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L’avenir plus que noir des constructeurs : une vision un peu trop catastrophiste ?

Ils sont alarmistes et, entre la réduction des émissions à marche forcée imposée par l'Europe et la transition vers l'électrique, les constructeurs prévoient 10 années difficiles, voire impossibles pour certains. Leur porte-parole européen, Carlos Tavarès, évoque même une période "darwinienne" ou seuls les plus forts résisteront au cataclysme. Réalisme ou politique de la peur pour obtenir des aides gouvernementales ? Les deux mon général.

 

Philippulus pourrait être leur mentor. C’est que, à l’instar du prophète des albums de Tintin, qui prévoyait la fin des temps dans L'Étoile mystérieuse, les dirigeants européens de l’automobile sont quelque peu catastrophistes en cette rentrée. Parmi eux, Carlos Tavarès, toujours prompt à monter au front, s’est exprimé à Francfort la semaine dernière, non pas en tant que patron de PSA, mais comme président de l’ACEA (European Automobile Manufacturers Association). Et c’est donc au nom des autres qu’il a tenu un discours de fin des temps. Les dix prochaines années ? « Je crois que nous allons entrer dans une période extrêmement agitée, entre maintenant et 2030 » lâchait le boss au micro de BFM. Et d’en rajouter : « Je caractérise cette période comme étant darwinienne ». Rien de moins.

Carlos Tavarès, P.-D.G. de PSA et président de l'ACEA (Association des constructeurs automobiles européens).
Carlos Tavarès, P.-D.G. de PSA et président de l'ACEA (Association des constructeurs automobiles européens).

Dans la décennie à venir, si l’on en croit le redresseur de Peugeot Citroën, seuls les plus habiles et les plus costauds survivront, les autres, tels des dinosaures, disparaîtront à cause de la météorite électrique. Car c’est bien elle la mère de tous les maux : cette maudite voiture à watts qui oblige les constructeurs à la plus grande révolution jamais vécue depuis qu’ils sont nés.

Pour échapper aux contraintes de Bruxelles, et ses 95 g d’émissions en moyenne dès l’année prochaine, ils n’ont pas d’autre choix. En y rajoutant les quotas chinois, encore moins. Car personne ne saurait résister aux 25 % de voitures électriques obligatoires d’ici 2025 sur le plus gros marché mondial.

Entre 15 000 et 25 000 personnes ont manifesté à vélo devant le salon de Francfort.
Entre 15 000 et 25 000 personnes ont manifesté à vélo devant le salon de Francfort.

Mais à cette bascule vers l’électrique en cours, et aux sueurs froides qu’elle donne aux constructeurs, s’ajoute un autre malheur : le marché chinois est en baisse, l’américain n’est pas au mieux et l’Européen bat de l’aile. On est loin de la catastrophe, puisque les ventes mondiales cette année devraient chuter de deux petits pour cent. Mais l’effet d’accumulation de mauvaises nouvelles semble saper le moral des patrons de l’auto.

Et comme les malheurs volent en escadrilles, voilà que leur image, qui n’était déjà pas au mieux de sa forme, en prend un nouveau coup dans les jantes ces temps-ci. Les cyclistes ont manifesté contre l’automobile devant le salon de Francfort ce week-end et Greenpeace a tenu à exprimer son courroux pendant cette même fête de l’auto allemande. Coup de grâce pour une industrie déjà bien abîmée : des voix s’élèvent pour interdire les SUV, ces grosses autos, même pas toujours 4x4, plus lourdes et plus gloutonnes que les autres. Sauf qu’elles offrent de confortables marges aux marques qui, selon ces dernières, permettent de financer la bascule vers l’électrique, tout de même évaluée à 145 milliards d’euros selon l’ONG Transports & Environnement.

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La faute à l’Europe

Cette accumulation de gros nuages a donc tendance à pousser les constructeurs vers la collapsologie, cette tendance à voir dans le dérèglement climatique la fin de l'humanité. Et lorsque le malheur ultime survient, il faut trouver un coupable. C’est un réflexe humain et pour Carlos Tavarès, il est tout désigné : c’est l’Europe. Au printemps, il traitait la politique de l’UE d’« amateuriste » et à Francfort, il en appelle carrément à la révolte des citoyens européens : « jusqu’à quand se laisseront-ils dicter par la pensée unique ce qui est bien ou mal ? ».

Pour autant, Che Tavarès n’est pas contre des aides gouvernementales éventuelles qui pourraient accélérer la mise en place des infrastructures de recharges. Il ne saurait pas plus refuser des incitations financières publiques à l’achat. Sinon ? Sinon des usines risquent de fermer. Luc Chatel, président de la plateforme automobile, l’organisme qui fédère l’ensemble des professionnels français du secteur, l’affirmait dès l’an passé : « des millions d’emplois sont menacés ».

Tant que ça ? Pas forcément, si l’on en croit d’autres chiffres, avancés par d’autres organismes. Ainsi l’AIEA (European Association of Electrical Contractors) n’évoque « que » 86 000 pertes d’emplois. Et encore, ils seraient largement compensés par la création de quelques 200 000 jobs à travers le continent. Des jobs liés non seulement à la conception et à la fabrication de ces nouvelles autos, mais aussi à la mise en place des infrastructures de recharge.

Une station-service américaine dans les années vingt, construite sans la moindre aide gouvernementale.
Une station-service américaine dans les années vingt, construite sans la moindre aide gouvernementale.

Alors qui croire entre les pro-électriques qui proclament que la bascule va créer des emplois et les antis qui promettent l’apocalypse ? La sagesse exigerait un coupage en règle de la poire en deux, façon comptage divergent de manifestation entre syndicats et policiers. Elle pourrait également se pencher sur le passé et l’avènement de l’automobile thermique. Lorsque les premières grandes marques automobiles sont nées, nul ne sait si Louis Renault, Henry Ford ou leurs confrères sont allés demander l’aide de l’État pour la mise en place des stations-service. Ils n’ont, dans tous les cas, pas été entendus. Ce qui ne les a pas empêchés d’avoir les succès que l’on sait.

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