Dès leur sortie en 1962, les roadsters Cobra sèment la terreur sur les circuits américains. Mais Carroll Shelby vise déjà plus haut: battre Ferrari, la référence absolue en Grand Tourisme.

"Quand un pilote a son compte de cicatrices, il commence à se chercher une autre profession" lâche soudain Caroll Shelby à l'envoyé spécial du "Post" de Denver. Après cette nouvelle victoire dans le Colorado qui le rapproche d'un nouveau titre US dans la catégorie "Sport", le grand Texan se pose de sérieuses questions sur son avenir. Après huit saisons d'une carrière bâtie à la force du poignet, émaillée de d'innombrables succès aux Etats Unis, d'une victoire au Mans en 1959 mais aussi de spectaculaires accidents, son plaisir de piloter reste pourtant aussi intense. Seulement, depuis quelques mois, une douleur aigue dans la poitrine le tenaille et l'épuise.

Shelby comme toujours fait face et oublie sa souffrance en course en se glissant des pilules de nitroglycérine sous la langue ! Aussi effarés que consternés par cette attitude "désinvolte", les médecins décident alors de tirer avec plus de force le signal d'alarme et Shelby finit par s'incliner. "Si je voulais construire la voiture de mes rêves, il valait mieux ne pas trop tirer sur la ficelle. Je devais sacrifier l'une de mes activités et la course semblait toute désignée, même si c'était la solution la plus pénible". Cela fait des années que le projet d'une sportive américaine capable de rivaliser avec les meilleures européennes lui trotte dans la tête. Fort des expériences en demie teinte de ses compatriotes Briggs Cunningham et Lance Reventlow qui ont failli engloutir leurs immenses fortunes dans des voitures trop exclusives, Shelby cherche à produire l'auto la plus fougueuse qu'il soit possible de fabriquer au meilleur prix.

Dans cette optique, un bon V8 américain, fiable et facile à entretenir, doit faire l'affaire tandis qu'un châssis européen, léger et maniable, doit compenser le manque de puissance. Après des contacts infructueux avec Austin Healey, le choix de Shelby se fixe sur la firme britannique AC qui produit alors un roadster rustique mais plutôt performant animé par un six cylindres Bristol. Pendant l'été 1961, il finalise son association avec AC et trouve dans le même temps un accord avec Ford qui va lui fournir à crédit des V8 4.2 litres. Shelby doit attendre février 1962 pour voir le premier prototype arriver dans ses ateliers de Californie. Pendant la traversée, il lui a déjà trouvé un nom: "Je fis un rêve où je vis le nom Cobra inscrit sur la calandre de la nouvelle voiture. Réveillé, je compris que j'avais mis le doigt sur le nom. Il fallait que ce fût celui-la."

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