À Paris, la bataille des municipales se joue aussi autour de l’automobile
L’INFO DU JOUR - À quatre mois de l’échéance, tous les candidats se sont prononcés sur la place qu’ils souhaitent réserver à la voiture dans la capitale. Si, sans surprise, les postulants de gauche sont opposés à l’automobile, la droite comme le centre droit n’y sont pas si favorables que ça. Une position et une prudence somme toute logique.

Elle devait forcément surgir dans le débat, tant l’automobile est un totem de la politique parisienne. Alors, à quatre mois des élections municipales, chaque candidat fourbit ses arguments. Mais très étonnamment, aucun d’entre eux, n’est clairement « pro bagnole » dans la course à la succession d’Anne Hidalgo
Visiblement, le tout voiture des grands axes qui traversaient la capitale du nord au sud et d’est en ouest est relégué au musée de l’urbanisme, tout comme les quais de Seine livrés aux automobilistes, que ce soit à droite ou à gauche.
Veuillez cacher ces SUV que je ne saurais voir
Évidemment, certains rejettent l’auto dans sa totalité, ou presque, avec un certain entrain. C’est le cas du candidat des verts David Belliard. Aujourd’hui en charge « de la transformation de l’espace public » à l’Hôtel de Ville, ce garçon est SUVphobe, une maladie contagieuse que la maire de Paris, Anne Hidalgo semble lui avoir transmis.
Sa patronne actuelle a triplé le tarif de stationnement des autos lourdes, et pas forcément des SUV, quant à Belliard, plus roi que la reine, il veut aller plus loin. Dans son programme, il promet d’interdire à des engins de stationner à la surface, les obligeant à se garer dans les parkings souterrains. Veuillez cacher ces grosses roues que je ne saurais voir.
Mais c’est quoi un SUV déjà ? Le Renault Captur et le Land Rover Defender doivent-ils être punis de la même manière ? E si l’affaire se joue au poids, une Audi A6 Avant PHEV, qui dépasse les 2 tonnes sera-t-elle boutée à l’extérieur du périf ?
En tout cas, l’idée de cette nouvelle restriction est claire : la voiture n’a plus sa place à Paris, pas plus pour le candidat vert que pour celui du PS : Emmanuel Grégoire, dauphin désigné par Anne Hidalgo elle-même.
L’actuel premier adjoint ne veut nullement sanctionner les voitures, loin de lui cette pensée : il veut simplement les empêcher de rouler en piétonnisant à tout va. Son grand projet ? Une coulée verte, entièrement piétonne, entre le canal St Martin et la Porte de bercy. Il rejoint, en ce sens, du moins en partie, son adversaire et pour le moment, co-adjoint David Belliard, qui souhaite une ville 100 % piétonne.
Sophia Chikirou (LFI) et Ian Brossat (PC) sont sur la même longueur d’onde que les autres candidats de gauche. Du coup, à droite et au centre droit, on s’attend, à l’inverse, à une réhabilitation en règle de la bagnole dans la capitale. Mais ce n’est pas vraiment le cas.

Sans vouloir bouter les autos hors les murs, Rachida Dati est d’une prudence de sioux. Si dans l’interview qu’elle a donnée à la Tribune Dimanche, elle disperse évidemment Anne Hidalgo façon puzzle, évoquant « le chaos généralisé » qu’elle a mis en place. Pour autant, pas question de rendre les voies sur berge aux automobilistes. Le nouveau dada de la ministre de la Culture ? « Les piétons, qui ont été les grands oubliés ».
En finir avec les 50 km/h sur le périph ? Elle élude, et embraye sur la qualité des enrobés qui limiterait le bruit. Même prudence sur la rue de Rivoli piétonnisée par sa rivale. Rachida Dati n’exprime aucun désir d’y voir des voitures, tout au plus, évoque-t-elle un élargissement des trottoirs et un rétrécissement de la piste cyclable. Il n’y a que sur les 30 km/h généralisés dans la capitale pour lesquels elle entrevoit « une possibilité ouverte selon les axes ». On suppose donc que ce soit une possibilité de retour partiel aux 50 km/h. Même prudence chez Pierre-Yves Bournazel, le candidat Horizon soutenu aussi par Renaissance pour qui le piéton est le nouveau roi de Paris.
Mais au fait, pourquoi ce jusqu’au-boutisme anti-voiture à gauche et cette extrême prudence à droite sur cette question ? Tout simplement car d’un bord de l’échiquier politique à l’autre, chacun souhaite être élu. Ce qui est la moindre des choses lorsque l’on est candidat.
Une majorité de Parisiens sans voiture
Or, selon une étude Insee, 34 % seulement des Parisiens sont propriétaires d’une voiture. Et encore, cette enquête remonte à 2019. Il est fort à parier que 6 ans plus tard, étant donné les embûches posées sous les roues de l’automobile dans la capitale, les propriétaires soient moins nombreux encore.
Il est donc logique que les candidats aillent dans le sens de la grande majorité de leurs électeurs, en se proclamant anti-bagnole, ou en éludant au maximum le problème.
Reste que, en venant des banlieues proches ou lointaines, des centaines de milliers de conducteurs doivent chaque jour emprunter le périphérique, traverser ou s’arrêter à Paris. Sauf que, de la petite ceinture aux zones plus éloignées, ils ne choisissent pas celui ou celle qui va décider de l’avenir de l’automobile à Paris et ne font qu’en subir les conséquences.













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