Il est rare que ces capitaines d'industrie se dépareillent du discours feutré et consensuel qui se révèle souvent soporifique pour le commun des mortels. Mais il semblerait qu'avec Carlos Tavares on puisse faire l'économie de propos alambiqués. Le président du directoire de PSA a fait un point de situation sur l'état du blason tricolore depuis son arrivée. Il s'est félicité de la fin de la crise morale lancinante qui minait le lion et oxydé les chevrons, tout en prévenant que la crise économique était encore loin d'être résolue. Sur ce point, on verra, au mieux, en 2016.


Là-dessus, Carlos Tavares a élargi son propos pour regretter « le désamour pour l'automobile en Europe. » Et en quelques phrases, il dresse un état de la situation sans concession : « au-delà de la situation de PSA, je dois dire que je suis assez inquiet du désamour pour l'automobile en Europe. On l'accable de fardeaux qu'elle ne devrait pas avoir à porter. On pénalise le développement d'une industrie par des mesures fiscales, des restrictions d'usages et des atteintes à la liberté d'utilisation ».


Voilà. Il n'est pas allé jusqu'à parler d'autophobie, mais on a compris que cette dernière était lancinante. On le remercie de sa clairvoyance en regrettant le fait que si d'autres patrons de son niveau avaient la même trempe et leurs aînés avaient eu la même clairvoyance ces dernières décennies, on en serait peut-être pas là. Mais il est bien connu que dans tout milieu professionnel, certains font un métiers alors que d'autres jouent une carrière.