Cette mesure s’adresse donc à toutes les personnes ayant les moyens financiers d’acheter une voiture neuve à la motorisation suffisamment puissante pour émettre plus de 251g de CO2 par km.

Sur le podium des véhicules de cette catégorie les plus vendus de ce début d’année, on retrouve ainsi à la première place l’Audi Q7 suivi du Volkswagen Touareg et de la Porsche 911, c’est dire si l’annualisation du malus concerne une frange tout à fait infime de la population, pour qui débourser 260€ supplémentaires chaque année ne pose aucun problème et ne sera absolument pas pris en compte au moment de l’achat d’un nouveau véhicule.

Infime d’accord, mais à quel point ? Selon le magazine L’Argus, le nombre de véhicules au-delà des 251g de CO2 par km vendus durant les quatre premiers mois de 2008 s’élève à 4493. Rapporté au total de 724 679 voitures écoulées en ce début d’année, cela représente 0,62% du marché. Impact du malus à l'achat sur le bilan global des émissions de CO2 ? Zéro.

Si l’annualisation du malus n’a aucune retombée écologique positive, est-elle au moins économiquement intéressante ?

Faisons un calcul simple en se basant sur les chiffres de début 2008. Selon Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’écologie, le montant s’élèverait à 260€. Multiplions ce chiffre par le nombre de voitures écoulées dans la catégorie des plus de 251g de CO2 par km sur les quatre premiers mois de l’année, soit 4493, et on obtient la somme de 1 168 180€. Face à la facture de 200 millions d’euros laissée par la mise en place du bonus/malus à l’achat au gouvernement, cela équivaut à une goutte de pétrole en moins dans une marée noire.

Ecologie ou pouvoir d’achat, il faut choisir

Le sacro-saint pouvoir d’achat a été le thème de prédilection de la dernière campagne présidentielle, suivi de près par celui de l’écologie. Malheureusement, ils sont en complète contradiction, privilégier l’un passant forcément par pénaliser l’autre. Ménageant la chèvre et le chou, le gouvernement se contente donc d’accumuler les effets de manche dans le domaine de l’écologie automobile en mettant en place une taxe qui pénalise une partie très restreinte du parc automobile français, les voitures essence haut de gamme, responsables pourtant d’une faible part des émissions et dont les propriétaires sont tout à fait à même d'allonger 260€ supplémentaires sans même sourciller et encore moins descendre dans la rue. Cerise sur le gâteau, il s’agit d’une catégorie où les constructeurs français sont extrêmement minoritaires…