Nous sommes donc en 1969. C’est au cœur de cette année érotique, un an après le lancement de la 504 berline, que Pininfarina dévoile l’un de ses chef-d’œuvres. Le Coupé 504 n’est ni révolutionnaire, ni excentrique. Non, à l’opposé de la relative lourdeur stylistique de la 504, il respire le classicisme et l’élégance. Par rapport à la berline, l’empattement a été réduit (- 19 cm), les voies élargies (+ 5 cm). Plus court de 13 cm, le coupé n’en est pas moins lourd (+ 40 kg). Sous le capot, un 1,8 litre à injection de 90 ch. Avec ce modeste moteur, foin de sportivité. D’ailleurs, il existe sur le marché des concurrents bien plus affûtés, notamment italiens et anglais. En revanche, le freinage puissant, endurant, et l’exceptionnelle tenue de route, font rapidement l’unanimité chez les amateurs. Mais Peugeot sent que cette relative placidité peut nuire à son coupé. Alors, en 1971, le moteur est réalésé. Avec une cylindrée de 2 litres et une puissance de 104 ch, il permet d’approcher les 180 km/h. En 1974, le consortium Peugeot-Renault-Volvo crée le célèbre V6 PRV. Le Coupé 504 abandonne alors ses 2 litres pour ce V6, ses deux carburateurs et ses 136 ch. Les performances grimpent (185 km/h), la consommation aussi ! Qu’importe, Peugeot tient là un splendide Coupé qui n’a plus rien à envier aux ténors transalpins de la catégorie, comme l’Alfetta GTV. Pour le prouver, Sochaux engage le Coupé 504 dans les rallyes africains. Le pari est réussi, avec l’éclatante victoire de l’équipage Makkinen-Lindon au Bandama 1976.

En 1977, le 2 litres est réintroduit, mais avec une puissance de 106 ch. Le V6 lui aussi gagne quelques chevaux grâce à l’adoption d’une l’injection électronique K-Jetronic (144 au lieu de 136) et, surtout, une souplesse d’utilisation en net progrès. Toujours engagé dans les courses africaines, le Coupé 504 continue de truster les podiums avec, notamment, un copilote dénommé… Jean Todt !

Peugeot remodèle une dernière fois son coupé en septembre 1979. Les pare-chocs, la calandre, mais aussi les intérieurs évoluent légèrement, les 4 cylindres reçoivent enfin une boîte 5 vitesses, et les V6 peuvent être accouplés à une boîte automatique à trois rapports. La dernière modification interviendra en 1981, et concernera l’instrumentation et le design de la planche de bord. Deux ans plus tard, en août 1983, après 24 ans d’une carrière passionnante, c’est le clap de fin.

Depuis, il y a eu bien sûr le sublime Coupé 406, dessiné lui aussi par Pininfarina, et, en 2005, le Coupé 407 assurait à son tour la descendance. Sculptural en diable, avec sa gueule de squale redoutable, il n’a pas été restylé en 7 ans de carrière, un record. Aujourd’hui, alors qu’il touche au crépuscule, on en trouve encore en concessions, seulement sur stock et, au grand dam de certains, uniquement en motorisation diesel.