George W. Bush a invité à Washington les délégués des 16 principaux pays pollueurs de la planète la semaine dernière : le but de la réunion était de préparer le terrain aux Etats-Unis avant la conférence Climat de Bali (décembre 2007) qui prendra une décision pour l'après-protocole de Kyoto. Ces pays représentent plus de 90% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Russie, Chine, Inde, Indonésie, Corée du Sud, Mexique, Brésil, Afrique du Sud et Australie). Les Nations unies, la présidence européenne, la Commission ont aussi été représentés (voir news).

Bush a alors affirmé : "Le changement climatique est un des grands défis de notre temps. Quand nous brûlons des combustibles fossiles, nous émettons des gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Je place ma démarche sous l'égide de la Convention des Nations unies sur le changement climatique. Ensemble, les pays fixeront un but à long terme de réduction des émissions. Chaque pays concevra ses propres stratégies afin de progresser pour atteindre le but à long terme."

Les Européens et les pays en développement ont refusé cette dernière approche. Agus Purnomo, membre de la délégation indonésienne, a indiqué au journal "Le Monde" : "Ce qu'a dit Bush aujourd'hui, il ne l'aurait pas dit il y a cinq mois ou il y a cinq ans. Ce n'est pas un grand saut mais c'est un petit pas, qu'on ne va pas sous-estimer. La demande de nos pays est que les Etats-Unis doivent adopter des objectifs de réduction. Les grands pays en développement travaillent sérieusement à réduire leurs émissions. Mais ils ne prendront pas des engagements spécifiques si les pays développés, qui ont accumulé les gaz dans l'atmosphère, ne font pas des pas significatifs." Les participants ont été satisfaits de la nouvelle préoccupation de Washington pour le réchauffement climatique mais ils ont regretté que le président américain ait évité la question d'un engagement de baisse des émissions par son pays, principal émetteur de gaz réchauffant la planète, comme le recommande le protocole de Kyoto.

Le représentant de la Commission européenne, Morgens Peter Carl, a ajouté : "Pour faire évoluer le système économique, il faut envoyer des signaux au marché. Cela passe par un prix du carbone qui ne peut s'établir que s'il y a des engagements contraignants des principaux pays." Les Européens ont décidé au printemps, unilatéralement, de diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre de 20 % en 2020 : selon eux, l'idée que chaque pays ferait de son mieux est déjà contenue dans la Convention sur le climat signée en 1992 ! Les pays craignent également que la rencontre organisée par l'administration Bush débute un processus diplomatique concurrent de celui engagé dans le cadre de la Convention sur le climat et du protocole de Kyoto. Mais la France a également proposé d'organiser vers mars 2008 une réunion des 16 principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre !

(Source : Le Monde)