Voilà un sacré bout de temps que les voleurs de voitures sont des geeks. Voilà quelques années que la clé USB a remplacé celle qui permet de crocheter une serrure. Mais jusqu’ici, après avoir piraté les ouvertures d’une auto, ils devaient s’installer à bord et prendre le volant. Au risque de se faire arrêter au premier contrôle venu. Pénible. Mais les conditions de travail de nos voleurs pourraient grandement s’améliorer d’ici pas longtemps. Le progrès aidant, ils pourraient devenir des adeptes du télétravail. Planqués à la maison, derrière un simple ordi, il leur suffira bientôt de quelques clics pour que la voiture convoitée vienne jusqu’à eux. Ce vol de bagnole en pantoufles pourrait bien émerger dès la mise sur le marché des voitures autonomes. Car, après tout, un engin qui se contrôle tout seul grâce à son informatique embarquée, une connexion et un GPS peut parfaitement être dirigé vers l’endroit qu’une main malhonnête, mais experte, lui aura indiqué. Et le voleur geek de faire venir vers son garage la voiture convoitée au nez et à la barbe de son propriétaire, et des forces de l’ordre, s’il a pris soin de brouiller la destination. Le tout, sans prendre de risques physiques. Pire encore : enlever un quidam, pour une rançon ou un acte de terrorisme, ne sera pas plus compliqué puisqu’il suffirait d’attendre qu’il soit tranquillement installé dans son auto pour bloquer les portes, en prendre le contrôle, et lui indiquer le chemin à suivre.

Jeep et BMW : les premières victimes

Évidemment, cette vision cauchemardesque d’un avenir plutôt proche est un poil paranoïaque. Pourtant, quelques éléments récents font sacrément froid dans le dos, et sont de nature à faire naître des vocations. Comme cette expérience réalisée par deux ingénieurs au service du magazine américain Wired. Ils ont pris le contrôle d’une Jeep Cherokee sans aucun problème.

Voitures autonomes : l’eldorado des voleurs d’autos ?

Jeep Cherokee : les hackers américains ont pris le contrôle du SUV


Bien sûr, le SUV n’étant pas autonome, ils se sont contentés de freiner à distance, ou de couper le moteur. Quelques mois auparavant, c’est l’allemand BMW qui était victime du même type de hacking, toujours pour démontrer la vulnérabilité de ces systèmes.

Du retard à l’allumage pour les voitures autonomes ?

Du coup, à Munich comme à Detroit chez Jeep, et partout ailleurs sur la planète auto, on ne rigole plus du tout avec ce phénomène. Les équipes se constituent pour trouver la parade. Tesla a carrément recruté des hackers pour se pencher sur la question. La solution est simple, du moins sur le papier : blinder et sécuriser un maximum les systèmes embarqués. Doubler, voire tripler les connexions comme sur un avion de ligne, depuis longtemps confronté à ce type de problème. Sauf qu’un Airbus, c’est un peu plus cher qu’un Cherokee, même très bien équipé. Sur un A380 affiché à 428 millions de dollars, la différence de coût pour une protection informatique valable ne risque pas de faire fuir les acheteurs. Même si elle atteint plusieurs milliers de dollars ou d’euros. Mais pour un simple SUV, c’est une autre affaire. Une affaire qui devrait donner quelques migraines aux ingénieurs de toutes les grandes marques embarquées dans l’aventure de la voiture autonome. Une affaire qui pourrait bien ralentir quelque peu le débarquement sur nos routes des autos qui roulent toutes seules.