ?


Essai vidéo - Tesla Model S : l'électrique qui pique

Spacieuse, très spacieuse, très très spacieuse


Essai vidéo - Tesla Model S : l'électrique qui pique

Et pour le découvrir, un coup d'œil à la fiche technique et au châssis aluminium nous en apprend beaucoup. La Model S est une berline de 4,97m de long et près de 2m de large, soit l'équivalent d'une Porsche Panamera. Elle dispose de 5 larges places aucunement entravées par un quelconque tunnel de transmission qui n'a pas lieu d'être ici puisque les moteurs électriques sont situés à l'avant et à l'arrière au niveau des essieux et que seul le software de la gestion électronique assure le lien entre les deux et donc la transmission (intégrale) de la puissance aux roues. En option, la Model S dispose de deux sièges dos à la route dans le coffre (une option conçue pour caser les 5 enfants d'Elon Musk) et devient donc une 7 places ! L'absence d'un gros bloc thermique dégage une place phénoménale et la Model S offre ainsi un immense volume de chargement de 750l à l'arrière auxquels on peut ajouter 150l qui se trouvent sous le capot avant (en version propulsion, un peu moins sur la 4RM) ! Et si vraiment vous comptez déménager sans louer de camion, c'est envisageable puisque la banquette arrière se rabat en mode 60/40 et fait passer la capacité à près de 1800 litres !


L'envie de faire bien

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Le châssis nu de la Model S suffit à me convaincre que les concepteurs des cette auto étaient tout sauf ce que l'on se représente d'un geek de la Silicon Valley dont l'activité consisterait à noircir des pages de code sans voir la lumière du jour durant des semaines et passerait son temps libre, pad en mains, devant des simulations sur console. Quand Subaru s'échine à concevoir des moteurs à plat et une cinématique de transmission la plus proche du sol pour donner à ces modèles un centre de gravité bas, Tesla y parvient sans forcer ! Les moteurs électriques pas plus grand qu'un tambour de machine à laver placés sur les essieux et les 540 kg de batteries logés entre les longerons garantissent que le centre de gravité restera très bas, incroyablement bas, pour une berline de ce calibre dans lequel un gaillard de 2m peut prendre place sans souci. La qualité de réalisation des trains roulants démontre également chez Tesla une envie de bien faire plutôt qu'une envie de faire … des économies, ce que confirme le score de 5 étoiles (avec une note record) et les louanges recueillis chez Euro NCAP.

La poignée de porte en zinc poli sort de son logement lorsqu'on approche et démontre par la même que l'aérodynamique a été au centre des préoccupations. Le Cx de 0,24 confirme tout cela et vous évitera d'aller constater que le plancher est quasiment plat ou encore qu'une calandre fermée est bénéfique à la pénétration dans l'air. Dans l'habitacle, dans un premier temps, la qualité de finition et le dessin non parasité par les boutons surprend agréablement et puis un examen plus approfondi laisse apparaître quelques détails moins valorisants qui nous rappellent que les standards US en la matière ne sont pas au niveau des Allemandes naviguant dans les mêmes sphères d'exclusivité. Plus surprenant, hormis une boîte à gants mini format et un bac central fourre-tout, la Model S n'offre pas de rangements et pas de bacs de portière. Étrange.

Interface 2.0

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Mais tout cela est dans un premier temps occulté par l'immense tablette centrale de plus de 17'' qui aimante les attentions et regroupe surtout toutes les commandes de l'auto. Bienvenue dans une autre ère, vos gamins vont adorer … et vous aussi (et peut-être même vos parents) ! Évidemment, autant d'électronique et d'informatique va vous inquiéter tout de suite en vous rappelant les bugs et écrans bleus qui rythment votre vie informatique le reste du temps mais dites-vous aussi que la Model S est connectée en permanence au réseau internet et donc à Tesla. Et comme la marque n'est pas disposée à vous abandonner seul devant votre écran figé, si bug il devait arriver, il sera résolu très rapidement. Au pire, un reset marche aussi très bien. Mais ne nous focalisons sur des pannes hypothétiques et mettons l'accent sur ce qu'apporte cette nouvelle interface. Il y a d'abord la disparition des boutons qui bénéficie au style et à l'espace, il y a aussi les traces de doigts sur l'écran qui manquent de raffinement mais c'est surtout extrêmement ludique et intuitif de jouer avec les menus, de manipuler le GPS, d'entrer dans les réglages, d'ouvrir le toit vitré en faisant glisser son doigt sur le dessin de celui-ci, de chercher des radios internet diffusant des musiques absolument inconnues, de naviguer sur la Toile, bref, de tout faire sauf conduire. C'est tellement prenant que lorsque vous rapportez cela au désintérêt complet que revêt de nos jours la conduite sur des routes en évidente sous-limite de vitesse et sur-radarisées, vous avez tendance à vous laisser distraire alors que vous êtes au volant. On entrevoit là ce que pourra apporter la conduite autonome.

En tous les cas, être distrait n'est pas l'attitude la plus adéquate au volant de la P85D car il vaut mieux bien tenir le volant et regarder la route, surtout s'il vous vient à l'idée de presser la pédale de droite !