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Le grand soir de Renault, c’est demain matin

Dans Economie / Politique / Industrie

Michel Holtz

La Renaulution, la vraie, aura lieu demain 8 novembre. Au soir de ce « capital market day », on saura si Luca de Meo a réussi son pari : sauver la maison Renault, pas moins, en la divisant par deux. Le prix à payer pour que le losange survive dans la grande bourrasque qui risque de faire sombrer nombre de navires de l’automobile. Le prix à payer aussi pour vivre sans l’Alliance Renault Nissan qui, à l’issue de ces prochaines journées lourdes de conséquences ne pourrait plus être qu’un simple échange d’actions minimalistes comme il y en a tant.

Le sort de Renault repose sur les épaules de Luca de Meo.
Le sort de Renault repose sur les épaules de Luca de Meo.

C’est sans doute l’évènement le plus important de l’histoire du losange depuis sa nationalisation en 1945, et sa privatisation partielle en 1990. Car ceux qui croyaient que la Renaulution, annoncée avec tambours et fracas par Luca de Meo, avait eu lieu le 14 janvier 2021, avaient tout faux. En fait, la révolution, la vraie, le grand soir du losange, va se dérouler demain matin. Car elle va déterminer l’avenir de l’entreprise, et sa survie.

Avant, une réunion extraordinaire des investisseurs, n’avait pas de nom, c’était juste un meeting un peu plus important qu’un autre. Aujourd’hui, même ce type de sommet a droit à son appellation marketing. Va donc pour « capital market day ». Et pour une fois, le terme "capital" n’est pas usurpé, car la réunion en question est on ne peut plus capitale pour Renault. Car Luca de Meo va tenter de convaincre le gotha international du bien-fondé de son idée : la scission de Renault en deux boîtes distinctes.

Horse et Ampere, l’ancien et le moderne

D’un côté, Horse, l’entreprise à l’ancienne, doit regrouper les activités thermiques de Renault (et peut-être de Dacia), de l’autre, Ampere va rassembler les activités électriques du losange (et sûrement de Mobilize). L’idée de cette scission est bien évidemment purement financière et la journée de demain peut être comparée à une gigantesque levée de fonds. Bien sûr, une telle réunion n’est pas une quête au cours de laquelle Luca de Meo va se promener parmi ses invités avec une corbeille en appelant à leur bon cœur. Les accords ont été préparés depuis des mois et ils doivent être entérinés demain, sauf surprise de dernière minute toujours possible.

En gros, Horse sera détenu à 50 % entre le Chinois Geely et la holding Renault. Le Saoudien Aramco est également envisagé pour rejoindre, un peu plus tard, le tour de table. Cette nouvelle entreprise, dont le siège ne sera pas en France, devrait employer 10 000 personnes. C’en est donc fini avec la bonne vieille ex-régie. Terminé, le « laboratoire social français » comme on se plaisait à appeler affectueusement la RNUR (régie nationale des usines Renault) à l'époque ou Jean-Paul Sartre s’en allait haranguer la foule des ouvriers en 1970, debout sur son bidon d’huile à Billancourt. Quels seront les modèles Horse ? Aucune idée. S’appelleront-ils Renault ou Dacia ou les deux ? Pas la moindre information n’a filtré.

Jean-Paul Sartre à Billancourt en 1970.
Jean-Paul Sartre à Billancourt en 1970.

Du côté de la fée électricité, la création d’Ampere est encore plus floue que sa cousine Horse. L’on sait juste que de Meo ne veut pas brader Renault et souhaite valoriser sa part dans la nouvelle boîte à une dizaine de milliards, tout en laissant entrer des fonds qui sont pour l’instant très mystérieux. Quant aux modèles, ce seront certainement les Renault à venir telles que la R5 et la 4L qui seront issus de cette nouvelle structure. Néanmoins, au-delà du losange et d'un ou plusieurs fonds d'investissement, un troisième larron est invité à la noce demain. Il s'agit de l'inévitable partenaire japonais, l'ami de plus de deux décennies : Nissan.

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Car la nécessité de ces grandes manœuvres sont évidemment liées aux difficultés financières des deux groupes. Nissan est à la peine, et les 43 % que Renault possède dans son capital ne lui rapportent guère de quoi se remettre à flot, comme à l'époque ou, grâce à Carlos Ghosn, le Japonais florissant épongeait les pertes du Français déclinant. D'ailleurs la valorisation du losange est aujourd'hui de moins de 10 milliards d'euros, soit 4 fois moins que Stellantis, et 10 fois moins que Tesla.

l'Alliance Renault Nissan est morte

Mais au fait, quel est l'avenir de l'Alliance ? Elle n'en a aucun. Seul est évoqué un futur échange d'actions de 15 % de part et d’autre, lequel accord, minimaliste, est loin d'aboutir. Quant aux partenariats d'usage commun des plateformes et moteurs français et japonais, "on verra", indiquent ceux qui tentent de trouver un accord de plus en plus improbable.

Le résultat de cet échec, et l'impossibilité de créer un grand groupe international Renault - Nissan, est bien sûr l'une des causes de la scission en deux entreprises que Luca de Meo souhaite mettre en chantier. cette scission est même d'une urgence absolue. Faute d'un accord, le pronostic vital de l'ex-régie risque d'être engagé à moyen terme.

Envisager les investissements promis en matière d'électrification ne saurait se faire sans lever des fonds, qu'ils soient chinois, saoudiens ou en provenance de fonds américains. Cette quête est l'une des seules solutions probable, et possible, à l'exception d'une vente fusion avec un autre groupe automobile, ce que la direction de Renault rejette depuis toujours, tout comme le gouvernement français, puisque l'État est toujours actionnaire à hauteur de 15 % du losange. Autant dire que ce soir, à la veille de ce grand rendez-vous, Luca de Meo doit sentir une certaine pression peser sur ses épaules.

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