Le Techno-centre de Renault à Guyancourt (78) doit faire face à un nouveau suicide. Vendredi dernier, Raymond D., 38 ans, a été découvert pendu à son domicile de Saint-Cyr-l'Ecole (Yvelines) où a été retrouvée une lettre dans laquelle il évoquait ses difficultés au travail. Son décès est survenu trois semaines après la marche silencieuse de salariés de ce Techno-centre, en hommage à deux de leurs collègues qui se sont suicidés en octobre et janvier derniers sur le site même de Guyancourt. Perçu pendant longtemps comme un modèle social, Renault est aujourd'hui montré du doigt après ce 3e suicide en quatre mois. Il y a eu en tout 5 suicides en deux ans et demi.

C'est pourquoi le Parquet de Versailles a décidé d'ouvrir une "enquête pénale" pour vérifier les conditions de travail chez Renault au vu de la lettre laissée par le suicidé. "L'enquête entend rechercher d'éventuelles infractions (comme le harcèlement moral) liées à la mort du salarié", a précisé le Parquet.

La direction du groupe a déclaré : "Ces suicides du Technocentre nous posent beaucoup d'interrogations et renvoie chacun à sa part de responsabilité. Ce drame survient dans un établissement où les conditions de travail ne sont pas les plus difficiles (...). Ce sont tous des ingénieurs passionnés qui conçoivent les nouveaux véhicules et il est très difficile de faire le lien avec la charge de travail de Renault prévue dans son contrat plan 2009. Il n'y a pour l'instant pas de corrélation entre les conditions de travail et ces drames. La direction se devait de jouer un rôle majeur pour que les relais les plus proches possibles du management soient là pour les éviter. Ce n'est pas parce que nous vivons cette crise de mal vivre au Technocentre avec 3 suicides qu'il faut tirer à boulets rouges sur toute la politique sociale de Renault." Un "plan" pour augmenter les ventes consistant à lancer 26 modèles, dont 13 nouveautés d'ici 2009, annoncé en février 2006 par le PDG Carlos Ghosn.

Le syndicat CGT a mentionné que "les trois victimes avaient en commun de travailler, dans "la Ruche", bâtiment principal ultra moderne du Technocentre, sur les projets de conception de nouveaux modèles Renault. D'où des conditions de travail entraînant un certain mal vivre dans l'entreprise. Ces suicides doivent être considérés au même titre que des accidents du travail, les trois victimes ayant fait l'objet de critiques pour leur travail, devant des collègues. Les deux premiers employés se sont donnés la mort dans l'entreprise, l'un en se jetant du 5ème étage, le second s'est noyé dans un étang proche du bâtiment (La Ruche). Ce salarié avait quitté son poste de travail en laissant ostensiblement sur son écran d'ordinateur le résumé de son entretien avec la hiérarchie. Le "harcèlement" de la hiérarchie serait la goutte d'eau qui a fait basculer les trois victimes, d'autant qu'une nouvelle méthode a cours dans l'entreprise qui consiste à faire des observations au salarié en présence de ses collègues".

La CFDT Renault a dénoncé le "décalage entre le discours de la direction et la réalité vécue des salariés." Voilà une triste affaire. Nous attendons de connaître la vérité avec impatience !