Il semble quasi certain que l’amnistie édition 2002 sera moins importante que celle de 1995. Cela n’a rien de surprenant car dès le début de l’année, nous vous présentions les grandes lignes de cette décision qui devrait entrer en application durant les mois de mai ou de juin. Maintenant que les choses se précisent avec les annonces officielles, cela ne devrait pas beaucoup changer.

Opposés à cette amnistie, certains maires ont voulu faire entendre leur voix et dénoncer l’absurdité de la situation ; c’est le cas notamment de Jean-Jacques Pignard, le maire de Villefranche-sur-Saône, qui a décidé de ne plus verbaliser les automobilistes en stationnement. Une annonce inédite !

Faut-il encore payer ses PV ?

Interview : Jean-Jacques Pignard

Maire de Villefranche-sur-Saône

Le premier maire qui dit "stop" aux PV de stationnement

Caradisiac : Etes-vous pour ou contre l’amnistie présidentielle ?

Jean-Jacques Pignard : Contre évidemment. A l’heure où tous les principaux candidats à la magistrature suprême n’ont que les mots de "civisme", de "citoyenneté" ou "d’impunité zéro" à la bouche, mesurent-ils toute l’absurdité de cette promesse d’amnistie ?

Caradisiac : Quelles sont les motivations qui vous ont poussé à décider de ne plus verbaliser les automobilistes pour stationnement illégal ?

Jean-Jacques Pignard : Tout simplement pour que les gens pour qui ces termes de civisme et de citoyenneté ont effectivement un sens et qui les mettent en pratique en payant les parcmètres, ne soient pas pénalisés. Ce serait un comble.

Caradisiac : Cette décision ne va t-elle pas représenter un manque important pour votre commune ?

Jean-Jacques Pignard : Le manque à gagner sera effectivement important, mais il ne résulte pas de ma décision mais bien de celle du futur président de la République qui proclamera l’amnistie. Par cette décision, c’est bien lui qui autorise les contrevenants à ne plus payer, au mépris de toutes les difficultés que rencontrent les maires pour maintenir une certaine fluidité de la circulation et du stationnement dans le centre des villes.

Caradisiac : Quelles sont les réactions des automobilistes locaux ?

Jean-Jacques Pignard : Mon objectif n’est pas de réaliser un sondage d’opinion des automobilistes locaux. Mais je crains que nous n’aboutissions rapidement à de sérieuses difficultés de stationnement en centre-ville.

Caradisiac : Qu’en pense votre police municipale ?

Jean-Jacques Pignard : La police municipale de Villefranche était parvenue au terme de gros efforts, et en dépit d’innombrables pressions ou insultes, à rétablir une certaine fluidité du stationnement. L’amnistie va annihiler tout ce travail. Nos policiers municipaux l’ont parfaitement compris.

Caradisiac : Conseilleriez-vous cette mesure à d’autres maires ?

Jean-Jacques Pignard : Je n’ai pas de conseils à donner à mes collègues maires. Chacun connaît parfaitement les problèmes qui se posent dans sa commune et tous les affrontent avec le plus grand sens des responsabilités. Je vous dirais simplement que j’ai reçu de nombreux messages de soutien.

Caradisiac : A quel parti ou mouvance politique appartenez-vous ?

Jean-Jacques Pignard : Je crois que, dans cette affaire, j’appartiens d’abord au parti du bon sens et de la raison.