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Les tourelles / urbains sont-ils réellement des radars multi-infractions ?

Dans Pratique / Radars

Stéphanie Fontaine , mis à jour

Depuis le début de l'année, on sait que les nouveaux Mesta d'Idemia ne sont pas vraiment des radars « multifonctions » tels qu'on nous les avait vendus… Officiellement (et ils sont d'ailleurs bien homologués pour cela), ils restent tout de même capables de flasher aussi bien les excès de vitesse que les feux rouges. Et, en vrai ?

Les tourelles / urbains sont-ils réellement des radars multi-infractions ?

En 2015, le grand plan annoncé par le Premier ministre de l'époque, Manuel Valls, lors d'un Comité interministériel de la sécurité routière (CISR), était relativement clair : les contrôles allaient se multiplier !

Pour ce faire, le nombre de radars déployés allait augmenter, en passant de 4 200 à 4 700 unités en trois ans, soit d'ici 2018, puis - et ça, c’était vraiment nouveau - des « radars multifonctions (feux rouges, vitesse, discriminants par type de véhicule, respect des distances de sécurité, détection des dépassements dangereux, franchissement de ligne continue, etc.) » allaient être développés, et surtout répartis dans des cabines dites « leurres ».

Le concept de ces cabines leurres, c’est qu'elles sont soit vraiment équipées de ces engins « multifonctions », soit elles sont vides, et ce ne sont pas toujours les mêmes qui le sont : en clair, les radars à l’intérieur sont déplacés des unes aux autres. Les conducteurs sont ainsi dans l’incapacité de repérer celles qui fonctionnent vraiment, le doute est semé, et l’objectif c’est ainsi de les contraindre à lever le pied continuellement. Six ans plus tard, où en est-on ?

Un parc de radars toujours inférieur aux 4 700 souhaités en 2018

Le parc d’automates a bien continué à progresser jusqu’en 2017, mais même sans prendre en compte la vague de vandalisme de 2018 avec l’émergence du mouvement des Gilets Jaunes, on était toujours loin du compte de cet objectif de 4 700 radars déployés cette année-là.

Et, en l’occurrence, c’est vrai que les destructions, ou tout du moins les détériorations, en 2018 puis 2019, n’ont rien arrangé. De fait, le nombre de radars activés sur le territoire a surtout baissé durant cette période. Il est en train de remonter depuis l’an dernier, sans qu’on ne sache très bien où l’on est aujourd’hui. Officiellement, début 2021, on en était autour de 4 200, ce qui nous paraît cependant un brin optimiste, compte tenu des informations confidentielles obtenues il y a quelques mois par Caradisiac.

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Le grand flou des chiffres relatifs aussi aux cabines leurres

En 2016, on nous annonçait « 10 000 emplacements de contrôles » pour 2019, entendez 10 000 cabines leurres, sans précision sur le nombre réel de radars (« multifonctions ») déplaçables à l’intérieur. En 2017, on ne nous parlait déjà plus que de « 6 000 cabines leurres (…) à l’horizon 2020, dans lesquelles 1 200 radars seront régulièrement disposés. »

Et aujourd’hui ? Bien malin, celui qui saurait le dire ! On a quand même - comme toujours ! - un objectif annoncé : au 31 décembre 2022, on nous dit qu’il devrait y avoir « 800 cabines leurres », contre « 6 000 » en 2020, pour rappel.

Et pour ces 800 cabines leurres, on nous précise aussi qu'il s'agit de :

- 1 000 radars tourelles actifs dans 1 400 cabines – comprenez qu’on nous décompte 400 cabines leurres, soit 400 cabines vides à un instant donné qui servent de leurre, mais qui à d’autres moments peuvent recevoir un équipement actif, et

- 100 radars urbains actifs dans 500 cabines – comprenez qu’on a en permanence 400 cabines leurres.

Ce qui nous donne un total - quand on sait compter en effet - de 800 « cabines leurres ». 

Les tourelles et les urbains = les fameux radars multifonctions

Ce que l’on peut en tout cas déduire des communications officielles, c’est que ce sont les radars tourelles et les urbains qui constituent ces radars multifonctions annoncés en grande pompe en 2015.

Dans les deux cas, le système, développé par la société Idemia (avant elle, c'était l’ex-Sagem, filiale de Safran) est assez similaire dans ces caractéristiques techniques. Derrière le tourelle, c’est un Mesta Fusion, derrière l’urbain, un Mesta compact, et c’est bien ça la grande différence entre les deux, c’est que le second est plus petit que le premier.

« Il a pour vocation d’être utilisé sur du mobilier urbain (candélabres,…) et plus généralement sur tout type de mât », peut-on lire dans le certificat d’homologation du Mesta compact, qui est donc destiné à être installé en ville.

Et, dans les deux cas, la grande question, c'est de savoir ce qu'ils sont capables de contrôler exactement.

Des radars multifonctions qui de fait n’existent toujours pas !

Sur le versant « multifonctions », c’est comme pour tout le reste, les ambitions ont été revues largement à la baisse au fil du temps, et comme d’habitude, les usagers ont surtout été mis devant le fait accompli.

L'information a ainsi fuité sur le tard, presque par accident… Sans que le ministère de l’Intérieur n’en fasse grand cas. Sur le sujet, on peut le répéter : c’est le règne de la grande opacité !

C’est ainsi en janvier dernier seulement, que nous avons appris que ces radars n’étaient pas vraiment multifonctions ou même ainsi multi-infractions, au détour d’une réponse enfin donnée par le ministre de l’Intérieur à une question posée par le député (UDI) Pierre Morel-À-L'Huissier, qui remontait à… 2019 !

Et que nous dit Gérald Darmanin exactement ? Il précise que ces radars ont été homologués « pour les seuls contrôles de vitesse et de franchissement », que le développement d'un module permettant « éventuellement à terme » la verbalisation d'infractions telles les « non-port de la ceinture de sécurité, téléphone au volant, défaut d'assurance du véhicule et validité du contrôle technique (...) n'a pas été à ce jour ni commandé par l'État, ni développé par la société Idemia. »

Entre 2015 et 2021, on ne manquera pas de noter également l'évolution des infractions potentiellement visées. Il y a six ans, dans le programme de Manuel Valls, il était ainsi surtout question, en plus des feux rouges et vitesse, de « respect des distances de sécurité, détection des dépassements dangereux, franchissement de ligne continue »…

Les tourelles et les urbains flashent-ils tout de même vitesse ET feux rouges ?

Que nenni, ce ne serait pas le cas non plus ! « C’est soit l’un soit l’autre, mais pas les deux en même temps ! », susurre à Caradisiac une source à Beauvau. Mais attention, ça, ce n’est normalement qu’une question de temps avant que cela ne devienne réalité. Et ce sera pour quand exactement ? Mystère. On le saura sans doute une fois que ce sera déjà fait.

C’est bien simple : comme tout est automatisé - ou presque – au Centre national de traitement (CNT) de Rennes, c’est juste une question de développement informatique afin que le système d’information puisse le cas échéant traiter en même temps ces deux informations : le véhicule flashé est en excès de vitesse, alors qu'il devait être à l'arrêt à un feu rouge.

Les derniers contrats signés par l’Agence nationale de traitement automatisé des infractions (ANTAI) prévoient bien cette prestation. « L’enrichissement de l’offre de services afin d’améliorer les fonctionnalités existantes » est en cours, peut-on comprendre des informations publiées dans les derniers documents budgétaires sur le sujet. Cela couvre notamment « l’intégration dans la chaîne de nouveaux délits et contraventions (…) et les traitements multi-infractions ».

Sauf que le traitement « multi-infractions », de manière automatisée, se limitera, au moins encore pour un bon moment, aux excès de vitesse et aux non-respects des feux de signalisation. Mais chut, surtout ne l'ébruitons pas !

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