Portrait d’une filière automobile nationale en mode survie
Pour la première fois, l’Insee brosse un portrait chiffré de la filière automobile française. Les conclusions publiées début décembre montrent un secteur, de plus en plus fragilisé, qui pèse de moins en moins sur l’économie nationale.

La filière automobile française serait-elle en sursis ? L’Insee (Institut nationale de la statistique et des études économiques) vient de dévoiler un portrait pessimiste d’un secteur en proie à de forts vents contraires.
Et les perspectives ne sont guère reluisantes. Entre pressions économiques, manque de main-d’œuvre qualifiée et délocalisations, le tissu industriel national se vide peu à peu de sa substance.
Faible poids économique
Les 4 080 entreprises de la filière automobile totalisent 329 000 emplois. Soit à peine 1 % des 30 millions de salariés français. L’ensemble génère 31,2 milliards d’euros de valeur ajoutée, ce qui équivaut à 1,1 % du PIB national. Le faible poids économique du secteur est patent.
Dominée par les multinationales (94 % de l’activité), et concentré autour de la construction automobile qui rassemble à elle seule un quart des effectifs industriels (84 000 salariés) la filière apparaît plus que jamais fragilisée.

Pressions et délocalisations
Le tissu industriel se fissure. Depuis 2020, 40 000 emplois industriels ont disparu, et les prévisions sont pessimistes. Selon l’étude Xerfi pour l’EDEC, 75 000 postes pourraient encore disparaître d’ici 2035, malgré la création attendue de 19 000 emplois dans les filières batteries et hydrogène. Au total, plus de 56 000 emplois pourraient être perdus, touchant constructeurs, équipementiers et fournisseurs.
La filière fait face à des pressions multiples. Les coûts de l’énergie ont bondi de 94 % entre 2019 et 2023, ceux des matières premières de 38 %, tandis que la demande de véhicules neufs recule de 18 %. Recruter reste un défi : près de la moitié des sociétés industrielles et un tiers des services peinent à trouver des talents. Dans ce contexte, la sous-traitance internationale et la délocalisation, se sont accentuées.
« Une société de la filière sur dix déclare être implantée elle-même à l’étranger, que ce soit via une filiale ou un établissement localisé à l’étranger. Ces sociétés emploient 40 % des salariés dédiés à l’automobile de la filière en France », pointe l’Insee. Les raisons principales de l’implantation à l’étranger sont en premier lieu le rapprochement des sites clients (65 %), devant l’implantation sur le marché étranger (40 %) et la réduction du coût de la main-d’œuvre (37 %).

Avenir incertain
Les effets de la transition électrique restent limités sur l’emploi. 40 % des entreprises ont déjà adapté leur production, et 70 % des acteurs traditionnels du thermique participent à ces filières, mais avec quelles perspectives.
« Seules 15 % des sociétés déclarent n’avoir aucune inquiétude concernant l’avenir de leur activité automobile », souligne l’Insee. « Plus de 40 % des sociétés s’inquiètent de l’évolution des coûts de production, de l’incertitude des clients face à la réglementation sur la fin du moteur thermique, de la concurrence étrangère ou de l’évolution de la demande. » Ces préoccupations sont très prégnantes auprès des sociétés des secteurs industriels, avec des soldes d’opinion très négatifs dans la métallurgie (–44 points) et le caoutchouc-plastique (–40 points) en quête de débouchés hors domaine automobile.
Une photographie crue qui met en lumière les défis économiques, technologiques et sociaux auxquels le secteur automobile national est confronté.














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