Pendant que l’Europe automobile toussote, l’Allemagne attrape la grippe
L’INFO DU JOUR - À Bruxelles, le chancelier allemand tente d’arracher la suppression de l’échéance de 2035. Mais pourquoi Friederich Merz prend-il fait et cause pour le thermique contre l’électrique ? Explications.

Il est venu à Bruxelles pour plaider sa cause. Lors du sommet européen, ce jeudi 23 octobre le chancelier allemand a dit et répété, ce qu’il a déjà proclamé : qu’« il ne doit pas y avoir de coupure brutale en 2035 ». Ce qui signifie que Frederich Merz ne veut plus de la date butoir sonnant le glas du thermique.
Évidemment, le chancelier est tiraillé entre le SPD, l’aile gauche de sa coalition, qui soutient le maintien de l’échéance, et les industriels allemands qui, au contraire, supplient le gouvernement de pousser Bruxelles au rétropédalage. Et ces patrons ont quelques arguments dans leur besace qui ont visiblement fait mouche auprès de Merz.
La longue litanie des pertes d’emploi
Ces arguments sont avant tout, comme c’est souvent le cas, d’ordre social. Pour amener de l’eau à leur moulin du refus de l’échéance, la filière a mis en avant un rapport signé Ernst & Young. Il fait état de 50 000 emplois perdus l’an passé, et d’une année 2025 qui pourrait être pire encore.
Simple opération de chantage à l’emploi pour permettre aux industriels du secteur de surfer sur leurs bons vieux moteurs thermiques archi-amortis ? S’il y a bien une volonté dans ce sens, il y a, en parallèle, des chiffres incontestables.
La liste est plutôt longue et la litanie des suppressions d’emploi semble sans fin. Au 35 000 annoncés par Volkswagen, s’ajoutent les 10 000 postes d’intérimaires supprimés chez BMW et l’ouverture d’un guichet de départs chez Mercedes. Comme si cette débâcle ne suffisait pas, les équipementiers sont entrés eux aussi dans la danse des charrettes.
Bosch annonce la couleur avec 13 000 postes en moins, ZF en supprime 7 800. Continental, entre 2024 et 2025 va réduire sa masse salariale de plus de 10 000 personnes et pourrait fermer six usines en Allemagne.
La filière tout entière tremble, et avec elle, la chancellerie qui voit, au travers des 800 000 emplois de l’automobile outre-Rhin, le premier employeur privé du pays vaciller.

L’on comprend mieux pourquoi Frederich Merz a filé à Bruxelles pour plaider la cause de l’auto, et la fin de l’échéance 2025. Mais on comprend également la position française beaucoup plus nuancée sur la bascule totale vers l’électrique. Car les constructeurs hexagonaux sont beaucoup plus délocalisateurs que leurs confrères allemands. La France emploie donc, fort logiquement, deux fois moins de salariés de l’automobile que l’Allemagne.
Mais pourquoi les marques germaniques sont telles tellement menacées ces temps-ci ? Évidemment, les taxes douanières américaines les pénalisent, elles qui exportent chaque année près de 600 000 autos, principalement premium, aux US. Les taxes Trump coûtent cher, car soit les marques les répercutent et elles vendent moins d’autos, soit elles les absorbent pour vendre autant qu’avant. Mais dans les deux cas, l’addition dépasse le milliard.
Et puis il y a l’autre ennemi, de l’autre côté de la planète. Les problèmes que posent les constructeurs chinois aux Allemands sont de deux ordres. Non seulement ils sont attaqués sur leur propre sol germanique, mais ils le sont également en Chine. Une double peine liée à une illusion, et à un très mauvais calcul.
À Wolfsburg, à Stuttgart et à Munich, on s’est dit très longtemps que ces marques venues d’Extrême-Orient ne leur feraient aucun mal. Pensez donc, c’est du bas de gamme, au mieux du généraliste. Ils vont faire souffrir Renault, Fiat and co, mais certainement pas Audi, BMW et Mercedes.
la Chine défie l’Allemagne sur son propre sol, comme sur les terres chinoises
Tout faux. En fait les marques chinoises produisent du (très) généraliste comme MG, de l’access premium comme Byd et du carrément premium comme Xpeng. Et c’est sur le propre sol chinois que la déculottée est la plus sévère. Les acheteurs locaux plébiscitent leurs marques nationales en matière d’électriques, en pleine expansion, et ne laissent plus aux premium occidentaux que les miettes du thermique, une technologie appréciée par quelques seniors argentés et réputés plutôt ringards.
En baisse en Europe, à cause de la crise qui sévit, les ventes des autos allemandes le sont donc partout sur la planète. De quoi verser de l’eau au moulin de Friederich Merz qui va tenter d’arracher la suppression de 2035 auprès des instances de Bruxelles, histoire de sauver le soldat BAM, et la filière allemande tout entière.
















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