C’est un véritable choc culturel qu’est en train de vivre Toyota. Après 72 années rythmées par les bilans positifs, le récent numéro 1 mondial de l’automobile a, pour la première fois de son histoire, annoncé des pertes pour l’exercice 2008/2009.

L’exercice 2007/2008 avait été celui de tous les records pour le constructeur japonais. Avec 8,91 millions de véhicules écoulés dans le monde, Toyota avait enregistré un chiffre d’affaire de plus de 189 milliards d’euros (25 025 milliards de Yens) et un bénéfice record de quasi 13 milliards d’euros (1 720 milliards de Yens), du jamais vu depuis la création du groupe en 1937. Et ce record n’était parti pour ne durer qu’un an avant d’être à nouveau battu, puisque les prévisions tablaient sur une augmentation des ventes de 1,6%, avec 9,06 millions de véhicules vendus l’année suivante. L’exercice 2008/2009 restera effectivement dans les annales, mais pas pour les mêmes raisons.

En effet, sur les 12 mois allant d’avril 2008 à mars 2009, Toyota a enregistré une baisse des ventes de 15,1% avec 7,57 millions de véhicules diffusés, une perte nette de 3,3 milliards d’euros (436,9 milliards de Yens), une perte d’exploitation de 3,5 milliards d’euros (461,1 milliards de Yens) et un chiffre d’affaire en chute de quasi 22%, avec 155 milliards d’euros (20 529,6 milliards de Yens). Pas la peine de mettre le nez dans les archives de la marque qui publie ses résultats depuis 1941, il s’agit de la toute première fois que les comptables de chez Toyota doivent jongler avec des soustractions.

Et l’exercice 2009/2010 ne devrait pas être bien plus brillants, puisque le groupe japonais prévoit encore d’enregistrer une perte nette de plus de 4 milliards d’euros (550 milliards de Yens), avec un déficit d’exploitation de 4,9 milliards d’euros (650 milliards de Yens) et un chiffre d’affaire une nouvelle fois en baisse de 19,6%, avec 124 milliards d’euros de chiffre d’affaire (16 500 milliards de Yens), à cause de « seulement » 6,5 millions de véhicules vendus, correspondant à leur niveau de 2003/2004.

Les raisons sont connues et sans surprise : les ventes globales de Toyota ont fortement baissé de 15% sur l’année et de façon uniforme : -25,2% en Amérique du Nord, -17,3% en Europe et même sur son propre marché intérieur, avec -11,1% au Japon, la faute à l’incontournable crise économique mondiale. Mais le constructeur japonais a doublement souffert, comme l’a expliqué le futur ex PDG, Katsuaki Watanabe, dans un communiqué de presse : Toyota a particulièrement été touché par la bonne santé du Yen par rapport au dollar et à l’euro, chaque hausse de 1 yen de ceux-ci lui coûtant respectivement 30 milliards et 4 milliards de Yens dans son résultat opérationnel.

Bien sûr, Toyota ne va pas rester les bras croisés et a quelques cartes dans ses manches. La première est donc de remercier le PDG Katsuaki Watanabe qui quittera ses fonctions à la fin du mois au profit d’Akio Toyoda, qui n’est autre que le petit fils du fondateur, un symbole fort. Avec Watanabe, quelques milliers d’emplois temporaires devraient aussi quitter l’entreprise, des restructurations qui devraient aboutir à des arrêts de production et au gel des investissements. Des usines pourraient même être fermées et des employés permanents licenciés.

Du côté de l’automobile à proprement parler, Toyota a pour ambition d’exploiter un peu plus encore son expérience en matière d’hybrides en en lançant trois nouveaux modèles, et même quatre sur son marché, en commençant par la troisième génération de Prius, qui a déjà comme qualité de coûter 30% moins cher à produire que ces devancières.