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Qui doit être sauvé dans ses voitures autonomes ? Mercedes a tranché...

Dans Futurs modèles / Technologie

Michel Holtz

« Si vous savez que vous pouvez sauver au moins une personne, au moins sauvez celle qui est dans la voiture ». Le responsable de la sécurité et de l'assistance a choisi de préserver les conducteurs de ses futures voitures autonomes au détriment des piétons et des autres automobilistes. Une façon de trancher un dilemme douloureux et semblable à celui que l’héroïne de William Styron a dû résoudre dans le "choix de Sophie". Mercedes est-il pour autant un constructeur aux seules visées clientélistes sans le moindre respect pour autrui ? Pas forcément. Car un tel cas de conscience ne peut reposer uniquement sur les épaules des constructeurs.

Qui doit être sauvé dans ses voitures autonomes ? Mercedes a tranché...

L’étoile de Stuttgart a tranché. Dans les futures Mercedes autonomes, lorsque les calculateurs devront décider qui sauver, entre les quidams sur la chaussée, et ses propres passagers, elles choisiront de sauver ces derniers, au détriment des premiers. C’est du brutal, mais c’est ce que le patron du département de l'assistance à la conduite et de la sécurité de la marque explique au magazine Car and Driver, en indiquant que « Si vous savez que vous pouvez sauver au moins une personne, au moins sauvez celle qui est dans la voiture ». 

Salauds de riches ?

L’affaire a été rendue publique le 7 octobre dernier, et quinze jours après ? Rien. Ou pas grand-chose. Pas le moindre tollé en tout cas, pas grand monde pour hurler à l’égoïsme poussé à son paroxysme, aux salauds de riches qui s’offrent un premium allemand avec la garantie de sauver leur peau en écrasant les gueux.

À l’inverse, personne n’a clairement loué la générosité de Mercedes garant de la sécurité de ses clients. Comme si, même à l’ère de l’Internet, où chacun se cache et se lâche pour exprimer (parfois) ses opinions plus vite que sa réflexion, un tel sujet faisait peur. Et qu’au final, trancher dans un sens ou dans l’autre n’est pas si évident.

Meryl-Mercedes Streep

Ce silence, ce peu de barouf et cette gêne, sont ceux que l’on aurait pu adresser il y a quelques années à l’héroïne de William Styron, celle du Choix de Sophie du romancier américain, ou de son adaptation au cinéma par Alan J. Pakula. Le personnage interprété par Meryl Streep est sommé par un médecin du camp d’Auschwitz de choisir entre ses deux enfants celui qui vivra, et celui qui mourra. En cas d’indécision de sa part, les deux seront exécutés. Elle va sacrifier sa fille, au profit de son garçon, avant de se suicider quelques années plus tard.

Silence dans les rangs concurrents

Et si, après tout, et toutes proportions gardées, le choix de Mercedes était celui de Sophie ? Si la réponse livrée par Christoph Von Hugo, le boss de l’autonomie à Stuttgart, était une manière de trancher un dilemme insoluble. Que pouvait-il répondre d’autre ? Qu’il sacrifierait les occupants de ses voitures ? Inconcevable. Quel constructeur oserait affronter ses clients en leur promettant que leur sécurité s’arrêterait là où commencerait celle des autres ? Aucun.

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Le silence assourdissant de toutes les autres marques, tout aussi engagées dans l’autonomie des voitures, témoigne de ce malaise. Aucune réaction du côté de Volvo (une marque très axée sur la sécurité) ni d’Audi ou de BMW. Et aucun de ces constructeurs ne daigne répondre à la question cas de conscience : « Qui protégerez-vous ? Vos clients ou les passants ? ». Pourtant, comme l’expliquait à Raphaël Enthoven la philosophe Frédérique Leichter-Flack sur Europe 1 ce samedi, « il n’y a aucune raison de culpabiliser ce choix » expliquant que « c’est la société autour de la personne qui a dû choisir, qui contribue à produire cette culpabilité ». L’universitaire précise également qu’une société non dictatoriale doit justement éviter à ses citoyens d’être confrontés à pareil dilemme.

Le choix de tous, pas de Mercedes

Au final on ne saurait blâmer Christoph Von Hugo de sa déclaration. Car ce choix va se poser à tous ceux qui développent actuellement des voitures autonomes, c’est-à-dire la totalité des constructeurs automobiles. Tous seront confrontés à une décision ultime que leurs calculateurs devront prendre dans des cas extrèmes. Ceux ou les machines ne pourront sauver tout le monde. Ceux ou il faudra sacrifier l'un ou l'autre : le bus rempli d'enfants plutôt que le conducteur seul, ou le piéton qui traverse la chaussée, plutôt que le conducteur qui pour l'éviter verra sa voiture se précipiter dans un ravin. Des cas rarissimes et presque impossibles à trancher. Mais on peut sommer le législateur de décider, le moment venu, qui doit être sacrifié. Comme il le fait à chaque fois qu’un cas de conscience de la sorte se pose. Comme il l’a fait pour les médecins urgentistes qui y sont confrontés en cas de blessés en nombre dans une catastrophe, comme il l’a fait aussi pour les militaires sur le terrain des opérations. Le choix de Sophie ne doit pas être celui des conducteurs, des constructeurs ou des assureurs. Mais de la société, du moins de ses représentants.

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