La STP Paxton Turbocar (1967)

Personnage haut en couleurs, Andy Granatelli, le patron de la STP s'est toujours démarqué des sponsors traditionnels d'Indianapolis par ses choix audacieux. En 1966, s'il réussit un joli coup en signant un accord avec Colin Chapman, dont les Lotus ont écrasé la précédente édition, ce joueur reste cependant sur sa faim. Trop conventionnel de miser sur le favori. Il lui faut de l'inédit pour être sous le feu des projecteurs et pense alors à la turbine. Ken Wallis, un ingénieur britannique expatrié aux Etats-Unis va dessiner une monoplace très originale. Le poste de pilotage et la turbine sont montés de chaque côté d'un châssis à poutre central. Ventrue, lourde (787 kg soit 181 de plus que le minimum imposé) mais compacte grâce à l'absence de porte-à-faux, la monoplace est animée par une turbine Pratt et Whitney développant 550 ch et affichant un couple phénoménal de 138 mkg.

Fiable, elle n'exige pas d'entretien avant 1200 heures de fonctionnement, et à peine plus coûteuse qu'un classique V8 Ford, la turbine est toutefois handicapée par sa consommation (70 l/100 km de kérosène), et par son absence de frein moteur. C'est ainsi que pour seconder les quatre gros disques, Wallis ajouta un volet mobile à l'arrière. Pas prête à temps pour l'édition 1966, la turbocar éveille cependant la méfiance des dirigeants de l'USAC. Polémiques, batailles de procédure, relectures tendancieuses des règlements, rien n'est épargné à Granatelli mais lui sait qu'il a déjà gagné son pari. La turbocar est devenue une star dans tous les médias offrant à STP une fantastique publicité gratuite ! Les organisateurs d'Indianapolis convaicus que la nouveauté va faire exploser leur "audimat" balayent les dernières réticences.

Pilotée par Parnelli Jones, celle que l'on ne tarde pas à surnommer "Silent Sam" ou encore "Wh000shmobile" à cause de son bruit de jet, se qualifie en sixième position. Partant de la seconde ligne, Jones profite de la fantastique accélération de sa turbine pour dépasser sans autres façons les cinq voitures qui le précède. Il creuse un écart significatif mais au 16e tour le course doit être interrompue à cause d'une violente averse. On ne court pas à Indianapolis sous la pluie et l'épreuve doit être alors reportée au lendemain. Regroupée en file indienne selon l'ordre du dernier classement, les monoplaces reprennent le départ le lundi midi. Jones accentue cette fois son avance de façon encore plus significative. La Turbocar écrase la course et rien ne semble pouvoir la priver de la victoire. Pourtant au 197e tour, à trois tours seulement l'arrivée, la voiture rouge, turbine coupée rentre aux stands en roue libre. La transmission a cassé. Granatelli est effondré, Jones écoeuré et tous deux se moquent bien de cette sixième glace qui ne veut rien dire.

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