Renault Sport Technologies et la Wind


Officiellement, c’est la section RST des Ulis aidée des ingénieurs du Technocentre qui a développé la Wind. Sachant que le moteur 1.6l 16v 133 ch est celui de la Twingo RS, que le châssis de la Wind est celui de la Twingo RS qui est lui-même celui de la Clio2 RS, on peut difficilement enlever à Renault Sport une certaine paternité même si la « petite graine » n’est pas de première jeunesse.

Ce châssis reprend quasiment tous les réglages de celui de la Twingo RS classique puisqu’on retrouve les mêmes diamètres de barres anti-roulis, le même empattement, les mêmes jantes en 16’’ (17’’ en option), le même système de freinage (étriers de Laguna et disques de Mégane), le même rapport de démultiplication de la direction ou encore l’ESP 100% déconnectable. Ce qui change est évidemment en rapport avec l’architecture de roadster. Le toit amovible impose des renforts de caisse pour préserver la rigidité de l’ensemble, on en trouve donc dans le coffre, sous la caisse et une nouvelle cloison de séparation entre habitacle et coffre vient lier tout ça. Ceci débouche sur un résultat qui va beaucoup influer sur la suite des évènements et sur la réponse à notre question de départ : même si le toit amovible ne pèse que 21.8kg, la longueur de Wind atteignant 3.83m (3.60m pour la Twingo), logiquement, le poids grimpe à 1173 kg soit un surplus de 124 kg par rapport à la Twingo RS.  

Le style, sportif

Nouvelle Renault Wind : sportive ou pas sportive ?

Première approche de la Wind et une constatation : comme d’habitude, le rendu en lumière naturelle change beaucoup la perception de l’auto. Pas forcément à son avantage sous les projecteurs, les formes complexes de la Wind sont plus flatteuses sous le soleil sudiste. Cela ne suffit pas à la rendre immédiatement belle mais son gabarit compact et ses formes audacieuses attirent l’œil. Un petit sondage effectué sur un échantillon de population pas représentatif du pays mais du sud de Cassis laisse apparaître que la Wind plait aux mâles et repousse les filles. En résumé, c’est l’auto que les mecs aimeraient acheter à leur copine pour ne pas se faire moquer lorsqu’ils la lui empruntent … vous suivez ? Non ? Pour faire court, disons que les gars n’aiment pas rouler dans la Fiat 500C de leur copine ! Bref, la petite Renault a un look viril, c’est indéniable.

A l’intérieur, saluons l’effort de Renault qui n’a pas repris l’habitacle de la Twingo RS pour offrir au conducteur-pilote un panorama original aux accents pour le coup véritablement sportifs. Son côté cheap un peu léger peut être considéré comme « sportif » même si ce n’est probablement pas dans cette optique qu’il a été pensé. Voyons-y plutôt la conséquence d'un choix : celui de proposer un prix d’accès abordable pour un type d’auto dont la carrière sera immanquablement liée à son tarif.

Plus sérieusement, si le volant ne se règle qu’en hauteur, le baquet accueille avec perfection votre séant qui s’en trouve calé comme celui d’un pilote. Non, de ce côté-là, rien à redire, une fois à bord de Wind, avec sa ceinture de caisse haute et son assise basse (plus que dans la Twingo),  l’ambiance fleure bon le sport. On est enchâssé comme dans un vrai roadster, il n’y a pas tromperie sur la marchandise.

Oui mais non

Nouvelle Renault Wind : sportive ou pas sportive ?

 Jusque là, les plus enragés des amateurs de Renault Sport peuvent y croire mais à l’attaque des spéciales du rallye de Sainte Baume, il faut se résoudre à un avis tranché et évident : la Wind n’est pas une sportive. Comprenez par là que les propriétaires de Twingo RS ne retrouveront pas la rigueur et le dynamisme de la petite énervé du losange, la faute essentiellement à un surpoids qui étouffe dramatiquement le 1.6l 16v 133ch et au châssis typé 'Confort'. Même menée jusque dans le rouge, la sensation de puissance ne vient jamais vous chatouiller l’échine et le vide sidéral à bas régime vous ferait presque regretter qu’un modèle diesel ne soit pas programmé ! Pour tout dire, le 1.2l TCe 100 ch au couple quasiment équivalent mais délivré plus bas suffira à tous ceux qui n’ont pas comme terrain de jeu les spéciales de rallye.

En promenade, le confort de suspension bien réel cajole vos lombaires et, à l’attaque extrême, la poupe qui vient plutôt bien ainsi que la glisse progressive, facile à déclencher et agréable à contrôler, montrent que la base est extrêmement saine et équilibrée. Le confort se paie toutefois avec un train avant manquant de tranchant à l’inscription et une tendance au roulis perceptible (attention on parle sport là, ça n'est pas un Scénic) alors que le freinage manquant de consistance et d’endurance n’a pas été à la hauteur de sa fiche technique. À sa décharge, les autos sortaient d’usine (- de 300 km) et il y a de grandes chances pour que leur manque de rodage ait joué dans cette sensation plus que mitigée.  La rigidité de l’ensemble même capote ouverte étant exceptionnelle, au final, on en arrive à une conclusion déjà entendue avec la Twingo RS mais largement amplifiée ici : la Wind manque de chevaux. Heureusement que les réglages châssis privilégient la balade rapide…

La Wind, une petite brise agréable

Nouvelle Renault Wind : sportive ou pas sportive ?

Bien évidemment, les études marché tablent sur une clientèle plus adepte du cruising rapide que de l’arsouille (et elles ont certainement raison), par conséquent, il n’est pas question pour le moment chez Renault d’une virilisation de la Wind (pas de châssis Cup en vue) mais plutôt d’une imminente version Gordini plus luxueuse et plus cohérente avec l’esprit de cette auto confortable et dotée d’un coffre géant (270 dm3). Cette Wind au look original à défaut d’être immédiatement séduisant permet sans se ruiner de rouler la tête à l’air sans être décoiffé que ce soit par le moteur ou par les remous, ne lui cherchons pas d’autres vertus. Bref, il n’est pas prévu que la brise se renforce en tempête, les bourrasques seront donc rares mais, qui sait, la météo est parfois capricieuse et peut subitement changer. Rappelons nous que la Clio RS2 trimballait 182 ch sans qu'on y trouve à redire, il suffirait d’un moteur et d’un châssis Cup pour qu'un avis de coup de vent soit prononcé.

Merci à Fred pour son coup de volant et ses éclairages de pilote (et aussi ses photos !)