Le vent tourne dans la bagarre qui oppose les frères ennemis de Porsche et Volkswagen. Porsche qui jusque là menait le jeu n'est jamais parvenu à faire sauter cette "loi VW" qui l'empêche de prendre le contrôle opérationnel du groupe de Wolfsburg tant que le Land de Basse-Saxe détenant 20% de parts conserve son droit de véto.

La crise venant, Porsche très endetté a vu ses plans de croissance remis en cause et ses capacités de remboursement se réduire. Résultat, le groupe est fragilisé et doit négocier avec VW pour finaliser l'alliance.

Ferdinand Piëch qui joue un double ou triple jeu puisqu'il siège dans les 2 camps a toujours refusé de laisser les rênes du nouveau groupe aux responsables de chez Porsche et, conscient du retournement de situation, il persévère et enfonce le clou.

Il vient en effet de déclarer publiquement que le patron actuel de Porsche, Wendelin Wiedeking, n'avait pas la légitimité requise pour diriger le nouveau groupe né de la fusion entre Porsche et VW. Pour lui, seul Martin Winterkorn actuel patron de VW est capable de tenir ce rôle. Il a alors assez cyniquement précisé qu'il ne pensait pas que Wendelin Wiedeking accepterait de rester au sein du groupe avec un statut de second.

Il a ensuite répété la démonstration avec le directeur financier, jugeant celui de VW plus crédible que celui de Porsche ! Il a enfin terminé en affirmant que le siège de cette nouvelle entité serait bien basée à Wolfsburg, actuel QG de VW et qu'il n'imaginait pas son groupe devoir assumer la dette actuelle de Porsche. Histoire de bien alimenter les doutes concernant la capacité de Porsche à rembourser sa dette, Piëch les somme donc de régler leur problème d'endettement avant d'espérer signer un accord.

L'heure n'est donc plus au compromis mais bien à l'affirmation d'une domination retrouvée.

Et comme par hasard, on apprend que l'autorité des marchés financiers allemands, la BaFin, vient d'ouvrir une enquête sur des soupçons de manipulations de la part de Porsche lors de la tentative de prise de contrôle de Volkswagen. Pour affaiblir un peu plus Porsche dans cette lutte de pouvoir intestine, on ne s'y prendrait pas autrement.

via Reuters