Les profits des Géants de l'énergie ( gaz et pétrole) sont énormes et dépassent l'entendement. Ils sont au coeur du débat sur l'environnement et sur la taxation de ces super bénéfices énergétiques : en France, le procès du naufrage du pétrolier "l'Erika" affrêté par Total l'illustre parfaitement !

Hier soir, les résultats des profits gigantesques de ces Géants ont fusé. Le géant gazier et pétrolier russe Gazprom a annoncé qu'il avait doublé son bénéfice net sur les neuf premiers mois de 2006, à 460 265 milliards de roubles (13,43 milliards d'euros), soit une augmentation de 96,72%. Ce résultat est dû à la hausse des prix du gaz et du pétrole. Total s'attend à un bénéfice record pour l'ensemble de l'exercice 2006 à plus de 12 milliards d'euros. Au Brésil, la compagnie pétrolière Petrobras a annoncé le profit le plus élevé de son histoire, à 11,8 milliards de dollars, en hausse de 9%. Le n°1 mondial, l'américain ExxonMobil a un bénéfice net record de 39,5 milliards de dollars, en hausse également de 9%. Le norvégien Statoil a un bénéfice net annuel en hausse de 32% à 4,98 milliards d'euros. L'américain Chevron a un bénéfice net record de 17,1 milliards de dollars, en hausse de 22%. Seul BP, le n°3 mondial, a présenté des résultats de 2006 en baisse après de nombreux problèmes de production aux Etats-Unis. Son bénéfice net a reculé de 1,5% à 22 milliards de dollars. On ne va pas le plaindre non plus !

Ces records historiques des profits ont relancé la question de l'utilisation de ces profits. En France, l'association de consommateurs UFC-Que Choisir a demandé à nouveau hier l'instauration d'une taxe sur les profits pétroliers qui "contribuerait au financement d'un plan Marshall pétrole pour aider les consommateurs à diminuer leur dépendance au pétrole". Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée, a indiqué hier qu'il n'était pas opposé à l'instauration d'une taxe exceptionnelle sur les profits des grandes entreprises. Interrogé dans les couloirs de l'Assemblée nationale sur la possibilité de taxer les grandes entreprises comme Total, il a répondu : "Pourquoi pas ? Après un examen de la situation budgétaire, des besoins financiers, comme nous l'avions fait en 1997. Lorsque Lionel Jospin est devenu Premier ministre, nous n'avons pas voulu casser la croissance, nous avons favorisé les classes populaires mais nous avons voulu, à titre exceptionnel, demander aux entreprises qui faisaient d'énormes bénéfices, une contribution pour qualifier la France à l'euro". Aux Etats-Unis, plusieurs associations et élus prônent un impôt exceptionnel pour financer des initiatives de réduction de la consommation d'énergie. En Chine, le gouvernement a mis en place une taxe exceptionnelle sur les profits pétroliers, tandis qu'en Grande-Bretagne, la taxe sur les bénéfices des compagnies pétrolières en mer du Nord a été doublée en décembre 2005.

Les groupes pétroliers devraient utiliser une partie de ces bénéfices pour investir davantage dans la recherche et les technologies ou pour envisager une diversification de leurs activités alors que leur production pourrait connaître un pic à partir de 2020 ou 2025. Il faut adapter la stratégie à l'ère de l'après-pétrole et se pencher plus sur les énergies renouvelables. Mais l'investissement pour la recherche est dérisoire actuellement et les Géants de l'énergie ne se creusent pas beaucoup la tête pour participer à lutte contre le réchauffement climatique, le pétrole étant très très très et même très rentable ! Dans ma News du 18 décembre 2006, j'évoquais justement l'enquête de l'UFC-Que Choisir sur Total.

L'écologie doit arriver à faire le poids face à l'argent facilement gagné : dur dur ! Un poids plume face à un poids lourd, la bataille sur le ring de l'environnement risque d'être sanglante !