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Ford Blanquefort et son curieux candidat à la reprise

Dans Economie / Politique / Social

Michel Holtz , mis à jour

L’affaire secoue le landerneau politique. En refusant l’offre de reprise de son usine de Blanquefort, le constructeur américain aurait fait acte de « trahison » selon Bruno Lemaire, quant au délégué CGT de l'usine, Philippe Poutou, il est sur la même ligne que le ministre du budget. Mais ce repreneur désavoué est-il réellement au-dessus de tous soupçons ?

Ford Blanquefort et son curieux candidat à la reprise

Personne n’y était jamais parvenu, mais Ford a réussi l’exploit de mettre d’accord Philippe Poutou et Bruno Le Maire. Et c’est en tant qu’ennemi commun que le constructeur américain est désigné par le militant anticapitaliste et le ministre du budget. Leur convergence des luttes ? L’usine de Blanquefort que le groupe de Dearborn refuse de céder au belge Punch Powerglide, alors que ce dernier souhaite reprendre la moitié des 850 salariés de l’unité de production. On peut s’interroger sur ce refus et se demander pourquoi l’Américain ne veut pas vendre Blanquefort, rassurer le personnel, et éviter ainsi une campagne désastreuse pour son image et, a fortiori pour ses ventes de voitures en France. D'ailleurs le #boycottford fleuri déjà sur les réseaux. Au lieu de récolter les fruits de cette cession, la marque préfère donc payer rubis sur l’ongle un plan social cher et important. Curieuse démarche pour un groupe qui a pourtant toujours géré ses affaires au dollar près. Il était d’ailleurs le seul des big three du pays de l’Oncle Sam (Ford, General Motors, Chrysler) à avoir évité la faillite lors de la crise financière de 2008.

LA CGT, comme le ministère, consciente du passé du repreneur

Et si les doutes du board américain avaient quelques fondements ? Et se focalisaient notamment sur le passé de Punch Powerglide qui n’est pas, tant s’en faut, un équipementier de la taille de Valeo ou Faurecia. La société a été créée de toutes pièces il y a cinq ans seulement, lors du rachat d’un autre site de production, d’un autre constructeur américain et qui lui aussi fabriquait de boîtes automatiques. Il s’agit de l’usine General Motors de Strasbourg. Un rachat d’ailleurs encouragé par le ministre de l’économie de l’époque qui n’était autre qu’Emmanuel Macron. Un rachat qui, en 2013, s’était accompagné d’une promesse d’investissement de l’entreprise belge à hauteur de 150 millions d’euros sur le site.

L'usine Punch de Strasbourg
L'usine Punch de Strasbourg

En échange, GM mettait lui aussi de l’argent sur la table (93 millions d’euros tout de même) et les collectivités locales en faisaient autant. Punch, dans la foulée, promettait aussi de nouvelles embauches sur le site alsacien. De 1 100 salariés, celui-ci devait passer à 1 500. Or, 7 ans plus tard, l’effectif ne dépasse pas 930 personnes. Quant à l’investissement promis, il n’a jamais dépassé 10 millions d’euros, obtenus grâce à un prêt bancaire. Le plus étonnant dans cette affaire, c’est que cette réputation peu flatteuse de Punch est parfaitement connue de la CGT, qui l’a même exposé dans l’un de ses tracts du mois de mars (lien). Et le délégué CGT de Blanquefort n’est autre que Philippe Poutou qui ne décolère pas depuis deux jours, et juge la position de Ford « dégueulasse » en se promettant d’entraver la décision de l’Américain.

Le Bernard Tapie belge

Le même Philippe Poutou comme Bruno Le Maire, qui souhaitent acter la vente de Blanquefort au groupe Punch, connaissent également celui qui se cache derrière cette entreprise. Il s’agit de l’homme d’affaires flamand Guido Dumarey, surnommé le Bernard Tapie belge, parce qu’il en aurait hérité la méthode : le rachat d’entreprises à tour de bras. Des entreprises plutôt en difficulté, et plutôt du type de celles que l’argent public viendrait aider pour se sortir des difficultés. C’est ainsi qu’il a racheté les jantes BBS en 2009, pour les liquider deux ans plus tard. Il s’est également offert, toujours avec son groupe Punch, une usine du côté de Crépy en Valois. Elle a brûlé un an après.

Guido Dumarey
Guido Dumarey

Le personnage est donc sulfureux, et Philppe Poutou en est conscient. Le délégué CGT demande tout simplement, toujours dans son tract, que Ford paie Punch, à la manière de GM, qui lui a versé 93 millions à Strasbourg. Mais la confédération souhaite également que le constructeur construise un centre de recherche et développement en Aquitaine et passe commande au repreneur. Du coup, Ford ferait mieux de rester à Blanquefort en somme. Ce que l’Américain refuse, évidemment. D’autant que, selon plusieurs sources, le départ de l’ovale bleu de la vieille Europe est en passe d’être acté à Dearborn et pourrait se produire dans un délai de deux à trois ans, tout comme General Motors l’a fait en soldant sa présence sur le vieux continent par la vente d’Opel à PSA. Et si c’est effectivement le cas, on comprend un peu mieux les réticences (sans pour autant les adopter) de Ford à laisser reprendre son unité de Blanquefort, sachant que même s’il consent à vendre l’usine à Punch, il restera pénalement et financièrement responsable de ce qu’il y adviendra durant une durée fixée par contrat.

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2018.03.30 Tract repreneur Punch.pdf

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