Chez Volkswagen, ça ressemble à l'épuration. Maintenant que les luttes intestines ont désigné leurs vainqueurs, on découvre quels étaient les axes opposés en listant les départs forcés et les phrases assassines. Après le départ de Wolfgang Bernhard responsable de la marque VW, de Murat Gunäk qui chapeautait le design VW et qui subit aujourd'hui les piques du nouveau patron du style, la mise à l'écart de Bernd Pischetsrieder par un Ferdinand Piëch sur le retour, on peut se lancer dans une analyse en règle de la situation qui n'a rien d'académique et qui verserait même dans un cynisme de premier ordre.

Pischetsrieder est une erreur

VW: Piëch, sauveur ou fossoyeur ?

Ferdinand Piëch, petit fils de Ferry Porsche tout juste nommé pour 5 ans grand superviseur du Bureau Directeur du groupe VW (malgré quelques réticences), vient de s'ouvrir à la presse lors de l'ouverture du salon de Shangaï.

Il y fait un mea-culpa presque attendrissant et admet avoir commis une erreur. Celle d'avoir choisi Bernd Pischetsrieder comme successeur en 2002 plutôt que Martin Winterkorn avec qui il était assez proche.

"A cette époque, pour me remplacer, j'ai hésité à nommer un collaborateur avec lequel j'étais professionnellement et personnellement trop proche. Je me suis aperçu trop tard que j'avais fait le mauvais choix et je me suis efforcer de réparer cette erreur en Novembre dernier (en nommant enfin Martin Winterkorn à la tête du groupe VW)".

Bernd Pischetsrieder qui fait encore partie de la maison appréciera même si on se doute qu'il était au courant de tout le 'bien' que pensait de lui Ferdinand Piëch. Dans le même temps, le 'gourou' encense le nouveau promu en le définissant comme son vrai héritier et est persuadé qu'il va redresser la boutique mal en point depuis son départ.

Mais à qui la faute ?

Les vainqueurs ont toujours raison dit-on. C'est quand même oublier un peu vite que la plus grosse partie des problèmes de Bernd Pischetsrieder provient d'un héritage de la gestion de Ferdinand Piëch lui même !

Dans une marche en avant un peu folle, l'homme avait lancé le groupe dans une stratégie orientée Luxe, dépensant des milliards en rachat de marques prestigieuses et en développement de modèles pas forcément adaptés à l'évolution du marché. Cela se passait dans les années 90.

VW: Piëch, sauveur ou fossoyeur ?

Par la suite, tant Bernd Pischetsrieder que son allié Wolfgang Bernhard se sont escrimés à résorber les déficits et à réduire drastiquement les coûts pour permettre à la firme de poursuivre sans couler.

La suite est paradoxale et assez cynique.

Après avoir fait le sale boulot, c'est à dire réduit de 20% les effectifs en Allemagne, après avoir subi les affres de scandales successifs concernant des pratiques là aussi héritages du passé, les 2 hommes se font successivement débarquer grâce à l'alliance que noua Ferdinand Piëch avec les représentants des puissants syndicats d'employés mécontents des mesures de rigueur imposées par le staff du moment (mesure imposées par la gestion Piëch, je le rappelle !!).

La mémoire est courte dans les alliances de pouvoir...

Préméditation ?

Longtemps nous nous étions posés la question du choix de Bernd Pischetsrieder en 2002, jusque là patron de BMW et farouche concurrent de Ferdinand Piëch (notamment sur le rachat de Rolls Royce et Bentley), pour prendre sa succession. A la lumière de ce qui s'est passé ces dernières années, on se demande maintenant si ce n'était pas pour lui faire payer au centuple toutes les misères qu'il lui avait fait à cette époque en lui collant dans les mains une patate plus que chaude, presque brûlante.

Comme humiliation, on ne fait pas mieux même si il est difficile de croire à la préméditation d'une geste de pareille ampleur et d'une durée aussi longue et en tous les cas difficilement "plannifiable".

Du coup, il convient quand même de relativiser les paroles du grand Patron Ferdinand Piëch lorsqu'il se plait à descendre les dirigeants de ces dernières années. Une évidence, l'homme est très fort.

Nous jugerons du résultats ces prochaines années.

Inspiré par article de Reuters