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Chutes des ventes : les semi-conducteurs ne sont pas seuls en cause

Dans Economie / Politique / Marché

Michel Holtz

le marché automobile est dans le fossé et accuse moins 20,5 % au compteur des ventes du mois de septembre. Une baisse forcément liée à la pénurie des semi-conducteurs ? Si le manque de microprocesseurs allonge les délais de livraison des voitures neuves et font fuir les clients, d'autres raisons expliquent la débâcle.

Mercedes est en baisse de 42,6 % en septembre. De son côté, BMW chute de 16,2 %, pendant qu'Audi est en hausse de 2,2 %.
Mercedes est en baisse de 42,6 % en septembre. De son côté, BMW chute de 16,2 %, pendant qu'Audi est en hausse de 2,2 %.

Évidemment, lorsqu'on annonce à un client potentiel que pour prendre le volant de l'auto qu'il est prêt à acheter, il devra patienter un an, il hésite. Et souvent, il quitte la concession sans avoir signé le moindre bon de commande. Comme l'a démontré Pierre-Olivier Marie dans son enquête, la crise des semi-conducteurs, ces chips qui équipent toutes nos autos dans des proportions plus ou moins importantes selon qu'elles soient low cost ou premium, affecte réellement la distribution automobile.

Explique-t-elle pour autant le gros coup de grisou de septembre et la chute des ventes de 20,5 % enregistrée pendant ce mois de rentrée ? En partie oui, Mais en partie seulement. Car les chiffres, à la même période, n'ont fait que baisser depuis 2019. Cette année-là, 173 000 autos ont trouvé preneurs. L'an passé, septembre devait être marqué par la reprise après les mois de confinement. Patatras : seuls 168 000 autos ont été vendues à ce moment-là, pour en arriver au chiffre catastrophique de 2021 et ses 133 835 bons de commande signés seulement.

Ford est à la baisse de 37,8 % en cette rentrée.
Ford est à la baisse de 37,8 % en cette rentrée.

Si l'on peut donc imputer partiellement la chute spectaculaire du mois dernier aux microprocesseurs, ou plutôt à leur absence, la baisse des ventes n'est pas seulement conjoncturelle, mais bel et bien structurelle et dure depuis trois ans. Une désaffection pour l'achat d'une voiture qu'un autre indicateur souligne : c'est l'âge moyen du parc automobile français : il a beaucoup vieilli et n'a pas attendu la pénurie des semi-conducteurs pour cela. En 2015, il était de 8,9 millions de voitures, pour atteindre 10,6 ans en janvier 2020, juste avant la crise sanitaire.

Des catalogues pourtant remis aux goûts du jour

Mais alors, si les puces ne sont pas seules en cause, qu'est ce qui peut bien expliquer cette réticence des Français à entrer  dans un show room pour s'offrir une auto neuve ? Le manque de produits nouveaux ? Certes non. Les constructeurs n'ont jamais déployé autant d'imagination pour renouveler leur catalogue, qui pour nombre d'entre eux a été presque entièrement mis à jour ces trois dernières années. Et si ce désamour était lié à un certain ras-le-bol des contraintes liées à la circulation en voiture ? Des 80 km/h dont on ne sait plus très bien si elles sont encore en vigueur ou pas, aux contraintes liées à la circulation en ville, en passant par le prix des voitures. Elles coûtent, en moyenne, 27 000 euros et sont en hausse constante depuis des années.

Record absolu de hausse, Alpine s'offre +225 %. Avec 143 modèles vendus seulement, certes.
Record absolu de hausse, Alpine s'offre +225 %. Avec 143 modèles vendus seulement, certes.

À cette bouderie, s'ajoute un autre phénomène, jamais vu depuis que l'automobile existe : l'acheteur potentiel ne doit plus choisir une auto selon ses goûts et ses sous, mais selon ses besoins. Ainsi, en se rendant chez un concessionnaire, le vendeur ne lui demandera pas quelle auto il souhaite, mais comment il vit et quelles sont ses modes de déplacement (ou plutôt de mobilité). Il se rend chaque jour en voiture à son bureau à quelques kilomètres de chez lui ? Il pourra s'acheter une auto électrique. Il a les mêmes habitudes, mais doit, de temps en temps, effectuer des trajets plus longs ? L'hybride rechargeable est pour lui. Enfin, s'il passe ses journées sur la route, il pourra, à la rigueur, s'offrir une bonne vieille thermique. Et même, en cas extrême, rouler en diesel, à condition de ne plus mettre les roues en ville.

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Une ordonnance à la place du bon de commande

Bref, on n'achète plus une voiture : on se fait délivrer une ordonnance par le garagiste qui nous prescrit ce que l'on est en mesure de conduire. Ce côté médical de l'achat limite forcément le plaisir qui était, jusqu'à présent, l'un des principaux éléments déclencheurs de l'achat d'une auto. On se rendait chez le garagiste pour s'émerveiller, et l'on filait au salon de l'auto comme on allait chez Disney. Ces derniers sont moribonds, l'annulation du salon de Genève 2022 en est une nouvelle preuve. Quant aux premiers, ils voient leurs show rooms désertés.

Il convient d'ajouter à ces maux de l'auto, la peur de l'avenir qui saisit la plupart des automobilistes. Ils se posent des questions existentielles et se demandent ce qu'il va advenir de l'hybride quand l'électrique l'aura emporté ? Que deviendra leur électrique quand l'hydrogène aura gagné ? Ces questions empilées sur les autres soucis, embûches et pénuries de chips que connaît la filière automobile produisent l'un des cocktails les plus dévastateurs que cette industrie a connu. Et il n'est vraiment pas certain que lorsque la production de semi-conducteur aura retrouvé sa vitesse de croisière, les affres de l'auto auront définitivement cessé.

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