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Carlos Ghosn victime d’un acharnement ? Pas vraiment

Dans Economie / Politique / Industrie

Michel Holtz

Il est de bon ton d’accuser la justice japonaise de s’obstiner, de torturer et d’infliger les pires sévices (mentaux) à l’ex-PDG de l’Alliance. Mais non seulement la procédure, celle d’un pays démocratique, est respectée, mais l’homme a quelques bonnes raisons de se les voir infliger.

Carlos Ghosn victime d’un acharnement ? Pas vraiment

Quelle curieuse tradition que celle, très française, qui consiste à prendre la défense de la veuve et de l’orphelin, ce detnier fût-il milliardaire et traînant derrière lui quelques wagons de casseroles. C’est sur la base de ce principe hexagonal, que les milieux économiques, mais aussi journalistiques, suivis de la cohorte des aficionados de la chose automobile se sont offusqués de l’arrestation de Carlos Ghosn, le 19 novembre dernier, comme de son retour derrière les barreaux ce jeudi. Et de hurler à l’injustice de la justice japonaise. Et de vilipender ses méthodes de tortures moyenâgeuses. Sa femme, qui a réussi à fuire le pays et à regagner la France samedi, lance carrément un appel à Emmanuel Macron pour qu'il tire son mari du pétrin nippon.

 

L'intérieur de la prison de Kosuge ou est détenu Carlos Ghosn
L'intérieur de la prison de Kosuge ou est détenu Carlos Ghosn

C'est que le pauvre homme aurait, semble-t-il, quelques excuses et ne mériterait pas ce traitement. Certains, comme Michel Villette, sociologue et spécialiste des entreprises, d’oser jusqu’à justifier l’attitude, et les détournements supposés de l’ex-boss, en expliquant, dans une émission de France 24 à laquelle participait d’ailleurs Pierre-Olivier Marie, que Ghosn avait une attitude de « gagne-petit » par rapport à ses collègues. On se pince, on respire un bon coup et on réécoute l’universitaire. Ce qu’il nous apprend, en gros, c’est que Carlos souffrait d’un complexe par rapport à Bernard Arnault et François Pinault, les duettistes des relevés bancaires avec pleins de zéros. Mais Michel Villette rappelle tout de même un détail plutôt essentiel : l’homme de l’Alliance est salarié, alors que les deux autres sont propriétaires de leur entreprise, et font ce que bon leur semble de leur argent. Une différence de taille. N’empêche qu’il souffre dans sa geôle de Kosuge, la fameuse prison tokyoïte.

Une procédure dans les règles

Une souffrance, et un régime à base de riz et d’interrogatoires quotidiens, qui semble heurter en France. Soit. Reste que selon les médias locaux, et les hommes de loi japonais, Ghosn n’est pas vraiment traité, comme on peut le lire et l’entendre trop souvent par ici, « plus durement parce qu’il est riche et qu’il doit servir d’exemple aux pauvres ». Bien au contraire. Il semblerait même que le procureur de Tokyo, en le libérant moyennant une caution rondelette a fini par céder aux pressions occidentales. Ce qui signifie que, sans le tollé français, et européen, le prisonnier vedette n’aurait jamais quitté sa cellule. On comprend donc mieux l’empressement dudit procureur de faire arrêter à nouveau son « client » grâce au premier élément venu, en l’occurrence une affaire de transit d’argent vers le sultanat d’Oman. En cela, le magistrat japonais n’a nullement enfreint la loi de son pays, ce qu’il convient de rappeler. Lequel pays est aussi démocratique que le nôtre, même si sa législation judiciaire est plus dure qu’ici, comme aux États-Unis d’ailleurs, et que nos règles de la garde à vue ne s’y appliquent pas.

Une liste de griefs longs comme un hiver à Kosuge

La loi japonaise s’applique donc à l’ex-roi Carlos, d’autant que l’homme est tellement chargé en fraudes supposées, qu’elles font passer Bernard Tapie pour un simple voleur d’orange. La liste est trop longue pour les égrener toutes et transformerait cet article en bottin de la Seine Et Marne. Citons, tout de même, et en vrac ce qui lui est repproché : près de 60 millions d’euros dissimulés au fisc nippon, près de 14 millions d’euros pris dans les caisses de Nissan pour rétablir ses avoirs perdus lors de la crise de 2008. Mais si le patron de l’Alliance était prodigue envers lui-même, il l’était aussi avec ses proches. Les études de ses enfants ? Réglés par Nissan. Le salaire (fictif) de sa sœur et son appartement à Rio ? Idem, et pendant deux décennies de surcroît. Son mariage en grande pompe et avec les grandes eaux à Versailles ? Cadeau nuptial de Renault. Comme la mise de fonds destinée à son fils qui a transité par Oman.

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Une intervention française ultra-prudente

Autant d’éléments plutôt à charge, retenues par la justice japonaise. Mais qui n’empêchent pas le premier intéressé d'expliquer qu'il est victime d'un complot. Une ligne de défense qu'il devrait à nouveau appuyer dans la vidéo qu'il a enregistré avant son arrestation et qui sera diffusée dès demain. Sauf que nombre d’hexagonaux le suivent sur ce terrain et demandent au gouvernement français d’intervenir. Ce que Jean-Yves le Drian, ministre des Affaires Étrangères a fini par faire, avec toute la prudence nécessaire, rappelant simplement à son homologue japonais « que la France respectait totalement la souveraineté et l'indépendance de la justice japonaise. Et l’attachement (de la France NDLR) au respect de la présomption d'innocence et la pleine application de la protection consulaire ». Un service minimum d’autant plus compréhensible que rien, dans la procédure concernant Carlos Ghosn, n’est réalisé en dehors des clous.

À tricheur, tricheur et demi

Certes, il est assez évident que Nissan a amassé un dossier suffisamment énorme pour faire tomber son propre patron à la première incartade (comme la transformation de l’Alliance en groupe) et que, sentant le boulet se rapprocher, elle a livré les éléments à la justice. Pour autant, le complot en question n'estompe en rien les accusations premières Du coup, faut-il s’apitoyer sur le sort du locataire de Kosuge ? Après tout, le stratège qu’il est, capable de tirer Nissan d’une faillite possible et de maintenir Renault à flot, a largement péché par orgueil. Lorsque l’on gère une telle entreprise, l’on doit, au minimum, être conscient du fait que ses nombreuses incartades laissent des traces comptables faciles à utiliser contre soi-même. Excès de confiance envers sa garde rapprochée ? Opinion tellement haute de lui-même qu’il s’est senti inatteignable ? les deux mon chairman. Mais il a surtout négligé un élément, un vieux dicton, qui explique qu’un tricheur, même de génie, doit toujours se méfier d’un tricheur et demi.

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