Il y a parfois des déclarations qui mettent le feu aux poudres, des insinuations qui font naître le doute dans la conscience collective. Une nouvelle fois Ségolène Royal vient de jeter un pavé dans la marre en déclarant que le refus de l’aide accordé à Heuliez pourrait être dû à des pressions venant indirectement de l’Elysée.

La cessation de paiement dont pourrait être victime Heuliez à la fin du mois d’avril n’en finit pas de faire parler. Si le constructeur est arrivé à une telle situation, cela est dû en partie au refus des pouvoirs publics et notamment du Fonds stratégique d'investissement (FSI) dirigé par Gilles Michel d’accorder une aide de 10 millions d'euros à la firme basée à Cerizay. Ségolène Royal, présidente de la région Poitou Charentes qui a manifesté avec les salariés hier a déclaré à nos confères de RTL : « je veux savoir les raisons et les motivations qui ont poussé le gouvernement à dire non à l’investissement stratégique. Je vais en appeler à la responsabilité de Mme Lagarde qui n’est pas liée à des intérêts industriels et financiers car elle n’est pas partie en vacances sur le yacht de M. Bolloré., elle. « Sans commentaire.

Même sans prendre parti, on peut s’interroger sur les raisons du refus du FSI qui apparaît en contradiction avec le discours du gouvernement et ses plans de soutien à l'industrie automobile et au véhicule électrique car Heuliez est devenu depuis plusieurs années l’un des fers de lance dans la fabrication de véhicules électriques avec le Friendly, le Pelican et le Celullo que nous avions pu voir lors du dernier Mondial de Paris.

Cette situation actuelle choque profondément les syndicats à l’image d’Emile Bregeon, Délégué Syndical CFDT de chez Heuliez qui estime « si le véhicule électrique à un avenir en France, il faut sauver Heuliez. Dans le cas contraire, cela voudra dire que l’on ne souhaite pas développer les véhicules verts. Le refus du FSI est incompréhensible car le plein emploi pourrait revenir en 2010. Nous avons des flottes, des particuliers qui sont intéressés par nos modèles. Tous les constructeurs avec qui on a travaillé, nous achetaient nos véhicules à des prix très bas pour ensuite les vendre plein tarifs. Ils nous ont pressé comme des citrons et aujourd’hui il n’y a plus personne pour nous aider. »

Premier employeur industriel du département des Deux-Sèvres, avec 1 000 emplois directs et un millier d'autres indirects, l’avenir de Heuliez met en danger toute l’économie d’une région. Nicolas Sarkozy devrait évoquer aujourd’hui lors de sa visite à St Quentin dans l’Aisne mais Emile Bregeon souhaite un changement de discours : « On a été très discret jusque-là mais c’est fini aujourd’hui car on va se faire entendre. Si on écoute le gouvernement, il vaut mieux restructurer plutôt que de sauver une entreprise entière et son savoir-faire. C’est honteux d’entendre cela actuellement. M. Sarkozy devrait annoncer tout à l’heure des personnes pour nous aider, c'est-à-dire restructurer. Cela ne nous a pas du tout. Quand je vois le parachute doré proposé à Thierry Morin (3,2 million d’euros) , une entreprise aidée par l’état qui va quand même licencier 1600 personnes, je me dis que cet argent, nous aiderait bien. Je n’ai pas le populisme mais il y a des limites. »

Dernière minute: Le secrétaire d'Etat chargé de l'Industrie et de la Consommation, Luc Chatel, vient d'annoncer que l'Etat était prêt à investir 10 millions d'euros dans l'équipementier automobile sous condition "qu'Heuliez présente un vrai projet industriel réaliste". Selon Luc Chatel, Heuliez a besoin de 45 millions d'euros pour assurer sa survie et la moitié de cette somme a déjà été trouvée, notamment via le FSI et une aide de cinq millions d'euros du Conseil régional de Poitou-Charentes. La famille propriétaire devra mettre la main à la poche. On peut tout de même regretter que l'Etat n'ait pas aider Heuliez sans condition.