Le prix d’achat d’une voiture neuve ne dit pas tout sur l’investissement économique qu’elle représente. L’entretien, le remplacement de pièces d’usure ainsi que l’importance de la décote au moment de la revente sont aussi des éléments déterminants. C’est vrai pour le véhicule de monsieur tout-le-monde, mais ça l’est aussi pour les supercars, avec des sommes qui donnent certes le tournis, mais des résultats finaux parfois étonnants.

L’excellent magazine anglais Evo s’est chargé de collecter auprès d’un expert automobile le véritable coût des supercars les plus connues. L’étude se fait sur 4 ans, depuis le prix d’achat neuf jusqu’à sa revente, avec comme base un kilométrage annuel de 4 800km et sans compter ni essence, ni assurance. Histoire d’avoir un ordre d’idée, la décote moyenne d’un véhicule après 4 ans tourne autour des 55%, et le prix au kilomètre est en moyenne de 50 cents, carburant compris.

Les bases étant posées, commençons par les bons élèves parmi les supercars, ou en tout cas, les moins mauvais : la Porsche Carrera GT, par exemple. Son prix de lancement était de 390 000€ et vous pouvez espérer la vendre quatre ans après à 295 000€, ce qui représente une décote de 24%. Seulement direz-vous ? Cela représente tout de même 95 000€… Parlons maintenant maintenance. La Carrera GT nécessite une visite de contrôle tous les ans facturée 3 300€, avec une visite intermédiaire à 1400€. Tous les quatre ans, le moteur doit être déculassé pour vérifier le jeu aux soupapes, une opération à 7 080€ pendant laquelle on en profite parfois pour changer l’embrayage à 5 900€. L’entretien sur quatre ans revient au final à 14 000€ auxquels s’ajoutent 2 830€ de pneus et les 95 000€ de décote, ce qui porte la note à 111 830€. Ramené au kilomètre, une Porsche Carrera GT coûte 5,82€/km.

Vient ensuite la Mercedes SLR McLaren, qui tient plus de Mercedes que de McLaren quand il s’agit de l’entretien : la première visite ne se fait qu’à 16 000 km ! Il faut compter toutefois 2 480€, sachant que la seconde en coûtera 4 370. Mais le pire est à venir à l’heure de la « grosse « visite au bout de quatre ans, atteignant la bagatelle de 7 670€. Mais là où la SLR n’est pas épargnée, c’est au niveau de la décote. Acheté 370 000€ à son lancement, elle ne vaut quatre ans plus tard que 177 000€, soit une chute de 52% ! Avec 2 800€ de pneus en plus, le coût total pour posséder une SLR pendant quatre ans est de 205 950€, soit 10,72€ par kilomètre.

Mais il y a encore pire : la Koenigsegg CCR. La suédoise fera fondre votre portefeuille puisqu’elle nécessite une visite annuelle à 7 000€ et un budget pneus seul de 4 200€. Mais comme la SLR, la décote de la CCR est particulièrement douloureuse : - 52%. Achetée 480 000€ neuve, elle vaut 230 000€ quatre ans plus tard. Le coût total atteint 282 000€, ce qui revient à 14,70€ par kilomètre.

Quelle est la voiture qui coûte le plus cher ? C’est celle de tous les superlatifs, il s’agit sans surprise de la Bugatti Veyron. Il convient d’abord de régler la facture d’achat à sept chiffres : 1 150 000€. Avec -28%, la décote est modérée, puisque vous pouvez espérer récupérer 826 000€ quatre ans plus tard. Modérée au niveau de pourcentage, mais cela représente tout de même une perte sèche de 324 000€… L’entretien est en rapport avec les performances de la Veyron : stratosphérique. Lisez plutôt : la visite annuelle revient à 16 000€, dont 7 000€ rien qu’en main d’œuvre, les quatre pneus à 7 500€ pièce doivent être changés absolument tous les 4 000 km, tout comme les jantes, 35 000€ au total, tous les 12 000 km… Additionnez le tout et vous obtenez 543 000€. Divisez par le nombre de kilomètre et vous tenez la championne : la Bugatti Veyron revient à 28,28€/km, ce qui fait un Paris/Lyon à 13 150€ sans compter le carburant, les péages et… les amendes pour excès de vitesse.

Hors de portée pour le commun des mortels donc, les supercars ? Pas forcément, il y a aussi de rares modèles qui pourraient aussi faire office d’excellents placements. Prenons par exemple la Pagani Zonda S, que vous pouvez acquérir pour la modique somme de 378 000€, soit le prix d’un appartement parisien assez commun. Quatre ans plus tard, le temps d’attente pour en avoir une neuve et la réputation grandissante du constructeur font que vous pourrez la revendre 442 480€, soit une plus-value de 17% ! Seconde qualité et seconde surprise : les Pagani sont très économiques au niveau de l’entretien : 1 800€ au bout de deux ans puis 3 000€ la quatrième année, grâce à son très robuste moteur Mercedes ! Pour les pneus par contre, pas de miracle, le budget s’établit à 2 830€ pour quatre ans. Avec un prix de revente largement supérieur au prix d’achat neuf et un entretien presque raisonnable, posséder une Zonda S ne vous coûte non seulement pas un sou mais mieux encore vous en offre ! Une fois revendue, vous aurez 56 350€ en plus dans votre poche, à 2,93€ du kilomètre.

Mais la meilleure affaire vient de Maranello. Rare, prestigieuse et baptisée du plus évocateur des noms, la Ferrari Enzo est contre toute attente une… excellente affaire. Achetée 530 000€, les occasions de 4 ans et d’environ 20 000km s’échangent contre 825 000€, soit + 55% ! De quoi oublier la visite annuelle à 4 200€, l’embrayage nécessitant un remplacement tous les 10 000 km à 10 600€ et le budget pneu à 4250€, l’Enzo, une fois revendue et l’entretien soustrait, vous aura rapporté 231 000 € soit 12,04€ du kilomètre. Un Paris/Lyon devient donc un cadeau de 5 600€….

Source : EVO