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Edition 2019 - Le Dakar est-il en phase terminale ?

Dans Sport Auto / Rallye raid

Michel Holtz

L’épreuve qui a quitté l’Afrique depuis dix ans s’enlise dans les dunes péruviennes et ne semble plus passionner grand monde. La faute aux conditions économiques difficiles des pays traversés ou aux problèmes géopolitiques ? La faute, aussi, au temps qui passe et qui ringardise les tocades du siècle dernier.

Edition 2019 - Le Dakar est-il en phase terminale ?

C’est un anniversaire passé totalement inaperçu, comme l’événement lui-même d’ailleurs. Car le Dakar fête cette année ses 40 ans et son édition 2019 s’achève ce jeudi, dans une indifférence quasi générale. Aujourd’hui est aussi un autre anniversaire, plus dramatique, celui de la disparition de Thierry Sabine, le créateur de l’épreuve le 14 janvier 1986. Mais 32 ans plus tard, hormis Sébastien Loeb, dont la victoire n’est pas acquise, qui saura citer le nom d’un pilote de cette course ? Nasser Al-Attiyah ? Jakub Przygonski ? Ils figurent pourtant parmi les favoris au même titre que l’Alsacien.

Une bonne audience télé acquise par défaut

Aujourd’hui, le Dakar est peut-être définitivement ensablé dans les dunes péruviennes et si France Télévision en retransmet tous les jours quelques images sur France 3 et France 4, leur succès, notamment celui du « Journal du Dakar » sur la 3 à 20h45, provient principalement de l’accumulation des tunnels publicitaires sur les chaînes concurrentes. Entre des spots pour des déodorants d’aspirateurs et des voitures qui dansent dans le sable, les téléspectateurs ont choisi. Mais un choix par défaut ne fait pas un succès et cette belle audience n’est pas vraiment liée à l’intérêt de la course, laquelle semble en perdre chaque année un peu plus.

Sébastien Loeb et Daniel Elena au volant de leur Peugeot 3008 DKR non officielle.
Sébastien Loeb et Daniel Elena au volant de leur Peugeot 3008 DKR non officielle.

On peut incriminer le temps qui passe dans ce désamour des foules pour le rallye-raid, un truc tellement lié à la fin du XXe siècle. Une époque où les pilotes, les people, les patrons de PME fortunés et d’authentiques amateurs trouvaient, entre Tamanrasset et Agadez, un terrain de jeu et d’aventure savamment encadré, et une bulle de trois semaines pendant laquelle ils pouvaient se confronter à la vraie nature du désert hostile, une bulle où l’homme se trouvait face à lui-même et à ses limites (sic).

Évidemment, les hélicoptères et les assistances diverses ont toujours veillé au grain, mais l’illusion a perduré pendant une vingtaine d’années. On peut d’ailleurs se demander pourquoi le grand public, qui aujourd’hui se précipite sur les SUV, ces faux 4x4, s’est détourné du Dakar qui a tant glorifié les camionnettes qui vont vite.

En 2019, une épreuve raccourcie

Mais le véritable ensablage du Dakar n’est peut-être pas lié au public qui a fini par bouder l’épreuve, mais à la géopolitique. Les menaces islamistes ont fait déguerpir la caravane qui a quitté l’Afrique et traversé l’Atlantique. La course s’est ainsi déroulée, à partir de 2009, entre l’Argentine, la Bolivie, le Paraguay, le Chili et le Pérou. L’intérêt pour l’affaire a commencé à s’émousser avec ce changement de continent.

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Mais cette année, il est encore plus flagrant. C’est que pour recevoir le Dakar, les pays et villes « hôtes » paient cher, selon la méthode mise en place sur le Tour de France, puisque ASO (Amaury Sport Organisation) est propriétaire des deux épreuves. Or, la trésorerie des pays sud-américains n’est pas folichonne et, lorsque l’on met en place une politique d’austérité, il est assez difficile de faire comprendre à sa population contribuable l'intérêt de mettre la main à la poche pour satisfaire au plaisir de quelques Européens en mal de sensations. Résultat : l’édition 2019 se déroule pour la première dans un seul pays : le Pérou, au cours d’une épreuve en boucle - qui débute et se termine à Lima - durant 11 jours, dont une journée de repos. La course se raccourcit, et son intérêt faiblit.

Une course ou une « école des fans » ?

Devant cette lente agonie, certains sortent du bois et dénoncent. C’est le cas de l’un des piliers du rallye-raid : le belge Jean-Marc Fortin. Le navigateur et team manager balance. Dans une interview livrée au quotidien belge Le Soir, il compare le Dakar nouveau à l’école des fans : « cette année, des gars qui auront abandonné en première semaine pourront reprendre le train la semaine suivante ! Ce sera un Dakar “Jacques Martin”, où tout le monde finira bien par gagner quelque chose. »

Le Belge, qui compte en terminer avec le rallye-raid, n’est pas le seul à vouloir lâcher l’affaire. Daniel Elena est aussi de ceux-là. Le copilote de Sébastien Loeb s’est fâché tout rouge après une erreur commise par les organisateurs dans le road-book de la course. Une bourde qui n’a pas ébranlé la direction de la course. Et le navigateur de répliquer : « quand je fais une erreur, je la reconnais. Je suis très déçu de voir que les personnes qui gèrent un événement avec la renommée du Dakar n’en sont pas capables. » Pour lui, c’est clair : « mes prochains mois de janvier ne se passeront plus avec vous. »

Un avenir incertain

Que restera-t-il du Dakar sans ses dernières stars, Sébastien Loeb et Daniel Elena ? Peu de choses, et même le retour en Afrique, loin d’être gagné mais envisagé par les organisateurs, ne sauraient rendre à la course une aura (usurpée ou pas) qu’elle avait il y a vingt-cinq ans. Les voitures, les motos et les camions retrouveront le Sahara, on en reparlera, un peu, on s’en étonnera, s’en réjouira ou pas, et chacun retournera à ses occupations, sans se préoccuper d’une course qui n’intéresse plus que ceux qui y participent.

 

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