La remontada en trompe-l’œil de l’auto allemande
l’INFO DU JOUR - En novembre, les ventes de voitures outre-Rhin ont connu leur cinquième hausse consécutive depuis cinq mois, dopées par des aides gouvernementales aux consommateurs comme aux industriels. Sauf que cette embellie ne profite pas aux marques allemandes

On l’a enterré trop vite, et sans même se l’avouer, et en bon cancre, on voyait d’un bon œil les défaillances du premier de la classe. Car en France, comme ailleurs en Europe, l’Allemagne et son industrie automobile ont toujours suscité de la jalousie.
Alors, lorsque les ventes des autos premium made in Outre-Rhin se sont effondrées en Chine, que les États-Unis ont installé des barrières douanières et que les autos électriques fabriquées du côté de Wolfsburg n’ont pas eu le succès escompté, on a compati, bien sûr, mais non sans arrière-pensée, en constatant que le patron de l’Europe n’est plus l’intouchable qu’il a été. Se serait-on trompé ? L’auto allemande serait-elle en train de se relever ?
Bonus et électricité au rabais
C’est du moins ce que laissent entrevoir quelques chiffres et la forte implication du gouvernement de Berlin pour sauver son soldat auto. Mais les premiers peuvent être trompeurs, et la seconde pourrait faire fausse route.
Friedrich Merz a décidé d’aider son industrie au travers d’un retour du bonus électrique. Celui-ci est de l’ordre de 3 000 à 4 200 euros et s’applique aux autos neuves ou d’occasion jusqu’à hauteur de 100 000 euros. Une cible extra-large qui devrait coûter entre 2 et 3 milliards d’euros.
Mais si le gouvernement fédéral entend aider les clients à acheter des autos, il entend aussi aider les constructeurs à les fabriquer. Comme les freins aux subventions directes aux entreprises sont très serrés dans l’Union, l’équipe de Friedrich Merz a eu une idée : il suffit de faire baisser le prix de l’électricité que paie cette industrie, très énergivore.

Et le cadeau est d’envergure, puisque l’auto, mais aussi la chimie, va bénéficier d’un tarif du kWh divisé par trois pendant trois ans. Une opération qui devrait coûter aux pouvoirs publics entre 3 et 5 milliards, ce qui, ajouté au nouveau bonus, devrait porter l’addition finale de ces aides à près de 8 milliards d’euros, dont une partie est imputée au budget 2026 qui vient d’être adopté, avec une harmonie qui laisse rêveur, même s’il va aggraver la dette du pays de 180 milliards.
L’Allemagne qui a donc choisi l’investissement plutôt que l’austérité pour que son industrie reprenne son souffle. Pour autant est-elle sauvée ? Les ventes de voitures sont en hausse Outre-Rhin et ce, depuis cinq mois consécutifs et en novembre, elles ont progressé de 2,5 %. Fort bien. Des scores dopés par le succès des autos électriques ? Pas de souci.
Le jackpot chinois
Sauf que le nouveau bonus mis en place par Berlin est réservé aux foyers modestes qui se tournent, logiquement, vers les VE les moins chers. Des autos que les constructeurs allemands ne fabriquent pas, mais dont les constructeurs chinois raffolent. Or, Berlin n’a pas osé le protectionnisme européen et le peu cher MG comme le plus généraliste Byd en profitent plus que largement et ont vu leurs ventes exploser et progresser de 50 % depuis le début de l’année.
Du côté des marques allemandes, c’est pas la joie. BMW se maintient, Volkswagen limite les dégâts, mais Mercedes et Porsche plongent. Alors la VDA (la fédération des constructeurs allemands) fait ses comptes et maintient ses prévisions sombres et ses 50 000 emplois qui risquent d’être perdus par la filière. Malgré les bonus, l’électricité au rabais et un semblant de remontada.















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