Depuis quelques mois, le candidat UMP à la présidentielle Nicolas Sarkozy donne son opinion sur l'environnement et mentionne les mesures écolos de son programme qui sont rapportées dans divers médias. Ses mesures phares : l'instauration d'une responsabilité "illimitée" des entreprises pour les dégâts causés à l'environnement par leurs filiales, la création d'une "organisation mondiale de l'environnement", déjà défendue par Jacques Chirac, doubler la fiscalité écologique et créer une redevance pour l'utilisation du réseau routier, une taxe sur le carbone importé et un crédit d'impôt environnement. Je vous ai concocté une revue de presse qui vous retrace ses discours principaux à ce sujet et je vous transmets ensuite le programme écolo de l'UMP pour les législatives 2007 (10-17 juin 2007).

Discours de Nicolas Sarkozy lors d'une réunion publique à Bordeaux

Lors de cette réunion publique à Bordeaux en mars, Sarkozy a mis en avant la "politique de la vie" qu'il promet de mener s'il est élu président, en particulier dans le domaine de l'environnement. Signataire du Pacte écologique de Nicolas Hulot, il a déclaré : "On ne sauvera pas l'humanité en faisant de l'écologie une idéologie totalitaire qui se donnerait pour objectif de libérer l'homme de la civilisation pour le renvoyer à l'état sauvage. Je refuse que l'on somme l'homme de choisir entre la croissance et le respect de l'environnement. Je veux le progrès économique dans le respect de la planète, et c'est possible ! Je veux l'emploi pour tous par le développement durable. Je mets en garde contre la tentation de passer d'un excès à l'autre. Hier, l'homme avançait sans réfléchir causant des dégâts à jamais irréparables. Aujourd'hui, le même homme n'ose plus bouger, lesté par les remords, la culpabilité et le principe de précaution. Hier, on faisait trop. Aujourd'hui, on a la tentation de ne plus rien faire." Retrouvez l'intégralité de son discours sur le site Internet suivant : http://www.u-m-p.org.

Dans le journal Sud-Ouest, Nicolas a déclaré : " La planète danse sur un volcan. Ce n'est pas demain qu'il faut agir, c'est tout de suite. Lorsque vous habitez dans un endroit non desservi par les transports en commun, à quoi cela mène-t-il de vous interdire de prendre la voiture ? Je préfère une politique qui incite. Première proposition : faire bénéficier tous les produits propres, à commencer par les voitures, d'une TVA minorée à 5,5 %. Même traitement de faveur pour les constructions économes en énergie. Deuxième proposition : taxer plus le pollueur et moins le travailleur. Exemple : appliquer une taxe sur les camions étrangers qui traversent la France. Pour rétablir une concurrence équitable, je propose que l'on taxe les produits importés de pays qui ne respectent aucune règle environnementale."

Lors du 4e Forum mondial du développement durable, voici le discours de Sarkozy :

"Mesdames et Messieurs,

Monsieur le Président, Cher Emile MALET, c'est la deuxième année que vous m'invitez pour ouvrir le Forum Mondial du Développement durable et j'en suis heureux. Heureux car le développement durable est au cœur débat politique. Heureux car l'enjeu de la mobilité est déterminant et il faut bien se garder de le laisser aux idéologies. Lorsque, avec nos amis de l'UMP, nous avions organisé une convention pour débattre de l'écologie et du développement durable en octobre 2005, nous étions bien seuls parmi les partis politiques. Chacun en mesurait l'importance mais rares étaient ceux qui en mesuraient l'urgence.

Plusieurs interpellations ont été nécessaires : le film de AL GORE que nous avons diffusé en avant première devant les jeunes de l'UMP en septembre ; l'engagement de Nicolas HULOT et notamment le Pacte écologique ; le récent rapport STERN en Grande Bretagne, un rapport particulièrement remarqué puisque son auteur n'est autre que l'ancien économiste en chef de la Banque Mondiale. Nous avions besoin de ces avis d'experts reconnus, d'experts exempts de parti pris idéologique, pour faire émerger l'écologie dans le débat. Aujourd'hui la classe politique, mais aussi les médias et la population se sont saisis de la question. C'était indispensable car aucune politique n'est possible sans débat préalable, sans prise de conscience de la gravité des enjeux.

Premier enjeu: le réchauffement climatique. Si rien n'est fait, 50 millions de réfugiés climatiques viendront s'ajouter aux 200 millions de migrants à travers le monde. La grande majorité sera issue des régions d'Afrique devenues invivables. C'est une mobilité subie qui, à l'évidence, fera voler en éclat toute tentative de maitriser notre immigration et toute tentative de paix durable. Deuxième enjeu lié au premier : l'épuisement des réserves de pétrole. La majorité des experts concluent que le pic de production se situera vers 2030. Chacun peut imaginer les conséquences : la hausse des prix, les tensions géopolitiques, les tentations de relancer l'économie du charbon qui est une énergie extrêmement polluante. Ces enjeux sont des menaces s'ils se traduisent par l'idéologie de la décroissance et de l'immobilisme. Ils sont une opportunité s'ils accélèrent la naissance d'une nouvelle croissance et d'une nouvelle mobilité. Le libéralisme, le capitalisme et la liberté des capitaux n'ont pas toujours été un progrès pour l'homme. L'enjeu du développement durable est bien de réintroduire un peu d'humanité et de prospective dans le débat. Nous n'avons d'ailleurs pas d'autre alternative car le réchauffement climatique et l'épuisement des réserves de pétrole ne sont pas des hypothèses. Ce sont des réalités. D'abord au niveau international. La création d'une organisation mondiale de l'environnement et d'un droit mondial de l'environnement s'imposent pour équilibrer les positions de l'OMC. La mobilité des capitaux et le commerce international ne fondent pas une politique internationale. Et même si le protocole de Kyoto n'est pas à la hauteur des enjeux, les Etats-Unis ont eu tort de ne pas le soutenir. C'était un message d'irresponsabilité délivré aux pays émergents. Ensuite au niveau européen. Je suis convaincu que l'Europe, qui est trop souvent présentée comme l'excuse à nos propres défaillances, peut être un nouvel espoir si elle se saisit de cet enjeu. L'identité européenne peut être écologique. Elle est aujourd'hui pionnière dans ce domaine. Elle doit le rester et renforcer sa position. L'Europe a créé un système de quotas d'émissions de gaz à effet de serre. Elle doit exiger des pays importateurs, qui ne respectent pas le protocole de Kyoto, qu'ils acquittent une taxe. Les émissions de gaz à effet de serre sont un problème mondial. Il n'est pas juste que les contraintes pèsent uniquement sur nos entreprises. Et nous avons besoin de l'Europe pour créer le programme Airbus de demain : l'Europe de la recherche de nouvelles énergies. Enfin, en France. Il est temps de profondément réformer notre société et de réaffirmer les valeurs qui font notre fierté : plus qu'un enjeu écologique, c'est une question d'identité. Nos valeurs sont la confiance dans l'homme, la confiance dans le progrès, la confiance dans l'avenir. La France doit être porteuse de la révolution écologique en Europe comme dans le monde ; une révolution positive qui ne se résume pas au rationnement et à l'angoisse. La France doit donner aux Français les moyens d'imaginer leur propre révolution écologique. Il est révolu le temps où quelques responsables de L'Etat dictaient l'avenir de la société. Je ne souhaite pas une politique de la contrainte qui interdise ou qui taxe à outrance. Je souhaite une politique qui récompense la vertu de l'effort et qui pénalise la facilité de la pollution. Nous devons sur cinq ans doubler le poids de la fiscalité écologique et réduire les charges pesant sur le travail. Je souhaite une politique qui incite. Nous devons créer un crédit d'impôt écologique pour les particuliers comme les entreprises pour que l'investissement écologique soit plus intéressant que l'investissement polluant. Je souhaite une politique où l'Etat ait une vision stratégique de long terme sur ses investissements structurants. C'est pourquoi nous avons proposé la création d'un grand ministère qui rassemble les directions chargées de l'environnement, de l'eau , des transports et de l'énergie. Vous devez bien mesurer que c'est une révolution dans notre paysage administratif. L'Equipement qui a relevé le défi de la desserte routière de nos campagnes, va demain relever le défi du réchauffement climatique.

Je souhaite aussi une politique plus courageuse qui reconnaisse nos erreurs passées : L'industrie chimique s'est développée sans contrôle. Elle doit aujourd'hui nous donner des garanties sur l'innocuité des produits qu'elle met sur le marché. Nous avons demandé aux agriculteurs de toujours produire plus, et donc de toujours utiliser plus de pesticides et d'engrais. Nous devons aujourd'hui les aider à s'orienter vers une agriculture de qualité, raisonnée et de plus en plus biologique. Il faut avoir le courage de reconnaître qu'investir aujourd'hui dans le « tout routier » n'est pas une garantie d'avenir pour nos villes et nos campagnes. La priorité doit être donnée aux investissements dans les transports en commun, dans le fret ferroviaire et le fer-routage ou encore dans le transport fluvial. Il faut avoir le courage de dire à nos partenaires européens que les routes françaises n'ont pas vocation à accueillir tous les poids lourds qui évitent la Suisse ou l'Allemagne. Le transport routier, quel qu'il soit, est polluant. Il n'est donc pas normal que seuls les camions Français paient une redevance. Il faut néanmoins mesurer que nous n'avons pas dans l'immédiat d'alternative aux camions pour transporter les marchandises sur de courtes distances. L'autre priorité doit donc être la production de camions peu polluants.

Certains considèrent que la révolution écologique exige de renoncer à la mobilité, de renoncer à la croissance et de renoncer à la consommation. Il est vrai que la mobilité peut être une source de menaces. Il est également vrai que renoncer à la mobilité revient à se condamner au déclin. Le dernier livre de Jared DIAMOND, "Effondrement, comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie" souligne bien qu'une société qui renonce à la mobilité et aux échanges se condamne. La clé est dans notre capacité à tenir compte des fragilités de l'environnement. Renoncer à la mobilité est dangereux et inégalitaire. L'histoire nous montre qu'il n'y a pas de croissance sans développement du transport. L'histoire nous montre qu'il n'y a pas d'avenir sans mobilité des hommes. L'immigration a toujours été un facteur de développement. Renoncer à la mobilité serait profondément inégalitaire. La réalité est simple : plus de 60 % des Français utilisent chaque jour leur voiture pour se rendre à leur travail. Pour la majorité, ce n'est pas un choix. C'est une contrainte qui s'impose à eux. Interdire ou pénaliser la voiture serait une politique profondément inégalitaire qui pénaliserait celles et ceux qui habitent en banlieue ou dans nos campagnes. Naturellement, il faut se donner les moyens d'un transport propre. Naturellement, il faut se donner les moyens d'une croissance intelligente qui recycle les produits pour moins prélever de ressources naturelles. Et Nicolas Hulot a raison de s'interroger sur l'avenir d'une société qui donne trop de valeur au matérialisme. L'espérance ne se résume pas à la possession d'un patrimoine. Cette réflexion trouve un nouveau sens grâce au développement durable.

Vous comprenez donc que l'enjeu est profondément politique au sens le plus noble du terme. La principale politique, à mes yeux, est aujourd'hui de mobiliser. Il faut donner plus de voix aux experts. Je souhaite la création d'un Conseil national d'éthique du développement durable. Il faut donner plus de voix aux jeunes. C'est leur avenir qui est en jeu. Les jeunes se sentent citoyens du monde. Ils ont envie de s'engager pour de grandes causes qui dépassent leur vie quotidienne. Ils ont raison. L'Etat doit porter et encourager le bénévolat et l'engagement civique. Il faut donner plus de voix à la population. Je souhaite que toutes les grandes politiques d'avenir soient précédées d'un débat public, un vrai débat public.

J'ai lancé une stratégie ministérielle du développement durable au Ministère de l'Intérieur et de l'aménagement du territoire. Naturellement, ce Ministère doit être exemplaire. Au-delà, je souhaite que sur le terrain il s'organise afin que l'Etat soit au contact de la population, qu'il organise des débats publics ouverts sur tous les sujets, qu'il se mette à la place des habitants et des entreprises pour répondre à leur volonté d'être "écologiques". Cette initiative peut vous surprendre. En réalité, je suis convaincu que c'est dans l'aménagement du territoire et dans notre capacité à stimuler le débat local que nous répondrons aux enjeux du développement durable. Nous l'avons testé dans les Hauts de Seine. L'engagement du Conseil général pour 5 ans a été construit après que 40 000 personnes et 2000 experts se soient exprimés sur ce qu'ils considéraient prioritaire pour le département. Certains ont eu peur de cette consultation, peur de la profusion de demandes, peur de l'irréalisme des demandes. Vous seriez étonnés de constater combien les réponses étaient marquées de bon sens et de responsabilité. Nos concitoyens ont la vertu d'être pragmatiques et éloignés des idéologies qui ont trop longtemps marqué le débat sur le développement durable. Ce n'est pas dans le fanatisme écologique que nous relèverons les défis du développement durable. C'est en faisant confiance à l'homme, à sa créativité, à sa capacité d'adaptation, à son réalisme."

Enfin, voici le projet écologique de l'UMP pour les législatives en juin 2007

"L'écologie n'est pas incompatible avec la croissance. C'est même tout le contraire. L'écologie est le moteur de la croissance de demain et la demande écologique créera des milliers d'emplois. Les pays qui seront en avance auront un avantage décisif pour proposer à leurs partenaires des produits et des technologies propres. L'écologie sera facteur de bien-être, d'une meilleure qualité de vie. Mais l'urgence et la gravité de la situation imposent d'être lucides sur la nécessité de changer nos comportements. Il faut résoudre en une génération les principaux problèmes écologiques de la France (deux générations pour ramener nos émissions de gaz à effet de serre au niveau compatible avec la préservation du climat). Avec l'introduction, en 2005, dans la Constitution d'une charte de l'environnement, la France a été le premier pays du monde à se doter d'une liste de principes fondateurs en la matière. A l'image de la Suède, parce que l'écologie est un enjeu qui doit nous mobiliser tous, et non pas nous diviser, nous engagerons un plan national, impliquant tous les Français et tous les secteurs de l'économie, destiné à résoudre en une génération maximum les principaux problèmes écologiques de la France (deux générations pour le climat). Des indicateurs annuels de suivi permettront à chacun de mesurer les progrès accomplis. Les décisions seront prises à l'issue de débats publics avec tous les intervenants concernés, citoyens, entreprises, associations, et bien sûr les collectivités territoriales qui sont un maillon déterminant.

Mettre l'écologie au cœur des décisions publiques

L'importance de la question écologique justifie la réorganisation de nos structures : création d'un conseil stratégique du développement durable et de la lutte contre le changement climatique auprès du président de la République, réunissant les principaux ministres concernés à l'image de l'actuel conseil de défense, doté d'un secrétariat général ; création du grand ministère du développement durable (écologie, protection de l'environnement, énergie, équipement, transports et prévention des risques industriels) ; création d'un comité environnemental d'éthique, doté de la même indépendance et du même prestige que le comité national d'éthique, pour éclairer les Français de manière transparente et scientifiquement incontestable sur ces sujets, un domaine où cela n'a pas toujours été le cas. Un effort important de formation sera entrepris, à l'école bien sûr, mais plus encore dans nos différentes filières de formation et d'enseignement supérieur pour que la France à la fois se dote d'un vivier de chercheurs, ingénieurs, techniciens, experts dans le domaine environnemental, et forme à l'environnement l'ensemble de ses professionnels, depuis les artisans du bâtiment jusqu'aux ingénieurs des biens de consommation, pour un vrai saut qualitatif dans la prise en compte de la question écologique.

Lutter contre le changement climatique, priorité des priorités

La lutte contre le changement climatique, et donc la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, constitue l'enjeu le plus important et le plus urgent. Pour une fois, les contraintes jouent en notre faveur puisque l'épuisement des ressources fossiles - et en attendant l'augmentation de leur prix - fait de la question énergétique une question déterminante des prochaines années, notamment pour le pouvoir d'achat des Français. Pour fixer les idées, si le monde veut revenir d'ici 2050 à un taux d'émission de gaz à effet de serre compatible avec sa survie et si les efforts sont équitablement répartis entre les différents pays en fonction du niveau où ils se trouvent actuellement, la France devra diviser par quatre ses émissions.

Conforter l'énergie nucléaire

L'énergie nucléaire nous donne un véritable avantage comparatif en la matière. Si les centrales nucléaires étaient remplacées par des centrales au gaz naturel, nos émissions de gaz à effet de serre seraient supérieures de 25%. C'est grâce à l'énergie nucléaire que la France émet par habitant 21% de gaz à effet de serre de moins que la moyenne mondiale. Nous devons donc maintenir et renouveler notre parc nucléaire. En contrepartie, nous reconnaîtrons aux citoyens le droit d'accéder à tous les documents d'information utiles relatifs aux risques nucléaires et aux méthodes utilisées en France pour les prévenir.

Isoler les bâtiments anciens

Outre les énergies renouvelables (hydroélectricité, solaire, éolienne, biomasse...), pour lesquelles nous devons acquérir une situation de leadership comparable à celle du nucléaire, des comportements individuels vertueux et l'isolation rapide de tous les bâtiments anciens permettraient de faire d'importants progrès en matière d'émissions de gaz à effet de serre dans le domaine résidentiel et tertiaire. L'énergie la plus propre est, de loin, l'énergie non consommée.

Vers des transports non polluants

Les transports fonctionnent à l'énergie fossile à 98%. C'est dire l'effort qui est devant nous. Là encore, nous devons développer les sources d'énergie substitutives, en particulier les biocarburants, qui représentent par ailleurs une source d'espoir pour notre agriculture. Nous devons investir dans la recherche pour aboutir le plus vite possible à des alternatives du type « pile à hydrogène ». Nous devons encourager les Français à moins utiliser leur voiture individuelle en développant des transports en commun rapides, confortables, sûrs, circulant sur une large amplitude horaire, en incitant au covoiturage (par la création, notamment, de files réservées et la réduction des tarifs de péage), et en encourageant l'utilisation du vélo (vélos mis gratuitement à disposition en ville, parcs à vélos gardés...).

Aujourd'hui, une partie importante du fret routier du centre de l'Europe passe par la France, concrètement nos départements du Nord et de l'Est puis nos vallées transalpines, parce que cela coûte moins cher de faire ce détour que d'emprunter le réseau routier de pays tels que l'Allemagne, la Suisse ou l'Autriche. Ce n'est pas parce ces pays sont nos amis que cette situation est acceptable. A l'image de ces pays, nous devons créer une redevance pour l'utilisation de notre réseau routier et autoroutier par les camions, qui reflétera le coût porté au réseau et surtout à l'environnement par ce mode de transport des marchandises. La taxe à l'essieu, qui en pratique n'est payée que par les transporteurs français, sera supprimée. Pour les transports longs, il faut développer le fret ferroviaire, le ferroutage, les canaux et les autoroutes de la mer. Le plus important trafic de poids lourds en France est celui qui va de la Grande-Bretagne à l'Espagne et réciproquement plutôt que d'emprunter la mer. Cela implique de prendre le temps de réfléchir aux travaux d'infrastructures les plus utiles pour l'avenir. Pour autant, dans un pays et une économie comme les nôtres, il serait faux de faire croire que le fret routier ne restera pas prépondérant, en tout cas indispensable. Nous veillerons donc à conforter les efforts de ce secteur pour améliorer son rendement énergétique, se doter de véhicules propres, développer sa complémentarité avec les autres moyens de transports longs.

Pour les produits agricoles, le choix des circuits courts, c'est-à-dire une consommation au plus près de la production des produits et non pas le transport de ceux-ci sur des milliers de kilomètres, présenterait au moins deux avantages : moins d'émissions de gaz à effet de serre au titre du transport et possibilité pour les agriculteurs de choisir les productions les plus respectueuses de l'environnement.

Se donner les moyens d'atteindre ces objectifs

Pour atteindre ces objectifs (économies d'énergie, développement des énergies renouvelables, progrès techniques...), nous utiliserons les moyens suivants :

  • transfert progressif de la fiscalité portant sur le travail vers la fiscalité sur la pollution. Le « verdissement » de la fiscalité se fera à taux de prélèvements obligatoires inchangé ;
  • création d'un crédit d'impôt environnement, allant bien au-delà des dispositifs existants, simple dans sa conception, important dans son montant, au profit des ménages, des entreprises et de tous les autres organismes qui investissent dans la recherche, dans la formation et dans des équipements permettant de réduire la consommation énergétique et de favoriser l'utilisation d'énergies renouvelables. Pour les ménages, ce crédit d'impôt, complété par des prêts à un taux zéro, visera notamment l'isolation des habitations et l'acquisition d'équipements fonctionnant aux énergies renouvelables ;
  • incitation aux comportements vertueux par une détaxation de certaines énergies (biocarburants par exemple), la création d'une pastille bleue donnant aux véhicules propres certains avantages significatifs (voies réservées, baisse des tarifs de péage, stationnement gratuit...), et une tarification de l'eau, de l'électricité et de l'enlèvement des déchets fortement favorable aux attitudes économes ;
  • effort important de recherche dans le domaine de l'écologie, aussi bien au niveau national qu'européen ;
  • politique d'achats publics systématiquement éco-responsable afin de faire participer les pouvoirs publics à l'effort environnemental, baisser les prix des produits verts, imposer un modèle de comportement vertueux.

Notre objectif est que l'adoption de comportements respectueux de l'environnement ne coûte jamais plus cher aux ménages et aux entreprises. Et ainsi, en outre, nous rendrons l'écologie accessible à tous.

La santé environnementale, un enjeu pour tous

A l'heure où la médecine va faire des progrès très importants dans le traitement du cancer et de certaines autres maladies graves, ce serait vraiment contradictoire de laisser notre santé se détériorer pour des raisons environnementales. Nous ferons un effort important de recherche et de formation en matière de santé environnementale. Nous améliorerons l'information des consommateurs et l'étiquetage des produits, en particulier en ce qui concerne les pesticides. Nous aiderons les agriculteurs à mettre en œuvre des pratiques plus respectueuses de l'environnement en ce qui concerne l'utilisation de l'eau et des pesticides et pour la prise en compte du bien-être animal. Les agriculteurs sont les premières victimes de l'excès d'utilisation de pesticides. Nous développerons l'agriculture biologique. Nous pensons que le service rendu par les OGM n'est toujours pas probant au regard des risques et des inquiétudes qu'ils soulèvent. Nous continuerons toutefois la recherche, pour ne pas devenir dépendants d'autres pays en la matière, en associant à son contrôle tous les partenaires intéressés, en particulier les associations de défense de l'environnement et les représentants des agriculteurs.

Préserver la biodiversité

L'atteinte à la biodiversité n'est pas une question nouvelle. Mais elle est d'une importance grandissante car le changement climatique menace de plus en plus d'espèces et de plus en plus rapidement. Si nous ne faisons rien, non seulement nous perdrons d'importantes ressources dont nous avons besoin, y compris des ressources que nous utilisons pour fabriquer certains médicaments, mais encore nous compromettrons l'ensemble de notre écosystème. La France agira d'autant mieux au niveau international qu'elle sera exemplaire chez elle, en créant davantage d'espaces mieux protégés et en préservant son immense réservoir de biodiversité outre-mer. Dans chaque collectivité ultra-marine, un plan de développement durable sera élaboré localement entre les différents partenaires sur la base d'un diagnostic de territoire. Et pourquoi ne pas supprimer la dette des pays pauvres dont la contribution à la biodiversité est majeure, lorsqu'ils font des efforts pour la préserver ? Le développement durable, c'est une urgence. C'est un impératif. C'est choisir maintenant une société de la modération plutôt que d'avoir à subir demain une société de la privation. Le développement durable, c'est aussi un espoir. L'espoir de nouveaux débouchés pour certains secteurs, comme l'agriculture ou le tourisme. L'espoir de nouveaux marchés pour certaines de nos entreprises, d'autant plus que nous avons des fleurons industriels et de services en la matière. L'espoir de nombreuses créations d'emplois. L'espoir enfin d'une meilleure qualité de vie. Moins de pollution, moins de bruit, moins de nuisances, moins de gaspillages, plus d'espaces verts et des paysages plus beaux. Et c'est aussi une société du respect".