Les normes environnementales se sévérisent, ce n'est pas un mal, mais cela oblige les constructeurs à travailler sur leurs motorisations. La norme Euro6, qui sera à respecter obligatoirement pour les nouveaux types de véhicule en septembre 2014, vise essentiellement à abaisser drastiquement les émissions des oxydes d'azote, les fameux Nox. Et chez PSA, les diesels HDI et e-HDI, qui ont fait les beaux jours de quasiment tous les modèles, n'y satisfont pas… C'est pourquoi le groupe a planché sur de nouveaux blocs, qui respectent cette nouvelle réglementation. Le premier représentant fut le 2.0 BlueHDI 150 (avec une déclinaison 180), apparu sur le Citroën C4 Picasso, et qui est désormais étendu sur les gammes Citroën et Peugeot. Il est aujourd'hui suivi par le 1.6 BlueHDI 120, destiné à remplacer le e-HDI 115, tandis qu'arrive bientôt un 1.6 BlueHDI 100, qui remplacera le HDI 92.

Essai - Peugeot 308 1.6 BlueHDI 120 : propre sur elle
Essai - Peugeot 308 1.6 BlueHDI 120 : propre sur elle
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Pour abaisser les émissions de Nox, ces blocs utilisent le système SCR (Selective Catalytic Reduction). Un nouveau catalyseur, situé en amont du filtre à particule, transforme les Nox en azote et en vapeur d'eau, tous les deux inoffensifs. Par quel miracle ? Grâce à l'adjonction, par le biais d'un injecteur dédié, d'un mélange d'eau et d'urée, le fameux AdBlue. Ce dernier est contenu dans un réservoir, dont il faudra faire le plein tous les 20 000 à 25 000 km, soit en concession, soit par soi-même. L'opération est aisée. L'orifice du réservoir se trouve sous le plancher de coffre, et les 3 litres coûtent une dizaine d'euros. Avec en prime, avec ce système, une baisse de consommation et donc d'émission de CO2.

Essai - Peugeot 308 1.6 BlueHDI 120 : propre sur elle

Et notre 308, ici présentée, bénéficie donc des services du nouveau 1.6 BlueHDI, dans sa déclinaison 120 ch. Par rapport au 1.6 e-HDI 115 qu'il remplacera à terme (pour l'instant les 2 cohabitent), il se muscle quelque peu. Outre les 5 chevaux de gagnés, le couple grimpe de 270 à 300 Nm. Les performances se bonifient, avec 196 km/h en vitesse de pointe et 9,6 s pour le 0 à 100 km/h, contre 196 km/h et 10,2 s pour le e-HDI. Mais c'est en consommation qu'il impressionne le plus, avec des chiffres constructeurs proprement record de 3,1 litres/100 km en cycle mixte, pour 82 grammes de CO2 émis par km seulement ! C'est donc bien mieux que le e-HDI, qui "plafonne" à 3,7 litres et 95 grammes… Du coup, le BlueHDI se permet d'obtenir un bonus de 150 €, ce qui réduit d'autant son surcoût par rapport à l'ancêtre. La différence de prix à finition égale est de 450 €, ramenée donc à 300 €. Presque négligeable, il n'y a pas vraiment à hésiter entre les deux.


Un 1.6 BlueHDI vigoureux, mais pas aussi sobre qu'espéré

Par rapport à la concurrence, ce 1.6 est également bien placé puisque, par exemple, la VW Golf 1.6 TDI 110 BlueMotion est à 3,2 litres/100 km et 85 g, mais le 0 à 100 km/h en presque une seconde de plus (10,5 s) et les reprises sont plus molassonnes du fait d'un couple de 250 Nm "seulement"…

Les autres concurrentes, que ce soit la Ford Focus, l'Opel Astra ou la Toyota Auris sont toutes loin derrière avec plus de 90 grammes de Co2 par km, presque 2 secondes de plus au 0 à 100 km/h parfois.

Autant dire que sur le papier, ce BlueHDI est ultra efficace et efficient.

Essai - Peugeot 308 1.6 BlueHDI 120 : propre sur elle

Et dans la vraie vie, force est de reconnaître qu'il tient ses promesses. Sauf finalement, en terme de consommation. En effet, abordons tout de suite le sujet qui fâche. Les 3,1 litres annoncés en mixte par Peugeot sont plus utopiques que jamais. Certes les valeurs obtenues sont basses, nous parlons ici d'une moyenne proche de 5,2 litres en mixte (avec un peu de ville mais pas non plus énormément). Sur route, stabilisé à 90, on peut espérer justement autour de 3 litres. Mais en ville, cela s'envole, puisqu'il sera difficile de descendre sous les 6,5/7 litres, sauf absence totale de bouchons. Certes c'est déjà très bien. Mais c'est à peine mieux que le e-HDI 115. Et c'est moins bien que le TDI 110 BlueMotion de la Golf, il est vrai moins puissant et performant, qui nous avait gratifié d'un excellent 4,4 l/100 km, il est vrai réalisé dans des conditions idéales, ce qui relativise la performance.


Bref, n'épiloguons pas non plus, ce BlueHDI 120 est de toute façon très bien placé si l'on excepte les zones urbaines. Et il est surtout très performant.

Profitant de la caisse allégée de la 308 de deuxième génération (plateforme EMP2, moins 120 kg en moyenne par rapport à la précédente 308), il permet à la compacte sochalienne une parfaite polyvalence. Les accélérations sont vigoureuses, les reprises le sont tout autant, avec même un petit effet "coup de pied aux fesses" vers 1 800 tours/minute, régime de couple maxi. Et l'allonge correcte de la boîte permet de ne pas avoir à trop tricoter du levier de vitesse. Seul le sixième rapport, long, et privilégiant l'abaissement du niveau sonore (le moteur tourne à 2 000 tours/min à 130 km/h), sera à réserver aux trajets autoroutiers.

Du coup, il n'a pas les soucis de reprise du 1.6 HDI 92, qui ne démérite pas mais se retrouve juste lorsque la voiture est chargée, et rend le 2.0 BlueHDI 150 presque inutile, sauf pour ceux qui veulent vraiment du muscle Mais ce dernier coûte presque 2 500 € de plus à finition équivalente.


Terminons avec les griefs que nous pouvons avoir à l'encontre de la 308, à savoir une commande de boîte assez bruyante, et une habitabilité arrière moyenne pour la catégorie (longueur aux jambes), Mégane, Golf, Astra ou C4 faisant mieux, seule la Focus fait pire.


Sinon, c'est une 308…

Pour le reste, on retrouve toutes les qualités de la 308, qui est bien une des premières françaises à pouvoir véritablement rivaliser avec la Golf, jusqu'ici référence. Elle est en effet enthousiasmante à conduire. Derrière le petit volant que surplombent de jolis (et lisibles) compteurs, le conducteur est parfaitement installé et contrôle un châssis parmi les plus plaisant qu'il nous ait été donné de conduire. La direction est vive et précise, la tenue de route exceptionnelle. Le roulis est parfaitement maîtrisé par des suspensions fermes, mais qui dans le même temps filtrent avec maestria toutes les irrégularités de la route. C'est sincèrement assez bluffant.

Si la Golf se révèle sérieuse et rassurante mais ennuyeuse à mener, la 308 au contraire donne le sourire. Quel dynamisme… Le freinage ne souffre par ailleurs aucune critique, tandis que l'insonorisation, si l'on excepte quelques bruits d'air à (très) haute vitesse, permet de tenir sans hausser la voix une conversation avec ses passagers, ou de profiter d'une excellente installation audio. La planche de bord séduit par son côté épuré, joliment dessiné, mais l'ergonomie est perfectible, notamment parce l'accès à certaines fonctions habituelles, comme la climatisation ou la radio, passe obligatoirement par la tablette tactile.

Essai - Peugeot 308 1.6 BlueHDI 120 : propre sur elle
Essai - Peugeot 308 1.6 BlueHDI 120 : propre sur elle
Essai - Peugeot 308 1.6 BlueHDI 120 : propre sur elle


L'habitabilité est très bonne à l'avant, moyenne à l'arrière (on souffre notamment en longueur aux jambes) et excellente pour les bagages, qui bénéficie d'un volume de coffre de 470 litres, au top de la catégorie (aussi bien qu'une C4, presque 100 litres de mieux qu'un Golf).


Un rapport prix/équipement correct

En terme d'équipement, et même si la 308 fait l'impasse sur certains gadgets technologiques présents sur la Golf (en option de toute façon pour la plupart), elle est bien placée dans la catégorie. Avec ce moteur, elle est disponible en 3 niveaux de finition : Business, Business Pack et Allure.

Essai - Peugeot 308 1.6 BlueHDI 120 : propre sur elle

Nous disposions d'une version Business Pack, qui n'est pas réservée qu'aux professionnels, contrairement à ce que son nom laisse supposer. Elle est facturée 1 050 € de moins que la finition Allure (26 000 € contre 27 050 €) mais perd au passage le frein de parking électrique, le radar de stationnement avant, les antibrouillards et les jantes de 16 pouces diamantées, tout en gagnant une roue de secours galette en lieu et place d'un kit anticrevaison. Pour le reste l'essentiel est présent avec 7 airbags, ESP, navigation, climatisation automatique bi-zone, allumage auto des feux et essuie-glaces, éclairage d'accueil extérieur et d'accompagnement, régulateur limiteur de vitesse programmable, etc. La finition basse (pour ce moteur) Business est à déconseiller, car même si elle est facturée 1 950 € de moins, elle fait l'impasse sur la navigation, les radars de recul, les automatismes de feux et d'essuie-glaces, ne dispose que d'une climatisation manuelle… Bref, seulement pour ceux qui veulent à tout prix réduire la facture.

Par rapport à la concurrence, à équipement équivalent, la 308 se place au niveau de la référence allemande Golf, ni plus ni moins. Elle est par contre larguée niveau tarifs par la Focus ou l'Astra, mais ses prestations sont supérieures.

En toute franchise, c'est donc, à notre avis, une excellente proposition, surtout avec cette motorisation qui met en valeur ses qualités dynamiques. Si la Golf peut encore gagner un match aux points (plus habitable à l'arrière, encore mieux finie, possibilités d'équipements plus variés et technologiques), on a indéniablement plus le sourire au volant de la française. Et ça, quand on aime conduire, ça n'a pas de prix…