Dire simplement que l'Italie hurle au scandale derrière sa Scuderia n'illustre pas totalement l'ampleur du tollé qu'a généré la décision de la FIA de ne pas sanctionner McLaren pour le moment. Cette clémence irrite jusqu'à Luca di Montezemolo en personne qui a tenu à calmer les fans du monde entier en leur disant que de toutes façons, "cette affaire ne se terminera pas comme ça!"

Jean Todt ne décolère pas et, contrairement à son habitude, il s'épanche dans les médias: Prenez votre inspiration, c'est assez long.

"Si nous avions été à la place de McLaren ,la FIA nous aurait pénalisé. Ca ne fait aucun doute que la FIA aurait crié au scandale et aurait prononcé un jugement exemplaire. Il n'y a aucune logique dans ce jugement. Les règles de la F1 ont été violées, il y a un coupable avéré et aucune sanction n'est venue.

Ca n'est pas tout: McLaren a admis durant l'audience qu'ils avaient reçu des informations matérielles et que Dennis lui même était au courant. Cela se passait avant le premier Grand Prix au mois de Mars et McLaren a utilisé une partie de ces informations pour émettre des doutes techniques sur certaines voitures (l'affaire des fonds plats mobiles dénoncés par McLaren et interdits par la FIA au début de saison).

Ils ont donc tiré avantage de ces documents.

McLaren a tenté de justifier l'immunité de son acte et celle de son informateur par le fait qu'il ne faisait que dénoncer un élément illégal. Sauf que normalement, un informateur dénonce aux autorités compétentes et pas au principal rival du team !

McLaren affirme avoir installé un firewall pour prévenir les envois de Stepney (McLaren n'a apparemment pas donné son nom) et lui a même demandé de ne plus rien envoyer. C'est dommage qu'avant d'en arriver là, Coughlan a demandé à Stepney de lui fournir des infos sur notre système de répartition de freinage. Ils ont mangé ensemble en Espagne durant les essais d'intersaison puis Coughlan est reparti chez lui avec les 780 pages du dossier complet de la F2007.

Il est incompréhensible qu'en plus de la possession, nous soyons obligé de démontrer l'utilisation visible et effective de ces informations sur la McLaren.

La FIA a la preuve du mensonge de McLaren concernant la date de détention des documents. Que faut il de plus ? Il est impossible pour Ferrari de prouver que McLaren a utilisé les informations puisque nous n'avons pas accès à leur monoplace.

Mais ce qui me laisse le goût le plus amer, c'est que McLaren nous a demandé après Melbourne de signer un pacte pour améliorer les relations entre nos 2 teams et pour éviter le genre de dénonciation dont ils étaient les auteurs en début de saison. Je leur ai répondu qu'il m'était impossible de croire à leur bonne foi puisque ce n'est pas la première fois qu'ils passent outre des engagements signés. Nous en avons discuté et au final, j'ai signé cet "agreement" le 9 juin dernier ! A cette époque, McLaren savait pourtant qu'un informateur au sein de Ferrari leur envoyait des informations et que leur chef designer détenait tous les secrets de notre voiture.

D'un côté, ils nous disent "faisons nous confiance" et de l'autre ils recoivent des documents confidentiels d'une taupe sans nous en informer.

Je signale également que lors de cette réunion du Conseil Mondial, nous n'avons pas eu notre mot à dire et seule McLaren était entendue. Nous étions là seulement en observateurs. Ils nous étaient donc impossible de jouer un rôle actif dans cette audience et nous n'avons pas pu présenter les éléments d'accusation en notre possession.

Je suis dans ce métier depuis 40 ans, j'ai vu beaucoup de chose donc je ne suis plus surpris par rien mais là on est plus que limite.

Cette décision est très décevante et surprenante. Il n'est pas acceptable de créer un tel précédent dans un cas aussi important que celui-ci. De notre côté, nous allons intensifier nos actions judiciaires en Italie et en GB.

Une chose est certaine, Nous chez Ferrari nous pouvons nous regarder dans la glace. Je pense que d'autres, depuis l'audience, ne peuvent pas en dire autant. "

Voilà, il ne parle pas souvent mais quand il le fait, c'est intense.

Après ça des camps se forment dans le milieu de la F1 et on notera que Flavio Briatore s'est dit surpris de cette non-décision de la FiA. "C'est une sentence à la Ponce-Pilate".

Jackie Stewart défend la cause de McLaren en mettant l'accent sur la faute individuelle (de Coughlan) qui ne peut remettre en cause l'équipe dans son entier.

Et le plus étonnant reste Mika Salo, ancien pilote Ferrari, qui a déclaré que "ce genre de pratique n'était pas nouvelle. Quand je pilotais pour Ferrari, nous espionnions constamment McLaren en écoutant leur radio. Après chaque séance d'essai, j'avais face à moi une feuille contenant la totalité des discussions de Mika Hakkinen avec son ingénieur."

Bref, tout ça est loin d'être terminé.

source autosport/reuters/corriere della sera