
La Sécurité routière dément catégoriquement que les radars automatiques puissent être situés hors zones dangereuses, a-t-elle fait savoir dans un communiqué mardi, en réponse à l'enquête d'Auto Plus qui affirme que 52 % des automates n'y sont pas. Comment expliquer qu'il y en ait bien d'installés dans des endroits non accidentogènes ? Comment justifier la présence des radars feux rouges, alors que selon les experts, ils n'amélioreraient pas l'accidentologie ? Toutes les réponses d'Emmanuel Barbe, le délégué interministériel à la Sécurité routière, que Caradisiac a joint par téléphone.
Caradisiac : Vous affirmez « qu'aucun radar n'est placé en considération des recettes qu'il pourrait générer ». Comment expliquez-vous que des radars ne soient pas situés en zones dangereuses ?
Emmanuel Barbe : La décision de placer un radar (…) est toujours prise pour une raison d'accidentogénité. Si on ne peut pas dire qu'il y a un radar à tout endroit accidentogène, vous pouvez être certain que toute décision d'installer un radar a été prise sur ce critère. Jamais a été prise une décision d'installer un radar en se disant 'ça va rapporter de l'argent à l'Etat', c'est un mensonge ! Je mets au défi quiconque de le prouver... On a des formulaires pour instruire les installations de radars, ne figure pas combien cela va rapporter... Ça n'existe pas, c'est une légende !
Caradisiac : Il y a aussi des endroits qui n'étaient pas accidentogènes qui ont reçu des radars...
Emmanuel Barbe : « Non, je ne le crois pas. »
Caradisiac : Vous le dites vous-même pourtant. Entre la décision d'installation d'un radar et l'installation effective de l'instrument, la situation a pu bien évoluer ! Car plusieurs années ont pu s'écouler entre-temps...
Emmanuel Barbe : Oui, ça peut arriver, mais c'est marginal. La décision de placer un radar est toujours prise pour des raisons de sécurité routière. Ce qu'insinue l'article d'Auto Plus, c'est que nous plaçons les radars pour faire de l'argent. Pourtant, dans le processus d'installation d'un radar, la considération financière n'est jamais présente, c'est ça que je vous affirme !
Il y a sans doute des zones dangereuses où on n'a pas pu mettre de radars. Il y a peut-être des zones où on a mis des radars qui grâce aux radars ont cessé d'être dangereuses. Mais toute décision de placer un radar est prise par des considérations de sécurité routière, et jamais, jamais par des considérations budgétaires !
Cette espèce d'idée qu'on mettrait des radars parce que ça va rapporter, elle est juste fausse !
Caradisiac : A l'origine même de la mise en place du système, en 2003, il était pourtant clair que les radars ne seraient pas placés en zones dangereuses uniquement. Dans un rapport, daté de mai 2003, de la mission interministérielle sur le contrôle automatisé, les auteurs l'expliquaient ainsi : « La forte représentation des routes moins accidentogènes est liée (...) à la facilité d'y implanter des dispositifs de contrôle automatisé - proximité des réseaux, de transmission, accès difficile donc moindre risque de vandalisme -, mais aussi à l'importance de la circulation et au niveau élevé des vitesses moyennes pratiquées qui conduisent à espérer un effet très important de l'implantation de systèmes automatisés. » Qu'en dites-vous ?
Emmanuel Barbe : Que ce type de contraintes puisse jouer dans la non implantation, peut-être... Mais le but, c'est de ralentir la vitesse, car ralentir la vitesse, ça diminue les accidents. C'est tout l'objet de cette politique ! Je reçois toutes les demandes des préfets pour bouger un radar (…), jamais j'ai vu : ça va rapporter de l'argent !
Caradisiac : Selon un rapport d'une mission parlementaire en 2011, les radars feux rouges n'amélioreraient pas la Sécurité routière, tout simplement parce que, même si l'infraction paraît très grave, il y a vraisemblablement peu d'accidents aux carrefours équipés d'un feu tricolore. A quoi sert alors un radar feu rouge ?
Emmanuel Barbe : Ça tombe sous le sens pourtant ! Moi qui suis motard par exemple, le risque maximal de mourir, c'est la personne qui brûle un feu. Vous n'avez pas besoin d'accidentologues pour comprendre que brûler un feu, c'est vraiment la chose la plus grave. Une chose certaine : on n'a jamais installé un radar de feu en se disant 'A chouette les gens vont le brûler et donc on va faire de l'argent !'
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Par eodias
Mais oui bien sûr, les demandes des préfets ne sont jamais motivées par l'argent...
Il s'attend à quoi? Qu'on lui écrive sur son formulaire : " Pour faire de la thune : [X]Oui [ ]Non "
Arrêtons cette mascarade. Même si l'intention est louable, certains radars, placés sur voie rapide sans virage et sans aucun croisement mais dans une descente à forte pente juste dans le creux avant la remontée, que l'on vienne pas me dire que c'est pas pour toper au maximum et que le préfet n'a pas demandé cette zone pour des motifs financiers...
Au moins, ceux qui respectent comme moi et font une pointe de temps en temps dans les zones qu'ils connaissent ne sont pas emmerdés, et pour les autres y'a le coyote. Ca leur fait la bite comme on dit grossièrement, bientôt on aura un fichier annuel avec chaque français pour calculer combien le "bon mauvais citoyen" aura fait rentrer d'argent...
Par pacon
C'est bizarre, 3 radars, le 4ème est prévu, sur l'A86 à hauteur de Vélizy et en plus de 10 ans, je n'y ai jamais vu autre chose que des accrochages mais sur une 2X3 voies en ligne droite, il y a moyen de faire des sous.
Pareil pas loin, sur l'A12 entre Bois d'Arcy et Rocquancourt, jamais vu de gros cartons avant l'installation des radars
N12, entre Dreux et Plaisir, 2 radars situés opportunément en bas de grandes descentes et 1 en haut d'une côte, là où on commence à réaccélérer, il y a des zones où il y a régulièrement des accidents mais elles ne sont pas là où sont les radars
Par le tamanoir
"[...] dans le processus d'installation d'un radar, la considération financière n'est jamais présente [...]!"
Mensonge. À partir du moment où le risque d'accident n'est pas le seul critère retenu (par exemple en rajoutant un seuil de densité de trafic) pour conditionner l'installation d'un radar, la considération financière est déjà présente, même si non mentionnée.
Il a d'ailleurs déjà été observé que rares sont les radars installés dans des zones accidentogènes dont le trafic mensuel ne permet pas d'en équilibrer le coût de fonctionnement. Et malgré l'usine à gaz que constitue le système de sanction automatisée et les questions levées sur sa gestion et son fonctionnement, cela rapporte bon an mal an un petit pactole.
On rétorquera alors qu'il s'agit d'une implantation intelligente du parc afin d'éviter que cela ne creuse les déficits publics. Évidence même de la prise en compte de l'aspect financier... CQFD.
Ce n'est pas en niant ce genre d'évidences quitte à prendre les usagers de la route pour des cons que la sécurité routière regagnera la confiance des conducteurs.
Par Min71fk
Je vois le genre d'étude qui conduit à implanter un radar dans une ligne droite limitée à 70 avec des rails de sécurité de chaque côté. Avant cette route était limitée à 90, il n'y avait pas de rails, il y avait un carrefour qui a disparu, et un mec bourré a eu une fois un accident parce qu'il s'était endormi, donc => radar.
Par Whi09ir
Ils nous prennent vraiment pour des c... !
Par roc et gravillon
Mais qu'est ce que ça peut bien vous foutre au final qu'un radar soit implanté ou non sur une zone réputée où non pour avoir connu des accidents ?
Franchement, c'est bien s'asticoter le cerveau pour rien....
Par roc et gravillon
En réponse à
Disons que la journaliste-avocate aurait peut être pu faire l'effort d'amender un peu les déclarations orales du gars. Plaquées là comme ça, le "y'a" que chacun emploie fait pour le moins curieux une fois imprimé.
Un peu comme si on transcrivait les "eeee" accolés à quasi chaque mot des discours de Hollande ou les "voilà" sans lesquels les interviews de sportifs ne seraient pas ce qu'ils sont.
Par parlons-en
Depuis les radars automatiques, je ne m’éclate plus que sur les petites routes sinueuses, on n'y trouve pas de radars parce que certains l'ont dit, ce n'est pas rentable. Sur toute autre route, je roule comme mémère. De toute manière quel est le plaisir de rouler à 210kmh en ligne droite? je préfère largement utiliser 200cv d'une compacte sur les routes de "montagnes"
Par le tamanoir
En réponse à
80% des infractions sont des dépassements de moins de 20 km/h.
Et sur ces 80% la plupart (60% je crois) concernent des dépassements de moins de 5 km/h.
La rentabilité des radars est uniquement basée sur le fait que l'humain n'est pas un robot.
J'ai fait l'expérience par chez moi de lâcher l'accélérateur à 80 au début d'une descente (limitée à 90) où se trouve un radar. Arrivée au milieu de la descente, l'auto avait pris 4 km/h. Une fois devant le radar, elle avait pris 7 km/h.
J'ai ainsi compris pourquoi le radar n'était pas au milieu de la descente: Comme ça le gusse qui fait pareil à 90 a toutes les chances de se faire panner...
Et en plus c'est un de ces radars qui ne flashe pas.
Par rinac9
Le journaliste aurait du prévoir ce type de réponse, et pouvoir sortir des chiffres de zones accidentogènes ou était installé un radar pour démontrer par A+B que la zone n'était pas accidentogènes, et malgré cela, un radar a été installé. Puis citer l'exemple du radar de feu de la RN20 ou le taux d'accident à grimper de 100% ! un comble!
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