Le bilan 2025 - Julien Bertaux : « vivement que l’on supprime le Code de la route »
Journaliste au sein de la rédaction de Caradisiac, Julien Bertaux dresse son bilan de l’année 2025 avec ce qui lui a plu et au contraire ce qui l’a déçu, que ce soit en matière de nouveauté, de stratégie ou de personnalité.

Il n’est pas toujours évident de résumer toute une année. Pourtant, certains événements marquent plus que d’autres comme les propos de M. Tavares, le retour de la mignonne Twingo, les idées totalement farfelues de Louis Sarkozy ou encore les craintes que suscite l’industrie automobile chinoise.
Quelle est ta voiture coup de cœur cette année ?

Je me concentre ici uniquement sur les modèles que j’ai eu l’occasion d’essayer. Il s’agit davantage d’un coup de cœur brisé, puisqu’à vrai dire, il saigne un peu. Sur le circuit Bugatti du Mans (une première sur ce tracé), j’ai eu la chance d’essayer l’Alpine A110 R Ultime. Pour mieux ressentir les différences, une A110 R était aussi à disposition. Clairement, cette Ultime est un véritable outil.
Hormis une boîte de vitesses qui manque de rapidité au rétrogradage, son freinage semble encore plus indestructible, son moteur est plus performant et sonore, sa stabilité est difficile à prendre à défaut et cette sensation de ne faire qu’un avec la machine est assez rare avec une voiture de série. Quel pied !
Seulement, son prix s’éloigne d’une voiture de série et de la philosophie de départ de l’A110 : 265 000 €. La version de course GT4 + est proposée 220 000 € HT. Je salue véritablement la démarche jusqu’au boutiste de la marque. Mais il est dommage que cette redoutable machine ne s’adresse qu’à 110 passionnés fortunés. Utiliser le moteur de la R et limiter le travail de l’aérodynamisme auraient permis de faire baisser la facture. Comment ça, je ne suis jamais content ?
Quelle est la voiture qui t’a déçu ?

Même si je ne suis pas fan des SUV électriques, mon choix n’a rien à voir avec ces considérations. Il s’agit du Toyota Urban Cruiser dont j’ai pu essayer une version de présérie, très proche du modèle qui sera commercialisé. Comment le premier constructeur mondial peut lancer un tel modèle ? Sa ligne n’a rien de sexy (élément totalement subjectif je vous l’accorde), le dessin de la planche de bord n’est pas moderne, la qualité des matériaux laisse à désirer, le graphisme du système multimédia ne laisse pas présager d’une grande technologie, l’amortissement du train arrière n’est pas au point et son autonomie n’a rien d’extraordinaire. Bien sûr, il n’a pas que des défauts puisqu’il a l’avantage de proposer quatre roues motrices et une banquette coulissante. Laissons-lui le bénéfice du doute puisqu’il sera peut-être affiché à des tarifs concurrentiels…
Quels modèles 2026 attends-tu avec impatience ?
Je suis curieux et impatient de prendre le volant de la Twingo. Certains critiqueront le fait que Renault s’inspire à nouveau du passé pour une nouvelle voiture. Seulement, il aurait été dommage de ne pas le faire en ce qui concerne celle qui a permis « d’inventer la vie qui va avec. » Que l’on aime ou pas, son design fera tourner les têtes dans la rue et surtout, elle a pour rôle de rendre la voiture électrique accessible à tous, ou du moins au plus grand nombre. La promesse est-elle trop grande ? L’avenir nous le dira.
Dans l’actualité auto, qu’est-ce qui t’a le plus agacé ?
Je rejoins totalement Claude Barreau concernant les déclarations de M. Tavares à propos du scandale Takata, notamment sur le plateau de C à vous. Comment le patron d’un groupe automobile peut rejeter sa responsabilité sur « les équipes de la qualité » ? Par ailleurs, il explique que les rappels sont mis en place « sur la base d’un certain nombre d’indicateurs ». Seulement, ces « indicateurs », comme il le déclare, ont perdu la vie. Il se permet même d’indiquer que le réseau a été « très réactif et très organisé » pour instaurer le stop drive. Enfin, lorsque Bruno Guérin, le président de l’association AVDAirBag, qui a perdu son fils à cause d’un airbag Takata lui pose une seule question, « depuis quand savez-vous que les airbags Takata tuent, mutilent ? », M. Tavares évoque une « longue narrative accusatrice » sans même lui répondre.
Quand passeras-tu à l’électrique ?
Ce n’est pas demain la veille. Tout d’abord, je ne dispose pas de borne à domicile, un équipement qui n’arrivera que si la majorité le décide puisque je vis en copropriété. Ensuite, le principal plaisir que me procure une voiture émane du moteur. Un électromoteur, aussi doux, souple et performant soit-il, ne pourra jamais compenser.
Les voitures chinoises, une source d’inquiétude ?

Je ne pense pas à court terme. Tout d’abord, il y aura une sélection naturelle, toutes les nouvelles marques entrantes n’arriveront pas à s’installer durablement sur le marché. Ensuite, elles ont besoin de construire leur image pour gagner la confiance des clients. Par ailleurs, un réseau de distributeurs, solide et bien implanté, dans le pays reste indispensable. Une fois ces critères remplis, leurs tarifs très agressifs et leurs prestations de plus en plus en adéquation avec les standards européens pourraient finir de convaincre les automobilistes.
Le made in France a-t-il encore un avenir ?
Difficile de concevoir un avenir industriel sur notre territoire à long terme. Produire à l’étranger pour faire baisser le coût n’a rien de nouveau et c’est un peu le cours de l’histoire. L’avènement de marques chinoises, qui proposent des véhicules bradés, va aussi dans ce sens. Nous ne restons pas les bras croisés pour autant, la gigafactory de Verkor, qui fabrique des batteries, a été inaugurée le 11 décembre dernier. Seulement, la force de frappe de l’industrie chinoise dans ce domaine est incomparable. En revanche, les « cerveaux », la recherche et le développement ont encore un avenir chez nous.
Les Kei Cars arriveront-elles un jour ?
J’y crois oui. Seulement, pas sûr que ces voitures suivent le modèle japonais. Développer de nouvelles voitures vendues à petit prix serait difficilement rentable. En revanche, « dégrader » les citadines électriques comme la Renault Twingo ou la Citroën Ë-C3 en se débarrassant de certaines aides à la conduite, coûteuses et particulièrement agaçantes, pourraient être une solution.
Ton souhait auto pour 2026 ?
Que l’idée brillante de Louis Sarkozy devienne réalité. Plus de feux tricolores, plus de limitations de vitesse, disparition des ralentisseurs et de tous les marquages au sol, la fin du Code de la route, quel bonheur ! Je plaisante bien sûr. Plus sérieusement, je souhaite que le refus au contrôle technique à cause de la présence d’un airbag Takata puisse accélerer leur mise au rebut, et que l’on ne déplore plus aucun décès.
Une route déserte rien que pour toi et n’importe quelle voiture : quelle route et quelle voiture choisis-tu ?

La montée de Pikes Peak en Porsche 718 Cayman GT4 RS. Le tracé de cette course de côte mythique associé à une voiture qui vous hurle dans les oreilles doublées d’une boîte qui passe les vitesses d’un battement de cils et d’un châssis qui répond au doigt et l’œil, ce serait franchement le Graal, même si un moteur turbo est plus approprié pour l’altitude. Toutefois, les routes de Corse avec la même auto pourraient me convenir.















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