La nuit dernière, General Motors et Chrysler ont présenté leur plan de restructuration au responsable du Trésor américain et si le second a demandé une rallonge de 2 milliards de dollars aux 7 déjà accordés, le premier s'est montré nettement plus malade qu'imaginé. Les remèdes envisagés tendent vers des amputations sévères et une grosse injection de milliards de dollars.

La situation est si grave que le gouvernement a consenti un déblocage de 4 milliards de $ dans la journée d'hier, soit avant la présentation du plan qui devait conditionner le versement de cette nouvelle aide qui s'ajoute aux 9.4 milliards reçus précédemment.

Mais cette injection n'est qu'un palliatif destiné à maintenir le malade en vie jusqu'aux prochaines échéances qui sont déjà fixées : en effet, ces 4 milliards de $ garantissent la survie jusqu'au mois prochain seulement.

L'argument de la faillite pour convaincre

En préambule de la présentation de leur plan, les responsables de General Motors ont chiffré le coût d'un placement en faillite de l'ex numéro 1 mondial. Un tel scénario amputerait les finances de l'Etat de 100 milliards de $.

Autre élément, le marché de l'automobile américain ne devrait pas se relever en 2009, bien au contraire. Les projections pour 2009 envisagent une chute de 25% qui s'ajoute au gadin de 18% en 2008. Fin 2009, le marché américain devrait tomber sous les 10 millions d'unités, soit un niveau comparable à celui de la fin des années 60 !

Une fois ces chiffres posés, General Motors a pu présenter sa demande de rallonge de 16.6 milliards de dollars comme un moindre mal pour le département du Trésor américain. Au total, GM réclame donc 30 milliards de $ pour pouvoir vivre.

L'auto-médication de GM. Saab en faillite ?

En contrepartie, GM s'engage à maigrir toujours plus en taillant encore plus sévèrement dans ses effectifs et en réduisant ses capacités de production.

General Motors a donc proposé au gouvernement de supprimer 47.000 emplois supplémentaires, fermer 5 usines aux USA d'ici à 2012 et se séparer de plusieurs de ses marques dont Saturn qui devrait lentement mourir et disparaître en 2012. Si GM ne conservera à terme que Chevrolet, Cadillac, Buick et GMC, Pontiac n'est pas encore été euthanasié. La marque n'aura plus une gamme complète mais sera vraisemblablement réservée à certains produits de niche. En 2012, GM ne proposera plus que 36 modèles, contre 48 aujourd'hui.

Concernant Hummer, Rick Wagoner indique que les négociations sont toujours en cours (probablement avec des constructeurs chinois) tandis que le destin de Saab est plus sombre. Wagoner a annoncé que la marque pourrait être mise en faillite dès la fin du mois pour obtenir le soutien du gouvernement suédois. Autre option envisageable si GM survit : rendre l'indépendance de Saab dès 2010 afin de ne plus avoir à injecter d'argent ensuite.

Seul élément d'espoir, GM a pu se féliciter de l'accord global (Ford et Chrysler sont aussi concernés) trouvé avec le syndicat ouvrier UAW qui ramène le coût du travail des employés des Big Three au niveau de celui des personnels des groupes japonais établis sur le territoire. On attend toutefois la ratification de l'accord par les employés.

Les inquiétudes en Europe

Ce plan va être étudié par James Lambright, le responsable du plan d'aide gouvernemental, et sa réponse arrivera d'ici 10 jours.

En attendant, les filiales européennes s'inquiètent car il semble que GM cherche à réduire sa production en fermant des usines sur le Vieux Continent pour réaliser un peu plus de 1.5 milliard d'économie. Si on connait déjà le sort de Saab, c'est chez Opel que le stress augmente.

Les représentants des employés de GM Europe commencent donc à monter au créneau indiquant que les mesures du plan de restructuration qui leurs sont destinées ne sont pas viables et qu'elles risquent de tuer l'activité, impliquant des risques sérieux de procès !

Et de susurrer doucement qu'Opel ferait mieux d'être vendue ...