Le décret signé par le Premier ministre Dominique de Villepin, le ministre de l'Economie Thierry Breton, la ministre de l'Ecologie Nelly Ollin et le ministre de l'Industrie François Loos donne le feu vert à EDF pour construire le réacteur nucléaire EPR (European Pressurised water Reactor/Réacteur européen à eau sous pression) de Flamanville (Manche). La construction de la future centrale doit commencer fin 2007 et sa mise en service est prévue pour 2012. La France est le 2e pays dans le monde à se doter d'une centrale disposant d'un réacteur EPR après la Finlande qui doit mettre le sien en service vers 2010-2011.

Le ministère de l'Economie a souligné que ce décret "fixe les prescriptions techniques en matière de sûreté nucléaire, de radioprotection et de protection de l'environnement qui devront être respectées dans le cadre de l'exploitation de ce réacteur EPR de Flamanville. La construction de cette centrale renforcera la filière industrielle nucléaire en France. Elle participera à la sécurité d'approvisionnement électrique de notre pays, à un prix compétitif. Cette autorisation est l'aboutissement d'un processus de consultation du public très complet. Nous rappelons que la Commission nationale du débat public a organisé un débat sur l'EPR entre octobre 2005 et février 2006 et qu'une enquête publique locale entre juin et juillet 2006 s'est conclue par un avis favorable." Un des porte-parole d'EDF a ajouté qu'il "se félicite de la publication du décret. La construction de ce réacteur de 1 650 mégawatts contribuera de manière décisive au maintien de l'indépendance énergétique de la France et de l'Europe."

Beaucoup d'écologistes ne partagent pas cet avis ! Le réseau "Sortir du nucléaire" qui revendique plus de 700 associations a mis en avant que la signature du décret est "un acte anti-démocratique d'un gouvernement en fin de règne et décrédibilisé qui tente de court-circuiter le débat." L'organisation écologique Greenpeace perçoit le décret comme un "déni de démocratie" : elle souhaite même continuer son combat contre l'EPR et a annoncé dans un communiqué qu'elle l'"attaquerait en justice."

Evoquons maintenant le point de vue des candidats à l'élection présidentielle. Parmi les douze prétendants à l'Elysée, seuls les Verts et les candidats se réclamant de l'extrême gauche s'opposent catégoriquement au développement du nucléaire et à la "modernisation" du parc de centrales actuel par les centrales à eau pressurisée (EPR). Le candidat altermondialiste José Bové a notamment qualifié l'EPR de "provocation". La candidate des Verts Dominique Voynet est en colère contre le décret. Pour elle cela manifeste un "mépris" pour la mobilisation des populations : "Il est accablant de constater que ce gouvernement, à la veille de quitter le pouvoir, cède à la mauvaise tradition de signer en vrac toute une série de textes qui permettent de satisfaire des clientèles et de servir une conception étriquée de l'intérêt général." Par contre, Nicolas Sarkozy (UMP), François Bayrou (UDF) et Jean-Marie Le Pen (FN) sont favorables au nucléaire. Quant à Ségolène Royal (PS), elle estime qu'"un débat doit être organisé sur la part que doivent prendre dans l'offre énergétique les énergies renouvelables avant d'engager le pays dans la voie des centrales dites de deuxième génération." Le PS "s'engage à ouvrir un débat transparent et approfondi sur l'avenir de l'EPR au lendemain de l'élection présidentielle, pour définir les orientations de la politique énergétique du pays". Le nucléaire n'a pas fini de faire parler de lui !

Source : La Tribune