L’heure de vérité a sonné pour les constructeurs automobiles chinois
Après des centaines de milliards d’euros dépensés pour porter la croissance de ses marques automobiles (principalement électriques), l’administration chinoise a décidé de ne plus les subventionner. C’est l’heure de vérité pour les constructeurs automobiles chinois.

230,8 milliards de dollars. Voilà ce qu’aurait dépensé l’administration chinoise entre 2009 et 2024 pour aider son industrie automobile locale à se développer. On peut dire que cette stratégie a produit des effets puisque les marques automobiles chinoises ont réussi à prendre le contrôle du marché domestique, chassant Volkswagen de sa position de premier constructeur du pays et revendiquant désormais la majorité des parts de marché là-bas.
Cette stratégie, focalisée sur le développement des voitures électriques en investissement massivement dans cette technologie et en maîtrisant totalement sa chaîne de valeurs (avec l’aide des constructeurs automobiles européens et américains qui ont longtemps bénéficié de ses coûts de fabrication imbattable), a également permis aux constructeurs chinois de devenir de vrais acteurs à l’exportation. Jusqu’en Europe où BYD et surtout MG se sont implantés dans le parc automobile actuel, avec de nombreuses autres marques qui espèrent atteindre bientôt des volumes de vente significatifs (XPeng, Geely, bientôt Chery, GAC…).
D’après les journalistes de Reuters, l’industrie automobile chinoise a exporté ses voitures vers plus de 200 pays dans le monde sur les neuf premiers mois de l’année 2025. Ces exportations ont généré plus de 48 milliards de dollars de revenus sur cette période.
Changement de stratégie pour la Chine sur l’automobile
Mais attention, l’administration chinoise vient de valider l’un de ses plus gros changements stratégiques en matière d’industrie automobile. Alors qu’elle injecte toujours actuellement des subventions énormes qui permettent aux marques locales de proposer des modèles électrifiés dont le prix reste sous les 20 000 dollars en Chine même sur des formats familiaux, elle a acté comme le rapportent les journalistes de Reuters la fin des aides réservées aux constructeurs automobiles dans son nouveau plan d’investissements stratégiques pour les années 2026,2027, 2028, 2029 et 2030.
Les conséquences de ce changement stratégique, s’il se traduit bien dès 2026 par un arrêt du système de subventions contribuant à abaisser significativement le prix de vente des voitures neuves chinoises, paraissent énormes : alors que la Chine compte toujours plus de 150 constructeurs différents dont beaucoup restent loin du seuil de rentabilité, le gouvernement estime que cette industrie automobile a atteint le point de bascule et n’a plus besoin qu’on l’aide. Surtout, l’administration a constaté que ces aides pouvaient aussi avoir des effets pervers et contre-productifs sur le marché automobile avec un détournement d’une partie des subventions et le soutien à perte de certaines sociétés économiquement non viables.
Les constructeurs chinois vont donc devoir se débrouiller seuls et on imagine que de très nombreuses marques dépendantes de ces subventions ne survivront pas à leur arrêt. Si cette industrie automobile chinoise est devenue forte au point que ses groupes de pointe se battent au niveau mondial face à leurs concurrents européens, américains, japonais ou sud-coréens, le gouvernement aura réussi son pari.
Des géants aux pieds d’argile ?
Mais comme on l’a vu récemment avec les derniers résultats financiers fournis par le leader chinois BYD, dont les bénéfices ont chuté sur la première partie de l’année 2025, il n’est quand même pas certain que ces grands groupes puissent se passer totalement des aides mises en place depuis longtemps par l’administration centrale et les collectivités locales. Personne n’est capable de dire comment va évoluer l’industrie automobile chinoise sans ces perfusions qui ont largement contribué à son essor. Après avoir eu accès pendant des années à des autos électriques et hybrides rechargeables disponibles à des tarifs imbattables, la clientèle chinoise va-t-elle continuer à acheter autant de voitures neuves ? Rien que l’effondrement du marché chinois, qui reste de très loin la première source de bénéfice pour les marques locales avec plus de 30 millions de voitures neuves vendues annuellement, serait une véritable catastrophe pour elles.














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