Alors que le juge des faillites a dégagé le chemin vers l'autel et donc le baptême de "NewGM" en acceptant d'alléger le fardeau porté par ses parents, désormais amnistiés des péchés (d'orgueil) du passé, on ne sait toujours pas qui va réellement récupérer Opel. La proposition récente du chinois BAIC pourrait bien faire réfléchir des responsables de General Motors en quête d'argent frais.

L'équipementier canadien Magna associé à Sberbank, premier créancier du groupe automobile russe AvtoVaz fut désigné vainqueur et choisi pour être le dernier interlocuteur à la reprise d'Opel. Mais étrangement, malgré cette annonce conjointe et officielle, General Motors ainsi que le gouvernement allemand continuent d'accepter des prétendants, montrant clairement à Magna que le match n'est pas encore totalement terminé et que d'autres candidats sont à la porte attendant impatiemment que le finaliste se casse la figure. Ceci est la démonstration d'un achoppement majeur dans la finalisation du rachat entre GM et Magna qui continue pourtant de dire qu'une signature définitive doit intervenir d'ici le 15 juillet.

Il est désormais flagrant que les discours des uns et des autres ne sont plus en phase.

L'offensive chinoise : orchestrée ?

Voici un nouvel élément qui ne va pas rassurer les négociateurs de Magna : l'entrée en lice officielle sonnante et trébuchante des chinois de Beijing Automotive Industry Corporation (BAIC), par ailleurs jugée "formidable' par des responsables allemands.

Après avoir pu accéder aux comptes du constructeur Opel, BAIC vient de déposer une offre concrète via un courrier envoyé à plusieurs membres du gouvernement allemand. Leur projet consiste à reprendre 51% du constructeur allemand (les 49% restants restant à GM) avec un chèque déjà signé de 660 millions d'euros tout en ne réclamant que 2.64 milliards d'aide publique du gouvernement contre 4.5 pour Magna. BAIC affirme qu'aucune usine ne sera fermée en Allemagne sans exclure toutefois des suppressions de postes.

Bien évidemment, la première chose qui vient à l'esprit est que cet offensive chinoise largement facilitée par les responsables de GM n'est qu'une manoeuvre destinée à mettre la pression sur Magna devenu trop exigeant. C'est effectivement ce que confirment Carl Peter Forster le patron de GM Europe ou encore le ministre allemand de l'Economie qui déclarent :

"Le fait qu'il y ait d'autres prétendants stimulent le processus et ne peut qu'aider du point de vue du vendeur, GM. Mais Magna a une avance considérable et il ne lui reste que quelques détails à régler pour finaliser la vente."

"Il est vrai que Magna a un objectif ambitieux et qu'ils veulent signer d'ici le 15 juillet. Cependant, il reste des questions sans réponses. Actuellement, tout le monde peut faire une offre."

Après le retrait de RHJ et les conditions toujours pas revues de l'offre de Fiat, il ne faudrait pas non plus que Magna, contrarié, décide tout simplement de se désengager laissant GM avec pour seul candidat crédible financièrement les chinois de BAIC.

L'UE veille et prévient

De son côté, l'Union Européenne est également entrée dans le jeu tentant de faire garder raison à des américains manifestement en recherche du maximum de capitaux frais. Inquiète quant aux choix à venir de General Motors et de ses dirigeants dont les ambitions pourraient être éloignées des considérations politiques et sociales de l'Europe, plusieurs voix de l'Union se sont élevées pour mettre en garde les repreneurs potentiels d'Opel :

"Les parties en négociation seraient bien avisées de développer un concept économiquement viable, conforme à nos lois sur les garanties financières et compatible avec les règles de l'Union européenne sur les aides d'Etat. Nous verrons si le projet développé par Magna l'emporte. Il repose sur des concepts qui peuvent faire l'objet de vifs débats. Il y a des questions légitimes qui restent en suspens."

Chaque jour qui passe sans restructuration coûte de l'argent, chaque mois qui passe est un mois perdu"

Une fois le projet final de la vente présenté, celui-ci sera passé au crible par le cabinet d'audit et de conseil PriceWaterhouse Coopers mandaté par la Commission Européenne pour évaluer le projet dans ses plus infimes détails.

Et pendant ce temps Opel présente ses nouveaux modèles comme si de rien n'était...

Via autoactu & La Tribune