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Quel avenir pour les voitures radar ?

Dans Economie / Politique / Politique

Stéphanie Fontaine , mis à jour

Aucune statistique officielle ne filtre à leur sujet, si ce n'est la durée moyenne de leur utilisation quotidienne. Car il serait "encore prématuré" de dresser un bilan de ces radars mobiles confiés au privé, dont le processus a démarré en 2017 en Normandie. L'État continue en tout cas d'en acheter, un nouveau marché vient d'être lancé…

Quel avenir pour les voitures radar ?

Cela peut paraître un brin anachronique vu le contexte sanitaire : les chiffres de la Sécurité routière n’ont jamais été aussi bons, avec notamment une mortalité en recul de 20 % depuis le début de l’année, et alors même que les machines tourneraient au ralenti, avec un nombre de PV issus des radars automatiques en baisse de près de 9 %, selon les chiffres confidentiels obtenus par Caradisiac, sur les huit premiers mois de 2020 (voir notre tableau ci-dessous). Le ministère de l’Intérieur vient pour autant de relancer plusieurs marchés publics pour acheter de nouveaux automates, en particulier des voitures radar.

Le nombre de PV issus des radars automatiques (exclusif)

Année 2017 2018 2019 De janvier à août 2020
Nombre total de radars (vitesse + FR) 4 446 4 428 4 094 Objectif au 31/12 : 4 400
Nombre total de PV (en millions) 17,1 14,1 12,6 7,7 (11,5 extrapolés sur 12 mois)

Source : selon les données officielles, et les informations exclusives de Caradisiac pour 2020.

Petit rappel historique. Ces voitures radar sont apparues en 2014. À ce moment-là, on les appelait aussi radars « mobiles mobiles » ou encore « mobiles nouvelle génération », car la particularité de ces automates logés dans des voitures de police banalisées, c’est qu’ils peuvent flasher dans le flot de la circulation, en roulant, contrairement aux équipements embarqués classiques, utilisables uniquement à l’arrêt, sur le bord de la route. Avant l’instauration du contrôle automatisé en 2003, il y avait bien eu quelques tentatives du même style, mais relativement vite abandonnées, du fait d’un fonctionnement plus complexe et d’un rendement moindre que les instruments utilisés à l’arrêt, en plus d’un coût supplémentaire induit par la consommation en carburant… La Sécurité routière ressemblerait-elle à un éternel recommencement qui n'apprend pas de ses erreurs passées ? Il est encore un peu tôt pour le savoir, puisque pas mal d'inconnues persistent sur le sujet, comme nous le développons plus loin.

Déjà 8 régions et 160 voitures radar - ou presque !

Ces voitures radars, conduites et utilisées initialement par des agents des forces de l’ordre uniquement, sont depuis 2017 confiées progressivement à des entreprises privées. Pour cela, le système vendu à l’État français par Fareco, une filiale de l’entreprise de BTP Fayat, a été quelque peu revu et corrigé, afin que le seul opérateur qui reste à bord dans ces véhicules « privatisés » n’ait plus rien d'autre à faire qu’à conduire. Les contrôles de vitesse se font donc normalement en toute autonomie, sans aucune intervention extérieure, et ces automates, nous assure-t-on, sont désormais 100 % automatisés, raison pour laquelle il est possible - et surtout légal - de les confier au privé !

Ces voitures radars « externalisées » officient déjà dans plusieurs régions : 26 circulent en Normandie, où le processus de privatisation a démarré, une quarantaine vadrouillent en Bretagne, Pays-de-la-Loire et Centre-Val-de-Loire. Elles arrivent aussi ou sont sur le point d'arriver dans les Hauts de France, le Grand Est, la Nouvelle Aquitaine et la Bourgogne Franche Comté. Selon nos informations, sur l’ensemble de ces 8 régions, il y aurait actuellement près de 90 voitures de ce type déjà déployées, et 75 en cours de déploiement, pour un total prochain de plus de 160. À la fin de 2021, il est prévu qu’il y en ait, sur les 450 automates de ce type répartis sur le territoire, une moitié utilisée par le privé, l’autre par les policiers et gendarmes.

Un marché à 144 millions d'euros sur 6 ans

Que nous apprend l’appel d’offres lancé le 30 octobre dernier ? Le ministère de l’Intérieur évite le choix de 2017 de la procédure négociée avec Fareco pour 54 millions d’euros TTC, sans mise en concurrence. Cette fois la procédure est bien ouverte à la concurrence, et le marché « alloti » comme le préconise la législation en la matière. L’information judiciaire ouverte à la suite d’une plainte de l’association Anticor pour favoritisme sur ce précédent contrat de 2017 n’y est sans doute pas pour rien (le documentaire Radar, la machine à cash, diffusé notamment par Caradisiac, permet de mieux comprendre cette affaire).

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Là, le marché, qui est proposé non pas sur 4 ans comme habituellement mais sur 6 ans, est divisé en trois lots distincts : un pour maintenir en état les voitures radar externalisées, un autre pour celles toujours aux mains des forces de sécurité intérieure (FSI), un troisième pour équiper de nouvelles voitures. « Les candidats ont toute liberté de répondre aux trois lots », est-il précisé dans le règlement de la consultation, pour un total alors estimé à 144 millions d’euros. Il se pourrait donc qu'une seule entreprise soit au final choisie.

Un parc en hausse, de 381 à 500 unités

Dans ce document, il est aussi précisé que Beauvau table « à l’échelle nationale sur une flotte d’environ 500 unités », soit bien plus qu’aujourd’hui. Actuellement, en effet, il y en aurait « seulement » 381 en service en tout, selon des informations encore une fois confidentielles, alors même que le parc total était de 449 au 1er janvier, avant de redescendre à 402 au 1er juin dernier, selon les communications pour le coup officielles sur le sujet… Comment expliquer cette décrue ? La question est posée au ministère de l’Intérieur. Mais toujours est-il que 500 unités, cela reste plus que l'effectif d'aujourd’hui.

Évolution du parc de voitures radar depuis 2014 (exclusif)

Année 2014 2015 2016 2017 2018 2019 Au 01/10/2020
Nombre total de voitures radar 180 259 383 383 403 449 381 (402 au 01/06)

Source : selon les données officielles, et les informations exclusives de Caradisiac pour 2020.

Conclusion : leur nombre n'a plus « vocation à rester stable durant les années à venir », contrairement à ce que le ministre de l’Intérieur a assuré toute l’année dernière aux parlementaires, sénateurs comme députés, qui l’ont interrogé sur le sujet. Il leur était notamment expliqué que la part des voitures radar externalisées augmenterait « au fur et à mesure des déploiements progressifs de cette mesure dans de nouvelles régions au détriment de la part des voitures radars conduites par les forces de la gendarmerie ou de la police nationales dans ces mêmes régions ». En clair, il n’y en aurait pas de nouvelles, et, pour finir surtout, il n’y en aurait plus du tout dans les unités de police, ni de gendarmerie !

À terme, les voitures radars devraient être réservées au privé… Faudrait-il en déduire, comme certains le soupçonnent, qu’elles fonctionneraient bien plus efficacement avec ce dernier ? Mystère ! Tout ce que l’on sait c’est qu’elles rouleraient en moyenne sept fois plus longtemps qu’avec les policiers et gendarmes, soit « 5h30 par jour » contre environ 45 minutes. Pour le reste, le ministère se refuse à toute transparence sur leurs statistiques, mais cela ne casserait pas la baraque, contrairement à ce que l'on pourrait croire, vu les maigres informations dévoilées par-ci par-là ces derniers mois.

« Le caractère récent de cette externalisation ne permet pas encore de tirer un bilan ou de tracer des perspectives sur son impact sur le bilan des infractions constatées », dixit sans cesse le ministère, comme la dernière fois en septembre à un sénateur. Vu à l’allure où devrait finir par aller cette privatisation, il serait pourtant intéressant d’en avoir une idée.

Pour répondre à cet appel d’offres sur ces voitures radar, les entreprises ont jusqu’au 21 décembre pour remettre leurs plis. Quant au verdict, il ne sera bien évidemment connu qu’en 2021. Rendez-vous ainsi dans quelques mois.

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