Le président tchèque Vaclav Klaus, 66 ans, s'est lancé dans une croisade personnelle contre les "environnementalistes" qui alimentent d'après lui "l'hystérie du réchauffement climatique avec une idéologie aussi dangereuse pour la liberté que celle des communistes." Cet économiste de formation critique depuis longtemps des thèses écologiques et les Verts. Dans son dernier livre "Une planète bleue, pas verte", il se montre comme un anti-environnementalisme. Le mois dernier, la présentation officielle de son livre avait été accompagnée d'une manifestation du mouvement Greenpeace sur le thème "Une planète plate, pas ronde".

Au printemps, ce libéral a été invité à présenter ses thèses devant le Congrès américain, en contrepoint de l'ancien vice-président Al Gore qui est lui-même devenu la figure de l'alarmisme écologique avec son film "Une vérité qui dérange". Vaclav Klaus sillonne le pays pour des séances de dédicaces, multiplie les conférences de presse, intervient à la télévision et publie régulièrement des tribunes dans la presse locale ou étrangère. Il s'est même offert des panneaux publicitaires au centre de Prague. Après le récent accord signé par les chefs d'Etat du G8 sur la réduction des émissions polluantes, il avait écrit au quotidien tchèque "Dnes" pour demander de quel droit des dirigeants politiques prétendaient interférer dans la vie de milliards de personnes jusqu'en 2050, un demi siècle après l'expiration de leur mandat.

La semaine dernière, le président tchèque est descendu des hauteurs du Château de Prague pour intervenir personnellement dans la salle de cinéma vétuste du Blanik, au centre-ville : il s'agissait de présenter un documentaire qui se veut l'antidote du film d'Al Gore, "la Grande Escroquerie du Réchauffement Climatique" (The Great Global Warming Swindle) de Martin Durkin. Il a affirmé devant la salle : "Ici, il y a des amis de la raison contre ceux de la bêtise. Les changements climatiques ont toujours existé et continueront à exister, indépendamment de l'homme. Et l'action des "environnementalistes" qui aspirent à modifier le conditionnement social de l'homme représente une grave atteinte à la liberté."

Les Verts tchèques se sont déjà inquiétés de voir le chef de l'Etat "ridiculiser" son pays par ses interventions. Le chef des Verts, Martin Bursik, a indiqué : "Son objectif est d'attirer l'attention sur lui, de la manière la plus provocatrice possible en prenant le contrepied de 2000 climatologues (...) et de la majorité écrasante des dirigeants politiques." Pour le mouvement écologiste Duha (Arc-en-ciel), la position du chef de l'Etat est "idéologique" et non scientifique. Vojtech Kotecky, le responsable de Duha, explique : "Sur le principe, il est sympathique que Monsieur le Président veuille ouvrir le débat mais il a choisi une source plutôt malheureuse avec le film de Martin Durkin, lui-même critiqué par ses certains de ses intervenants." Les climatologues tchèques interrogé sur les thèses présidentielles préfèrent ne pas se prononcer sur le fonds, faisant valoir que, quoi qu'il en soit, le débat sur le réchauffement climatique est utile.

Source : AFP