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Les terres rares sont-elles réellement des terres et sont-elles vraiment rares ?

Dans Economie / Politique / Industrie

Michel Holtz

L’INFO DU JOUR - L'Europe tente d'autonomiser ses fournitures en terres rares qui sont au cœur des tractations entre l’Occident et la Chine car elles sont vitales pour l’industrie, et surtout pour l’automobile. Mais qu’est-ce que ces terres ont de si rare, et pourquoi un tel bras de fer entre l’empire du Milieu et le reste de la planète ?

Les terres rares sont-elles réellement des terres et sont-elles vraiment rares ?
Une mine de terres rares à Mountain Pass en Californie. L'Amérique extrait 15% de la demande mondiale de terres rares. Loin derrière la Chine. Crédit photo : MaxPPP.

Extraire, raffiner, recycler. C’est le nouveau credo de Bruxelles ou, la semaine passée, Stéphane Séjourné, le vice-président de la Commission a présenté des mesures pour appâter les investisseurs désireux de se lancer dans l’exploitation des terres rares sur le Vieux Continent, du sol au retraitement. Au menu : 3 milliards qui seront débloqués à ces fins.

L’idée consiste, évidemment, à tenter de rivaliser avec la Chine, après le voyage d’Emmanuel Macron à Pékin, pendant lequel Xi Jinping n’a strictement rien lâché, et aucunement voulu corriger l’abyssal déficit commercial de la France par rapport à la Chine. Or, l’empire du Milieu produit, et revend au monde entier, et donc à l’Europe, pas moins de 70 % des terres rares produites sur la planète par le biais de Singapour. Tout juste a-t-il quelque peu consenti à livrer à l’Occident un peu de ces fameuses terres.

Objectif : mutualiser les achats

Mais malgré la volonté affichée, il est difficile pour l’UE de s’autonomiser en la matière. Sachant que les trois petits milliards lâchés ne sont qu’une goutte d’eau dans l’immense océan de besoins, Stéphane Séjourné a eu une idée : mutualiser les achats à la Chine et aux autres pays producteurs. L’UE achèterait les terres et les redistribuerait aux industriels par le biais des États membres. Des industriels parmi lesquels ceux de la filière auto sont au premier rang.

Mais en quoi les constructeurs et les équipementiers ont-ils tant besoin de ces fameuses terres ? C’est qu’elles servent à peu près à tout. Aux batteries, en premier lieu, et aux moteurs électriques qui contiennent du néodyme, du praséodyme et du dysprosium qui ne sont pas des médicaments sur ordonnance, mais bien des terres rares.

Sauf que si l’éclosion des VE a créé une explosion de la demande (et des prix), la bonne vieille auto thermique a elle aussi besoin de ces matières premières, et ce depuis plusieurs années. Les écrans multimédias contiennent du lanthane et le terbium, tout comme les freins et les éclairages LED. Même certaines vannes et certains pistons utilisent des alliages qui en contiennent.

Emmanuel Macron et Xi Jinping à Pékin la semaine dernière. Crédit photo : MaxPPP.
Emmanuel Macron et Xi Jinping à Pékin la semaine dernière. Crédit photo : MaxPPP.

Autant dire que sans ces terres, qui sont des minerais dans la vraie vie, peu d’autos sont aujourd’hui capables de sortir des chaînes. Mais au fait, pourquoi dit-on que ces terres sont rares ? En fait, elles ne le sont pas du tout. Et même en Europe, de nombreux gisements pourraient être exploités. Sauf que, contrairement aux minerais traditionnels, leurs gisements sont dispersés, d’où cette terminologie de rareté. Une rareté qui explique les prix élevés de ces minerais, puisque cette dispersion conduit à une extraction plus chère qu’un vulgaire minerai de fer, et sur des surfaces beaucoup plus étendues.

Du coup, ce terme un peu trompeur amène l’UE à ne plus parler de terres rares, mais plutôt de « matières premières critiques ». Ce qu’elles sont, et pas seulement pour leurs difficultés d’extraction.

Des terres essentielles bien au-delà de l’automobile

Ces minerais, majoritairement aux mains de la Chine, si elles ne sont pas toutes extraites dans l’Empire, sont quasi toutes raffinées là-bas. C’est donc un instrument parfait aux mains du pouvoir de Pékin, qui détient les clés, et exerce un pouvoir énorme sur l’industrie mondiale puisque, au-delà de l’automobile, la tech, du moins son hardware, des smartphones aux tablettes en passant par les ordinateurs ont un besoin vital de ces terres, et, C.Q.F.D., de la Chine.

Cette nécessité pour l’Occident de disposer de ses propres « matières premières critiques » n’est pas seulement préoccupante pour son industrie, mais aussi pour ses activités militaires. Les avions de chasse, mais aussi les missiles et les radars ont besoin de lanthanide, scandium et yttrium. Autant dire que le besoin de Bruxelles de constituer des stocks européens se fait pressant.

Sauf que cette volonté se heurte au bon vouloir des Chinois qui, non seulement sont plutôt conciliants avec la Russie de Vladimir Poutine, en refusant toute mesure de rétorsion à son encombre, mais tiennent, en quelque sorte, l’économie civile et militaire entre leurs mains. Si les terres rares ne sont pas si rares que cela, elles déterminent en tout cas, la géopolitique et l’économie mondiale.

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