Seule nouveauté de l’immédiat après-guerre, la 4 CV est la grande vedette du premier Salon de Paris en 1946. Arrivant après des années de frustration, elle symbolise un nouvel appétit de vivre et un désir effréné de rattraper le temps perdu. Economique, cette bonne à tout faire devient rapidement l’une des "reines des populaires". En permettant à plusieurs générations de Français de goûter aux joies de l’automobile.

"Elle est grande, cette petite !"

La production d’une voiture à vocation populaire commence au milieu des années trente. La volonté de démocratiser l’automobile et les premiers congés payés donnent des idées aux constructeurs qui prennent, dans le même temps, une véritable dimension industrielle. A l’époque où Citroën lance le projet de son TPV ("Très Petit Véhicule", qui aboutira dix ans plus tard à la 2 CV), Louis Renault revient fortement impressionné du Salon de Berlin de 1939. Il vient de découvrir la Coccinelle et décide de reprendre les grandes lignes du projet. Très vite, comme sur la Volkswagen, la solution du moteur arrière, gage d’une bonne habitabilité dans un espace restreint, est retenue. Louis Renault ordonne alors la construction d’un petit quatre cylindres culbuté qui tourne au banc pour la première fois le 7 février 1942.

Construite sous licence par Hino, la 4 CV Japonaise se distingue par une finition soignée, sa conduite à droite et ses pare-chocs enveloppants. Environ 50 000 modèles furent produits de 1953 à 1963.

Echappant miraculeusement à un bombardement visant les Usines Renault, le prototype effectue ses premiers tours de roue en janvier 1943. Si sa silhouette peut revendiquer un Oscar de laideur, ses aptitudes dynamiques donnent en revanche entière satisfaction. Avec son petit 760 cm3, il atteint 84 km/h sur le plat et réussit à grimper la difficile cote des Gardes (un dénivelé de 17 % ), à Meudon, en quatrième vitesse avec quatre personnes à bord (la voiture de série n’aura droit qu’à une boîte 3 vitesses).

En dépit de l’interdiction des autorités d’occupation de poursuivre le développement et de la préférence de Louis Renault pour un projet de berline 11 CV un second prototype est assemblé au début de l’année 1944. Cette fois, la 4 CV a trouvé sa personnalité. Ses lignes préfigurent très largement le futur modèle de série.

Après les tourbillons de la Libération et de la nationalisation, c’est Pierre Lefaucheux, nouveau président de la Régie, qui finira par donner le feu vert pour la production de la 4 CV. Pendant que la mise au point des modèles de pré-série, équipés désormais de quatre portes s’accélère, Lefaucheux prend le pari de commercialiser la 4 CV au 1er juillet 1947. Il envisage même une production de 300 exemplaires par jour. Un défi jugé complètement fou à l’époque. Et pourtant, en se dotant des premières machines automatisées européennes, Renault va presque tenir ses délais. La première 4 CV de série descend des lignes de montage de l’Ile Seguin le 12 août 1947.

Toute ronde et sympathique, la 4 CV connaît un succès immédiat auprès d’un large public qui retrouve en elle un petit goût de Front Populaire et de congés payés à peine savourés. Pendant près de vingt ans, elle sera de toutes les lointaines expéditions familiales vers la mer et le soleil ou des simples pique-niques au bord des rivières poissonneuses. Cette paisible dévoreuse de départementales se transformera aussi en une véritable bête de course. De la Coupe des Alpes aux 24 heures du Mans en passant par les légendaires Mille Miles, la 4 CV se forgera un inestimable palmarès.

Autant d’aptitudes qui vont inciter de nombreux carrossiers à développer de multiples versions spéciales. Séduisantes ou parfois torturées mais toujours originales, elles sont toutes fières de fêter les cinquante printemps de cette grande dame.

Forum :

Lire aussi :