L'annonce du report a été faite lors du Comité d'Entreprise du 25 mai dernier sans que l'existence du projet ne soit remise en cause. Renault prévoit toujours de construire à Flins une usine de production de batteries pour alimenter son important programme de voitures électriques et d'embaucher 500 personnes pour faire tourner ce site qui doit également garantir le maintien d'une production industrielle en France à une époque où les constructeurs cherchent à faire construire leurs autos dans des pays à bas coût salarial. Ce report de 2 à 3 ans pose tout de même question.


Les rapides progrès enregistrés dans le domaine des modules de batteries risque fort de rendre obsolète le système actuel avant même le début de sa production à Flins

Renault assure que le planning de mise en production à Flins du véhicule électrique Zoé n'est pas modifié (2011/2012), seule la production des batteries serait touchée. Ce report est officiellement expliqué par « la complexité un peu plus grande que prévue posée par la construction de l'usine » et la première pierre ne devrait être posée qu'au deuxième trimestre 2012, date à laquelle on attendait son ouverture (et accessoirement la production de 100,000 batteries) ! L'investissement estimé à 600 millions d'euros était dans un premier temps supporté conjointement à hauteur de 250 millions d'euros par Renault et le Fonds stratégique d'Investissement, le CEA rajoutant 5 millions dans l'affaire. À plein régime en 2015, l'usine de Flins devrait produire 250,000 batteries mais en attendant sa construction, les modules proviendront du Japon et de Corée. D'autres usines au Brésil, au Portugal, en Angleterre et aux USA fabriqueront également des batteries mais Flins reste la plus imposante de toutes..


Selon la CGT qui craint que Renault n'en vienne à ne plus vouloir construire de batteries en France, ce report s'explique surtout par un constat : les rapides progrès enregistrés dans le domaine des modules de batteries risque fort de rendre obsolète le système actuel dont la production est prévu à Flins. Plutôt que de risquer d'investir sur un produit obsolète dès ses débuts, la direction de Renault préfèrerait attendre 2 ou 3 ans pour s'assurer de la pérennité des systèmes choisis. Si cette décision est plutôt sage et rassurante pour l'avenir du site, elle démontre toutefois la fragilité des choix de Renault en la matière. Le constructeur aura-t-il les épaules assez larges (et les moyens assez importants) pour supporter l'inévitable et rapide mise à jour technique qui va caractériser le secteur de la voiture électrique dans les années à venir ? Il faut juste espérer que pour le simple orgueil de s'afficher comme les premiers, Renault n'a pas sous-estimé cette montée en puissance technologique qui va agiter le secteur sur les décennies à venir. Avoir les moyens de se mettre rapidement à jour sera prépondérant, se tromper dans ses choix pourra être dramatique.