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Le moteur thermique n'est pas mort, il a juste quitté l'Europe

Dans Economie / Politique / Marché

Audric Doche

Si les constructeurs ont abdiqué en Europe sur le moteur à combustion, ce n'est pas le cas de l'autre côté de l'Atlantique.

Le moteur thermique n'est pas mort, il a juste quitté l'Europe

Le climat est censé concerner l'ensemble de la planète, mais en pleine révolution écologique de l'automobile, il est toujours surprenant de voir d'énormes écarts législatifs entre les différents continents. Si l'Europe a décidé de durcir le ton en imposant une future norme Euro 7 qui s'annonce castratrice pour le moteur à combustion, et en bannissant dans un futur relativement proche ce même moteur des concessions, les Etats-Unis, la Russie ou encore le Moyen-Orient sont encore loin de ces considérations.

Au pays du pétrole de schiste, alors que les exploitants de l'or noir tentent de résister malgré une rentabilité des gisements de plus en plus aléatoire, les pistons, bielles et injecteurs ont encore un avenir. C'est en tout cas ce que nous ont démontré bon nombre de constructeurs ces derniers mois avec des lancements assez étonnants dans un tel climat mondial de tentative prise de conscience écologique.

S'il est logique que les constructeurs aient abandonné toute idée d'investir des millions d'euros dans des moteurs essence ou diesel qui n'auront pas d'avenir en Europe, ceux présents en Amérique du Nord profitent encore des largesses de l'ex-administration Trump en matière de fiscalité et de limites à ne pas dépasser. Même si, en l'occurrence, les normes pourraient évoluer vers un durcissement.

L'EPA (agence américaine de protection de l'environnement) vient en effet de dévoiler un plan d'action plus dur, dévoilé dans le courant du mois d'août. Voici les valeurs visées par l'EPA sous l'administration Biden :

Le moteur thermique n'est pas mort, il a juste quitté l'Europe

En clair, le secteur automobile ne devra pas dépasser environ 86 g/km de CO2 dès 2026, et les trucks (pick-up, notamment) devront, eux, se limiter à 120 g/km. Le combiné des deux donnerait une valeur à 103 g/km. Tout comme en Europe, des objectifs propres à chaque groupe automobile seront fixés, et des amendes distribuées en cas de dépassement.

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La proposition de l'EPA sera étudiée par le gouvernement américain qui rendra son verdict en décembre. Mais en attendant, les limites sont nettement plus souples : 123 g/km de CO2 combiné (trucks et véhicules légers) dès 2026.

Ce contexte favorable (surtout d'un point de vue fiscal par rapport à la France et l'Europe pour les particuliers), associé à un prix des carburants toujours nettement pus faible qu'ailleurs, permet aux constructeurs qui sont pieds et mains liés en Europe de se "lâcher" aux Etats-Unis. Et les récentes sorties en sont la preuve.

Les nouveaux moteurs thermiques aux Etats-Unis

Nissan 400Z : voilà une auto que nous ne verrons pas en Europe, mais qui n'aura aucun problème à trouver son public en Amérique du Nord. Nissan n'est pas allé bien loin pour trouver un moteur puisque c'est le V6 "VR30DDTT" biturbo Infiniti, poussé à 400 ch. La boîte mécanique n'est pas nouvelle non plus (c'est celle de la 370Z), mais la boîte automatique à neuf rapports est toute nouvelle. En plus de la plateforme spécifique, Nissan a donc dû lourdement investir pour cette 400Z !

Subaru BRZ/WRX : encore un bel exemple de voitures qui auraient pu, fut un temps, être vendues en Europe et qui ne le seront plus. La BRZ reprend le FA24D (2.4 atmosphérique de 230 ch) commun avec la GR 86 qui sera, elle, l'exception qui confirme la règle puisque commercialisée en Europe. Mais pour Subaru, qui n'a jamais fait de l'Europe sa priorité, lancer une BRZ ou la nouvelle WRX avec ses 300 ch est suicidaire sur le papier. Les investissements consentis par le marketing, les équipes commerciales et réseau de distribution seraient vains puisque les autos subiraient les plus lourdes fiscalités. Et alors que Subaru est déjà dans le "rouge" en matière de rejets de CO2 moyens, ces autos ne sont pas les bienvenues chez nous.

Ford "Zilla" : voilà l'exemple parfait d'un constructeur mondial qui s'adapte aux marchés. En Europe, c'est la filiale allemande de Ford qui s'occupe des opérations du groupe, en mettant l'accent sur les petits trois cylindres et l'hybridation. Aux Etats-Unis, Ford n'a pas hésité à investir dans le développement d'un tout nouveau V8 7.3 atmosphérique pour les pick-up "heavy duty". La marque à l'ovale bleu pourrait d'ailleurs proposé le moteur en vente séparée, mais aussi sur des modèles plus légers et performants. 

Lexus LX : en Europe, Lexus a toujours été synonyme d'hybridation. Complète d'abord, rechargeable ensuite, et même 100 % électrique, la marque nippone affiche un tout autre visage aux Etats-Unis. Le nouveau LX débarquera l'année prochaine avec deux versions au programme, uniquement en V6 3.5 biturbo. La première 100 % thermique, et la seconde hybride non rechargeable. Là encore, il s'agit d'un tout nouveau moteur, conçu également pour le récent Land Cruiser.

Toyota Land Cruiser : le Land Cruiser, justement, vient tout juste d'être renouvelé. Sur le marché nord américain, il adopte donc un moteur entièrement nouveau : le V6 3.5 biturbo remplaçant l'ancien V8 atmosphérique. Là encore, si le groupe Toyota a accepté d'investir de l'argent dans un nouveau moteur, c'est que le marché américain permet de rentabiliser ces lancements.

Hyundai Elantra N/Kona N : Hyundai a abandonné la commercialisation de son i30 N en Europe. Le 2.0 turbo de 280 ch n'était pas vraiment raccord avec les prétentions électrifiées de la marque, et ses rejets de CO2 élevés étaient mauvais pour la moyenne du groupe coréen. Pourtant, en Amérique du Nord, ce moteur se retrouve sur la toute nouvelle Elantra N, aussi sur le Kona N, que nous n'aurons évidemment pas.

Le pétrole pour financer l'électrique

Si le lancement de tels moteurs en 2021 sur des modèles entièrement nouveaux, ou presque, peut surprendre de notre côté de l'Atlantique, cela illustre aussi toute la problématique de la transition électrique. Les constructeurs ont en effet besoin d'importantes sommes d'argent pour faire de la recherche et du développement, mettre à jour les usines pour produire les autos électriques et les lancer. De l'argent qui ne tombe pas du ciel : pour engrenger des recettes, il faut faire de la marge sur des technologies existantes.

Concrètement, les voitures thermiques servent à financer les électriques. Et cette situation a d'ailleurs été rappelée par certains dirigeants automobiles en Europe au diapason pour affirmer que le moteur à combustion n'était pas encore mort et qu'il faudrait bien faire avec encore quelques années, au moins le temps que l'électrique prenne son réel envol.

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