L’Europe souhaite-t-elle ouvrir l'âge d’or de la petite voiture ?
Lors d’une conférence-débat la Société des ingénieurs de l’automobile propose de repenser la voiture populaire et d’en définir les contours. Un pas de plus vers les kei cars européennes ?

Depuis deux décennies, l’automobile européenne s’est muée en un concentré de technologies, d’assistances et d’écrans. Mais cette complexité répond-elle vraiment aux attentes des conducteurs ?
Lors des récentes rencontres-débats de la Société des Ingénieurs de l’Automobile (SIA) les intervenants ont mis en avant la nécessité de créer une nouvelle catégorie de voiture calquée sur le modèle de Kei cars japonaises.
Une dérive, un paradoxe
Toujours plus. Plus grosse, plus lourde, plus sophistiquée, plus chère… Depuis plus de 20 ans le monde de l’automobile ressemble à une course à l’armement.
Aux voitures de plus en plus performantes, répond l’usage réel des Français, majoritairement pour de courts trajets quotidiens inférieurs à 50 km. Le prix du neuf, lui, ne cesse de grimper, excluant de fait une partie croissante des ménages. « Nos voitures sont devenues disproportionnées », résume Laurent Hecquet, directeur du MAP, l’observatoire des experts de la mobilité.
La voiture populaire, une histoire européenne
Le constat est désormais partagé. La transition électrique semble surtout profiter aux véhicules les plus lourds et les plus margés. Dans ce contexte, proposer un « nouveau type » de petite voiture n’est plus une fantaisie d’ingénieurs, mais une réponse à un vide social et territorial.
Des années 1950 aux années 2000, l’Europe a vécu deux âges d’or de la voiture populaire : la 2cv, la Fiat 500, plus tard la Renault 5 ou la 205 ont incarné une mobilité accessible et robuste. Mais cette époque s’est refermée. En vingt ans, le segment A s'est rabougri en perdant 70 % de ses immatriculations et peser à peine 6 % du marché national du neuf.
Des réponses éparses autour d’un thème unique
Quasiment tous les acteurs, invités par le SIA, défendent l’idée d’une voiture électrique sobre et légère, « vendue autour de 10 000 € ou proposé pour un loyer d’une centaine d’euros par mois » (Caprgemini). Le GERPISA propose de son côté la création d’une nouvelle catégorie européenne, le VESA, entre le quadricycle léger et la voiture. Mais pour l’heure l’idée la plus aboutie semble celle de Segula Technologies et de sa plateforme ultralégère (ULP) pouvant servir de base à une génération entière de petits modèles.
Le projet ULP (Ultra Light Platform), est de fournir une base technique totalement nouvelle, modulable et ultra-légère, pour permettre aux constructeurs européens de produire de petits véhicules électriques sobres, sûrs et abordables.
Une plateforme plusieurs solutions
L’ULP vise une masse de 500 à 600 kg hors batterie, soit 30 à 40 % de moins qu’une citadine électrique classique, grâce à des aciers à haute résistance et des structures optimisées. La plateforme accepte des longueurs de 2,30 m à 3,70 m, des batteries de 6 à 42 kWh, des motorisations 48 V ou 400 V, et des vitesses allant de 45 à 130 km/h. Un constructeur pourra acheter les pièces seules, une base roulante ou un véhicule complet prêt à industrialiser. Une mutualisation de la technologie. Comme cela se passe au Japon avec les Kei cars. Cela permet des gains de R&D, d’industrialisation et de viser un prix cible de vente compris entre 8 000 € et 20 000 € selon le type de véhicules. Avec ABS et airbags pour atteindre une sécurité de trois à quatre étoiles Euro NCAP.
Il ne s’agit donc plus de savoir si l’on « peut » inventer une nouvelle petite voiture européenne.
Les technologies existent. Les plateformes s’esquissent. Les usages le justifient. Mais, le veut-on vraiment collectivement ?

















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