Le groupe Fiat Chrysler soupçonné de ventes factices
André Lecondé , mis à jour
Il ne faut pas se fier aux apparences. Et apparemment surtout dans le monde automobile. Annoncer des ventes records pour se donner une image de bonne santé utile à la confiance des marchés financiers à la bienveillance recherchée, voilà, apparemment un sport en vogue dans le milieu. Mais à trop en faire, le piège s’est refermé sur le groupe Fiat Chrysler.
L’alerte est partie des rangs mêmes du groupe automobile italo-américain. En janvier dernier, deux concessionnaires de son réseau juraient que leur employeur avait mis en place un système truquant les chiffres de ventes aux États-Unis. Une supercherie qui porte le nom d’un programme dit "VGP" incitant les concessionnaires à falsifier leurs ventes à la fin du mois contre une rémunération déguisée en aides publicitaires et marketing. La manœuvre se faisait en fin de mois, soit juste à temps pour que les fausses ventes soient comptabilisées dans le bilan mensuel.
Une situation qui a sensibilisé au plus haut point le gendarme de la bourse américain, la SEC, et le département de la Justice (DoJ). L’un parle de violation de la réglementation boursière et l’autre de fraude. Dans un premier temps, Fiat Chrysler automobile s’est défendu avant de commencer à rectifier le tir, laissant tout de même à penser qu’il y avait anguille sous roche. Ainsi, il s’est mis à réviser ses chiffres de ventes mensuelles depuis 2010, reconnaissant de fait une baisse des ventes de 3 % en septembre 2013 au lieu d'une hausse de 1 %, comme annoncé à l'époque. De même, en août 2015 où les ventes américaines ont finalement diminué de 1 % plutôt que d’augmenter de 2 %. Enfin, en mai 2016, les ventes ont chuté de 7 % et non augmenté de 1 % comme affiché.
Le trigramme FCA a aussi promis plus de transparence dans sa comptabilité des ventes en ne prenant plus en compte que les ventes effectives réalisées par ses concessionnaires et les livraisons effectuées directement par lui-même. Par ailleurs, Fiat Chrysler examine la possibilité de ne plus communiquer ses ventes sur la base mensuelle mais plutôt de le faire à la fin de chaque trimestre. Pourtant, l’unité mensuelle est essentielle pour juger de l'état de la consommation américaine, les prêts automobiles représentant une partie importante des crédits à la consommation aux États-Unis.
Pour rassurer, la marque précise que l'impact de cette affaire sur les volumes de ventes annuelles est minime. Mais avec ces ajustements, Fiat Chrysler ne peut plus se targuer d'avoir enchaîné 75 mois consécutifs de ventes records aux États-Unis. Cette marque s'arrête à 40 mois. Une différence que les marchés boursiers apprécieront. Ou pas.
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