Il s’appelle Serge Metz, il est le PDG de la société Taxis G7. Et ces mots sont sans ambivalence : "nous pensons que la manifestation risque d'être fortement suivie et très dure. Il y a beaucoup plus de chauffeurs qu'en juin 2015 qui veulent descendre dans la rue". Ce rappel à un mouvement qui avait fait des dégâts matériels et donnés lieu à des violences à Paris et autres grandes villes n’est pas anodin. En jurant que, la semaine prochaine, les choses risquent d’aller plus mal, le responsable alerte aussi sur le fait que la conjoncture au sein de la profession du transport de la personne ne s’est pas arrangée.

Pourtant, UberPop a disparu. Mais certaines pratiques perdurent, laissant supposer que ce corps de métier ne retrouvera plus la sérénité d’antan. Ceci dit, ce n’est pas le concept même de VTC qui est contesté. Le même PDG du blason taxis G7, sous lequel roule 8.000 taxis, estime ainsi que les VTC représentent une "concurrence saine et normale tout à fait positive à partir du moment où ils respectent la loi". Et c’est justement là où le bât blesse : 70% des prestataires tricheraient.

Certains opérateurs sont accusés d’organiser le travail dissimulé et le transport illégal de personnes. Le procédé de la maraude électronique, l’occupation de la voie publique, le racolage et une utilisation détournée des véhicules LOTI (transport collectif de deux à 10 personnes) sont autant de faits regrettés. "Aujourd'hui, force est de constater que malgré nos appels pour que la loi soit respectée et appliquée sur le terrain, et la multiplication des procédures judiciaires, le nombre de transporteurs illégaux prolifèrent", a indiqué l'intersyndicale des taxis dans un communiqué.  

De leurs côtés, les pouvoirs publics semblent dépassés par la question, jusqu’à apporter des réponses difficiles à appréhender. Ainsi, le Conseil constitutionnel a estimé qu'un chauffeur de taxi pouvait aussi être conducteur de VTC. Une prise de position qui  a fait sortir le directeur général d'Uber France, Thibaud Simphal, du bois. Ce dernier a annoncé dans la foulée que son entreprise voulait ouvrir sa plateforme électronique de réservation aux chauffeurs de taxis. Il s'agirait, a-t-il précisé lors d'une conférence, de "permettre aux taxis d'être réservés sur une plateforme de VTC, en tant que VTC, en conduisant une voiture qui ne serait pas un taxi".

De quoi excéder Karim Asnoun de la  CGT-taxis qui a estimé qu'Uber venait de lancer "une nouvelle provocation, leur communication favorite". Uber "nous demande: laissez votre taxi au garage et prenez votre voiture personnelle. Ils veulent nous imposer leurs règles, eux qui sont les premiers à bafouer les lois". Pendant ce temps, le concept Uber fait florès. Ainsi, les dirigeants de l’entreprise Heetch seront jugés en correctionnelle en juin, en raison de soupçons de concurrence illégale avec les taxis.n L'un des deux dirigeants, le co-fondateur Teddy Pellerin, a affirmé que "nous profiterons de cette procédure pour expliquer notre modèle et prouver notre légitimité" et relevé "la coïncidence des dates entre la procédure engagée contre les dirigeants de Heetch et la manifestation annoncée des taxis" mardi.